plus bruyant pour l’Insecte ou le Vertébré qui s’agitent, qui luttent,,
avec leurs congénères et avec le reste de l’ânimalité, qui détruisent
leur prochain et répandent la terreur autour d’eux ; rôle glorieux pour
l’Homme qui étudie la nature et qui parfois la comprend, qui cherche
à s’élever vers la notion de Dieu et aspiré à la deviner.
Chaque espèce dissémine ses germes selon son mode particulier, et
ces germes tombent là où l’instinct maternel les a déposés dans les
types supérieurs, là où le hasard des vagues et des -courants les aura
portés dans les types moins libres ou moins mobiles. Et ces germes se'
développent ou ne se développent pas suivant les conditions favorables
ou ■ défavorables qui les ont accueillis. Si le milieu physique e t chimique
lui est propice, le germe se transforme en une plante, en un -
animal ; sinon, non. S’il échappe à la dent des concurrents affamés
qui convoitent sa chair pour s’en nourrir, il deviendra un adulte qui
se reproduira en émettant à son tour d e nouveaux germes.-'S’il est
mangé avant ce moment sa famille en espérancé s’éteint avec iui.
Cela est vrai pour les organismes déjà établis dans le lac;, cela est
aussi vrai pour ceux qui y arrivent à l’état erratique et qui essaient de
pénétrer dans ce milieu nouveau pour eux.
Que le 'germe vienne des torrents affluents du lac, qu’il vienne de
l’air sous forme d’une poussière apportée par les vents, qu’il soit un
oeuf d’hiver d’Entomostracé attaché à.la plume d’un Palmipède migrateur,
qu’il provienne d’une espèce déjà acclimatée à là vie lacustre,
dans un bassin étranger, si lés conditions de milieu lui sont favorables,,
si la lutte pour l’existence lui est propice, il se développera, il se multipliera,
et formera souche d’une famille immigrante. Sinon, non; il périra
sans-deseehda'nce. -• :
Organisme établi, organisme immigrant, les conditions sont les mômes
pour l’un et pour l’autre.
Que les autres organismes qui vivent dans lé lac bénéficient-de ses
sécrétions ou de la viande qu’il renferme dans ses tissus, peu importe.
S’il est une plante, quelque animal profitera pour sa respiration de
l’oxygène qu’elle sécrète pendant le jour; quelque ânimal, un autre
peut-être, un herbivore celui-là, mangera cette planté et profitera pour
son alimentation des hydrocarbures qu’elle aura-produits par réduction
dans ses tissus. S’il est un animal, quelque plante absorbera l’acide carbonique
de sa respiration, ou les sels azotés de ses excrétions; quel-
qu’autre animal, carnivore ou nécrophage, se nourrira de son cadavre.
Evidemment sa vie et sa mort seront utiles aux autres êtres, ses voisins
d ’habitat, ses rivaux dans la lutte pour l’existence. Cela est incontestable,
mais ce n’est pas là le but de sa vie. De même que la nature
•en créant le Sanglier, le Sus scrofa férus dont no us avons tiré le Cochon
domestique, n’avait pas pour but dé fournir l’espèce humaine de saucisses
et de jambons, de même les animaux et les plantes qui vivent
dans le lac ne sont pas créés pour le bénéfice de ceux qui les mangeront.
Us sont créés pour eux-mêmes; leur cause finale, leur but est
eux-mêmes, chacun pour lui-même. La finalité du monde organique
est égoïste. Ce n’est qu’en élevant sa morale au-dessus de la vie organique
que l’homme arrive à l’altruisme qui ennoblit sa finalité.
Revenons plus simplement aux faits concrets. Quel est, dans cé m ic
r o c o sm e qu’est le lac, le rôle spécial, ou si l’on veut, la fonction, ou
l’utilité, ou la place dans le plan de la nature, des organismes associés
dans les diverses sociétés biologiques que nous v avons reconnues?
Le.rôlë de la faune profonde est des plus simples. Les petits animaux
qui la composent utilisent les résidus et les débris tombés des couches
supérieures dans les couches inférieures, dans la zone profonde du lac.
Ces petits êtres obscurs et modestes sont des travailleurs à leur manière:
ils mangent, ils sécrètent, ils se reproduisent. Ils vivent comme
les chiffonniers denos grandes villes, comme les chiens de Constantinople,
des débris de la table des autres ; ils recueillent tout ce qui descend
dans le fond du lac. L’alluvion minérale des affluents, ils la tournent et
la retournent et en retirent tout ce qui est assimilable; les cadavres
des animaux et plantes pélagiques, les excréments des poissons, les
organismes littoraux terrestres et fluviátiles emportés en plein lac par
les vents et les courants, et descendus dans lès grands fonds quand
ils ont été alourdis par l’imbibition aqueuse, sont mangés par eux.
Rien n’échappe à leur activité dévorante de nécrophages et de co-
prophages. Ils dilacèrent et digèrent tout. Une partie de ces matériaux
sont transformés par eux en produits de sécrétion solubles : acide carbonique,
urée se disolvent dans l’eau ambiante; ce qui reste accumulé
dans leurs corps, est repris quand ils meurent par d’autres animaux,
leurs congénères. En définitive il ne reste rien, ou presque rien de matériaux
organiques, dans l’alluvion qui se fossilifie en les couches
marno-argileuses des dépôts modernes.
Le rôle des sociétés pélagiques est de tirer de l’eau la matière