régime limnimétrique de l’avenir' il n’en sera plus de môme. D'après
l’expérience des premières années de ce nouveau régime il n’y a plus
aucune régularité dans l’époque des hautes eaux; elles ont lieu.tantôt
au printemps, tantôt en automne, suivant le hasard des pluies d’orage,
-ou suivant les caprices ou les intérêts des machines hydrauliques de
Genève. 11 est fort probable que des organismes végétaux qui avaient
résisté à des inondations plus ou moins régulières, ne sauront pas se
prêter à de telles irrégularités, et que nous verrons disparaître quelques
-espèces de la flore des rivages du lac Léman; il serait possible en revanche
que d’autres espèces plus souples se trouvassent mieux de ce
régime fantaisiste, et vinssent s’établir à leur place daiis la zone inon-
■dable de la grève. C’est ce que l’avenir nous apprendra. -
C’est avec tristesse que nous parlerons ici de la destruction d’espèces _
végétales par l’envahissement des habitations des hommes. 11 y avait '
autrefois sur la grève inondable de Yersoix quelques mares célèbres
par les plantes rares ou très rares que l’on y connaissait : Elatine
hexandra, Zanichellia tennis, Dvriaea Reuteri, pour cette dernière
plante c’était la seule station connue. Sur ces grèves, l’on a construit
un château dont les quais ont écrasé nos pauvres plantes. La splendide
villa Bartholony a été bâtie sur un « cimetière » d’espèces végétales, et
W. B a rb e y a bien fait d’élever à leur souvenir le monument funéraire .
qu’il leur a consacré sous le titre dé «la Grève de Versoix près
"Genève » ( ’).
lies Sociétés de la régiou littorale ou du littoral.
Nous entrons ici dans le domaine du lac proprement dit.
La région littorale est'cette bande du iac qui s’étend le long du rivage,-
tout autour du lac, depuis le rivage lui-même jusqu’à la profondeur de
20-25m. D’après ce que nous avons décrit, elle comprend la grève
inondée, la beine et le mont.
Cette région n’est nulle part bien étendue sur notre lac; sa plus grande
largeur peut s’évaluer à quelque 500m sur les rives latérales du Léman;
•elle s’élargit àplus d’un kilomètre devant la plaine du Rhône, à 2km dans
Ja rade de Genève.
Les conditions de milieu qui peuvent avoir de l’influence sup les
organismes habitant la région doivent se résümër comme suit :
1° La pression est faible, atteignant à peine une ou deux atmosphères -
aux limites inférieures de la région.
2° La nature du sol est très différente suivant les localités, et présente
divers types principaux :
La g rè v e in o n d é e est formée de cailloux, de sables ou de rochers.
La b e in e présente; suivant les localités, des roches dures comme-
dans certains points d e 'L a Vaux, à Rivaz par exemple, à.Cbillon, à
Meillerie, etc. — des mollasses comme à Pully, à la pointe de la Venoge,i
sous Préverenges, devant Fraidaigues, etc. — des moraines de blocs
erratiques de taille diverse, côte de Préverenges, cap d’Yvoire, — les
pavés des ténevières naturelles, anciennes grèves (Golfe du Parc, Mor-
ges) — lès pavés des ténevières artificielles des antiques cités lacustres-
avec leurs pilotis et leurs bois, gisant sur le sol. (Stations lacustres de
Morges, Rolle, Nyon, etc.) —des sables ou graviers, — de la vase dans-
les ports et autres lieux abrités — de l’argile lacustre (’), etc., etc. -
Le m o n t, enfin, est partout formé de sable fin, de vase et de limon.
3° Le mouvement de l’eau est plus ou moins, actif selon l’état du lacet
la profondeur du lieu considéré. A la surface et près de la rivé les -
vagues peuvent être terribles; jusqu’au bord du mont les courants peuvent
avoir toute l’intensité dont ils sont capables sur le lac; il y a sous - -
ces rapports de grandes différences suivant la forme et l’exposition delà
côte, et suivant la direction du vent.
4° La température est fort variable d’une saison à l’autre; en été la
chaleur peut s’élever jusqu’à 25°; en hiver elle peut descendre jusqu’à
près de zéro.
5° La lumière pénètre largement dans ces eaux qui sont brillamment
éclairées par le soleil et par la lune.
C) L’argile lacustre de la beine est une formation d’explication difficile. En.
mainte localité — je citerai le banc du Travers à Genève,- la beine devant la ville--
e Morges,. la beine devant le Denantou d’Ouchy, etc. — je connais au milieu d e s ,
sables de la beine des couches peu épaisses, quelques centimètres, un ou deux dé- -
ci,métrés, ^ une ai'gile très fine, gris-bleuâtre, plastique, qui apparait aux points,
ou 6 saWe a été enlevé, par le s courants.. Je présume que cette argile est formée
liai une couche de vase qui a été débarrassée par la fermentation putride de tous.,
es ements organiques, et qui n’a conservé que ses éléments minéraux.. C’est la
couche que, si je ne me trompe, nous.avons retrouvée dans le sous-sol de la
j e de Morges, dans celui de Genève (rue du Rhône, fouilles de-l’ancienne ma—
emne hydraulique), etc.