On remarquera dans ces chiffres combien la barque s’est élargie
'•dans le cours du dernier siècle. La barque type de Cuénod de Marti-
gnier en 1785 est 4.9 fois plus longue que large, celle de P. Borcard en
1896 ne l’est plus que 3.8. Ce bateau tend de plus en plus à se transhumer
de bateau long en bateau rond. Sa capacité et son tonnage en
sont d’autant augmentés.
Quelques données sur le tonnage des barques du lac, sur leur charge
soit en marchandises, soit en hommes, sont ici en place. Pour les époq
u e s anciennes, je ne puis toujours décider s’il s’agit de nau'es oti de
Barques du Léman du type moderne; jusqu’au commencement :du
XMI1 siècle ce sont plus probablement des nau'es, ou des barques
mixtes, utilisables en temps de guerre,- ou des galères plus ou moins
transformées. .'
En février 1666, le major de Crousaz fait rapport sur les barques
d ’Ouchy; il y en a deux qui peuvent porter mille quintaux chaque; soit
50 tonnes de mille kilogrammes (*).
1691. La barque à Panchaud, de Morges, pouvait porter jusqu’à
. 400 hommes(2).
1697. La Grangère, de Vevey, peut porter 100 chars de vin; à 668
litres le char de Berne, cela .représente 67 tonnes; on estime qu’on
y peut loger 10 0 hommes armés sous le pont et 100 hommes sur le
LillaC. La barque avait 18 paires de r^mes, à 2 hommes par rame.
Une autre barque.de 16 paires dé rames,-est capable de porter 80
chars de vin (54. tonnes) ou 160 hommes armés.
Une galiotte portant 30 chars (soit 20 tonnes) pourrait transporter
60 hommes armés;, il lui faudrait 32 rameurs.
En tout, lés barques et bateaux de Vevey qu on pourrait réquisitionn
e r en cas de guerre, au nombre de quinze, demanderaient 206 rameurs
et porteraient 786 hommes armés (3). -
En 1702, « A St-Gingo (St-Gingolph), outre plusieurs corsières et petits
bateaux, il y a 5 barques qui peuvent porter chacune 80 chars de
vin »... ce qui représente 53'tonneaux ou tonnes de 1000 kg. pour le
p o rt de ces barques (4).
.(*) Archives de Làusanne.
(?) Kriegsrathes Manuale, XXII, 112. Arch. de Berné;
Ia) Schifffahrt im Lande. Arch. de Berne.
<4) Rapport De Martines et Panchaud. Schifïfahrt im Lande. II. Arch. de Berne.
En 1720, les bateaux (barques) de Vevey portaient de 1800 à 900
quintaux, soit de 90 à 45 tonnes, lescoursières (cochères) de 675 à 270
quintaux, soit 34 à 13 tonnes (*).
En 1778, le major J.-F. Cu é n o d de Ma r t i g n i e r ( 2) évaluait le tonnage
des barques du Léman à 1900 et 2000 quintaux poids de marc
(93 à 98 tonnes), pouvant aller en charge complète à 2400 et 2500
quintaux (117 à 122 tonnes). Les barquettes (les cochères) portaient
60 quintaux (30 tonnes).
Vers 1790 le major de Cr o u s a z évaluait le tonnage des barques
à 1300 quintaux, soit à 64 tonnes; le brigantin était de moitié moins
capable (3).
Nous avons la charge des barques qui en 1791 ont charrié lés pierres
des enrochements pour la construction de la jetée du port d’Ouchy (*)•
Elle nous est donnée en toises de 8 pieds de roi ; je la traduis en tonnes
en admettant 1600 ke pour un mètre cube.
Barques de 84 à 141 tonnes de mille kilogrammes.
Brigantins de 29 à 59 » » »
Le tonnage de nos grandes barques s’est accru progressivement
dans le XIXe siècle. Il s’évalue en mètres cubes de pierres; le mètre
est censé peser 1600k£.
En 1902 les plus grandes barques sont jaugées en charge entière :
La Champagne 120m3 de pierres.
La Gaillarde, la Savoie 110
La Genevoise 105
La Vaudaire 100 etc.
Ce qui représente un port en pleine charge d e l9 0 à l6 0 tonnes pour
ces barques.
Pour en rendre la lecture plus facile, nous traduisons en tableau ces
chiffres, auxquels nous adjoignons quelques autres. (Voir page suivante).
(*) Archives de Lausanne.
(s) MS. Cuénod, p. 22.-
(8) . Marine. Archives de Berne.
(*) Port d’Ouchy Arch. de Lausanne.