ramper les Limnées, les Ancyles qui broutent les Algues ; sur les rameaux
des Algues on voit les Sigaras et les Gammarus se reposer de
leurs courtes excursions de natation libre dans l’eau.
I
I
1 1 »
4° Les lagunes. En quelques points, le rivage du Léman présente de
véritables lagunes, étangs littoraux analogues aux lagunes des rives
maritimes ; j’en signalerai entre autres aux Pierrettes de Vidy, aux
Grangettes de Villeneuve, entre Anthy et Coudrée, au- fond de la
grande Conche. Une barre littorale de sable,' qu’on pourrait appeler un
lido, sépare du lac un étang assez profond pour garder de l’eau,
même à l’étiage d’hiver; la barre est surmontée par les hautes eaux
d’été, et la lagune appartient alors au domaine du lac. Ces lagunes
sont peuplées par des sociétés animales et végétales du type des marais;
on y voit cependant, emprisonnés par la barre, les animaux
lacustres qui se sont laissé surprendre par la décrue des eaux.
Il me paraît que' l’on peut rapprocher des lagunes les champs de
Roseaux, Phragmites et Scirpus, qui Se rencontrent au fond des golfes
de Morges, de Rolle, du Bouveret, etc. Au point de vue géographique il
leur manque pour être des lagunes la barre littorale; mais au point
de vue biologique ils leur ressemblent beaucoup.
Ue champ de Roseaux, que Schrôter a désigné sous l’appellation de
phragmitaie,prend un développement superbe dans le littoral lacustre,
les lagunes et les estuaires. Tandis que sur la grève exondée les
plantes sont maigres, courtes, sèches et coriaces, dans l ’eau du
littoral des tiges de 3 à 4m de longueur, de 1 â 1 Va0“ 1 de diamètre,
forment des touffes serrées, solidement attachées au sol par
un réseau de rhizomes et de racines traçantes. Ces parties souterraines
constituent un feutrage de plusieurs décimètres d’épaisseur, t e ||
lement serré que le sol sableux de la beine en est complètement masqué.
Les milliers de tiges qui coupent le mouvement des vagues
donnent à l’eau, dans les champs de Roseaux, un calme relatif qui
n’est troublé que par les flots des grandes tempêtes. Les Roseaux sont
des plantes vivaces qui poussent au printemps des tiges nouvelles,
fleurissent au mois d’août et se dessèchent en automne pour être brisées
par les grandes vagues de l’hiver.
Dans le champ de Roseaux de Morges, pendant les années 1867 à
1869, j’ai cueilli en grand nombre, peut-être une centaine d’exemplaires,
une curieuse anomalie des tiges du Phragmites communis. Ces
tiges se courbaient en zig-zag sur une partie de leur longueur;
de 3 à 10 entrenoeuds s’inclinaient alternativement
en présentant des courbures d’abord croissantes puis décroissantes
(voir fig. 195). Depuis cette époque, malgré
des recherches attentives, je n’ai plus retrouvé trace de
cette maladie dont je n’ai pas su reconnaître la cause.
Sur les tiges des Roseaux et Scirpes végètent à l’envi
toutes sortes d’algues palustres. J’emprunterai à Chodat
la liste de celles qu’il a recueillies sur-un seul morceau
de Scirpus, près d e Genève (*).
C o n fe rv a c é e s : Stigeoclonium tenue, Chaetophorapisi-
formis, Ch. elegans, Bulbochaetenana, Oedogonium... Chae-
topeltisminor, Endocloniumpolymorphum, Chanlransia...,
■Coleochaete scutata, C. soluta, Microthamiium confervicô-
■lum', P a lm e lla c é e s : Pediastrum Boryanum, Scenedesmus
acutus, Sc. quadricauda, Sc. denticulatus, Raphidium con-
•volutum, Dicranochaete reniformis.
Ces algues et bien d’autres encore forment un enduit
mucilagineux, glaireux, d’un toucher visqueux, plutôt désagréable,
qui recouvre tous les corps solides de la région
littorale, les tiges et feuilles des Phanérogames aquatiques,
les pilotis, les murs, les blocs submergés de la beine. Cet
-enduit glaireux passe par transitions insensibles, là où les
algues filamenteuses prédominent, aux velours soyeux des
Ulothrix, des Spirogyres ou des Cladophores; là où les
algues calcaires l’emportent, aux incrustations calcaires,
au tuf lacustre dont nous parlerons plus loin. Voici les algues
que Chodat cite dans l’enduit glaireux des corps solides
sur le littoral du Léman :
Diatomées. Meridion circulare, Gomphonema oliva-
■eeum.
Phycochromacées. Topylolhrix penicillata, T. lanata,
alothrix cæspitosa, Rivularia hæmatites.
(Fig. 195.)
Déformation
pathologique
de la tige des
Roseaux à
Morges.
Conjuguées. Spirogyra.
Confervacées. Cladophora, Ulothrix, Stygeoclonium,Draparnaldia.
w h o n é e s . Vaucheria.
<‘) Loc. cit. [p. 139. | 467.