-de la terrasse moyenne du Boiron daterait du- premier âge du fer,
pour quelques pièces môme de l’époque helvéto-burgondé. Ces faits
sont tellement en contradiction avec ceux de la trouvaille de 1823, et
-aussi avec quelques pièces conservées atÿ'collège de Morges,' que je
renonce complètement, à mon grand regret, à les interpréter et à utiliser
ce cimetière de Boiron pour des déductions archéologiques.
Quant aux tombes de Montreux, avec quelques1 dalles de pierres
autour du squelette et sur lui,décrites par le professeur R o d e comme
appartenant aux Palafltteurs (‘), je vois Bien d’après le mobilier funèbre
•qu’elles étaient de l’âge du bronze. Mais l’absence totale de palafitte
connu dans cette région m’empêché d’admettre la conclusion de
M.Rodè. Jusqu’à nouvelle trouvaille qui préciserait leurs rapports avec
les peuplades des stations lacustres, je les rapporterais plutôt à une
“des tribus terriennes contemporaines des Palafltteurs.
Ces quelques.faits que l’on doit peut-être attribuer à nos Palafltteurs,
ceux qui leur sont plus étrangers que je trouve résumés dans le
livre d’H e ie r li, ne se répètent pas avec assez de constance ou de
¡fréquence, ils sont trop individuels et trop isolés pour que je me sente,
libre d’en tirer des conclusions certaines ou seulement probables sur
les usages funéraires des peuplades lacustres de la Suisse préhistorique.
Un peuple aussi bien caractérisé que nos anciens Palafltteurs, à
coutumes architecturales et industrielles aussi uniformes, aussi fidèlement
continuées et développées pendant tant de périodes archéologiques,
devait avoir des moeurs funéraires spéciales ou tout au moins
-constantes.
Quelles étaient ces moeurs funéraires? Après cinquante ans d’études
•sur ces époques antéhistoriques, je dois déclarer que je les ignore. Ce
résultat négatif m’amène même à une hypothèse. En l’absence presque
absolue de cimetières d’ensevelissement ou d’incinération que nous
puissions attribuer avec certitude aux Palafltteurs, je me suis parfois,
demandé s’il n’auraient pas pratiqué la submersion des cadavres;
n ’auraient-ils pas noyé leurs morts en les emmenant en plein lac après
les avoir, chargés de pierres pour les faire couler dans les grands fonds?
Celte hypothèse ne s’appuie du reste sur aucun fait positif, et je ne
l’énonce que pour montrer le désarroi lamentable qui règne dans ce
•chapitre de notre histoire antéhistorique.
A) Relier’s Bericlite, VIII, p. 40. Zurich 1879.
6. Anthropologie anatomique des Palafltteurs.
Si nous ne savons pas trouver en nombre suffisant des sépultures
déterminées avec certitude, et par conséquent des restés anatomiques
authentiques des Palafltteurs, que pourrons-nous tirer des squelettes
rencontrés au milieu des ruines de leurs villages?
Les ossements humains trouvés dans les palaflttes sont assez nombreux
; si l’on tient compte des débris de crânes, et des os isolés du
squelette conservés dans nos diverses collections suisses, on arriverait
peut-être à une centaine de pièces osseuses. Dans leur grande description
des crâneç des PaJafitteurs.Q), S tu d e r et B a n n w a r th énumèrent
56 crânes assez complets pour que l’indice ait pu en être mesuré,
e t ils figurent une douzaine d’os des membres.
Deux faits généraux caractérisent cet ensemble de restes humains
venant des.palaflttes de la Suisse.
а) Prédominance énorme du nombre des crânes sur célui des
autres os du squelette. Je sais bien que l’intérêt anatomique et anthropologique.
de la partie osseuse de la tête est plus grand que celui des
membres ou du tronc; il fait rechercher avec plus d’attention et conserver
plus précieusement les crânes que les autres os du corps, lors de.
fouilles insuffisamment surveillées ; mais cela n’explique pas entièrement
l’abondance relative des crânes et l’absence presque totale, en
particulier, des os longs des membres qui sont de conservation très
facile.
б) Prédominance très marquée des crânes de femme sur les crânes
■d’homme (s) ; très grand nombre de têtes d’enfants de 6 à 8 ans. Les
six crânes du palafitte d-’Auvernier sont des femmes ou des enfants;
■des six de Môrigen, quatre sont des enfants, un Cinquième une femme
adulte. Ailleurs au contraire, à Sutz, à Fénil, les hommes sont les plus
nombreux.
La plus grande abondance des os de la tête sur les autres parties
du squelette, et le fait que quelques-uns de ces crânes sont travaillés
(Auvernier, Sutz) ou même percés d’un trou de suspension, permettent
d’admettre que bon nombre de ces débris humains étaient des
(1) Studer et Bannwarth. Craniâ helvética antiqua. Leipzig 1894.
(2) Cependant si je compte dans l’atlas de Studer et Ba n nwa r t h le nombre
total des crânes dont le sexe a pu être déterminé, j’en trouve 17 masculins et 13
féminins ; donc une prédominance des hommes sur les femmes,