sous les pierres du rivage soulevées par le pêcheur, ou les Truites
immobiles dans un remous d’une rivière.
Les braconniers de rivières employent parfois, et trop souvent, des
substances chimiques, noix vomique ou chaux, qui empoisonnent tous
les animaux d’un cours d’eau. Dans la vaste étendue d’un lac, ces
agents destructeurs seraient d’assez maigre effet. En revanche, des
cartouches de dynamite bien appliquées pourraient causer de grands
ravagés ; ces agents et engins sont sévèrement interdits par les lois et
règlements.
Nous avons décrit p. 555 le bateau de pêche originar du Léman.
Dans la deuxième moitié du siècle actuel l’usage s’est introduit
d’adapter à la pêche des péniches ou canots à quilles.'
Au moyen de ces filets et engins les pêcheurs du Léman pratiquent
des chasses dirigées spécialement contre certaines, espèces de poissons;
il va sans dire que si d’autres espèces se laissent prendre, ils
les considèrent comme de bonne prise et en font leur petit bénéfice.
Voici les pêches systématiques principales.
■La Perche est traquée par le grand-filet, la senne ou la monte, sur
les flancs du mont en hiver, sur la beine en été. Le pêcheur entoure
d’un tramai], un b o u q u e t de branches d’arbres (interdit par les lois
modernes), une forêt de fa v a s, une moraine de blocs erratiques submergés,
et en chasse par une battue bruyante les poissons, en particulier
les Perches qui së jettent étourdiment dans le filet. Sur les
flancs du m o n t, les étoles capturent les Perches dans leurs chasses
ou leurs promenades. — La Perche ést très vorace, elle fait la joie du
pêcheur à la ligne, ligne tombante ou ligne flottante, dont l’hameçon
est amorcé par un Ver de terre ou un asticot.
La Lotte se pêche à l’hameçon attaché à des fils dormants sur les
flancs du mont; les hameçons ont pour amorce des Perchettes, des
Goujons ou simplement des Vers de terre. Autour des frayères de Feras,
la Lotte, très avide des oeufs et des alevins, était pêchée par les
Savoyards au moyen d’étoles à petites mailles, 24™m d’un noeud à
l’autre.
La Fera, le poisson pélagique par excellence, est prise au grand-filet
en plein lac, deux filets accouplés, comme nous l’avons dit p. 637 ; au
pic, filet dormant, flottant en plein lac; à l’étolë sur les frayères dans
les grands fonds du lac. La Féra du Travers, qui, quittant le large du
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lac, arrive jusqu’en beine près de Genève, est prise au grand-filet,
senne ou monte, de mi-mai à mi-juillet-par les pêcheurs de la Belotte
et de Genthod. .
La Gravenche, aujourd’hui très rare, vit au milieu des grandes troupes
de Féras et se pêche comme elle. Elle s’en sépare en temps de
frai pour chercher des fonds graviéreux, vers íes embouchures des
rivières. C’est là, quand ce poisson était encore assez abondant pour
qu’il valût la peine de le poursuivre, qu’on le péchait à la monte ou à
l’étole.
La Truite se prend surtout dans les nasses, soit dans les rivières
affluentes, soit dans le Rhône émissaire. — Dans le lac, le grand-filet
et le pic font parfois des pêches heureuses de Truites en juin et juillet;
mais c’est surtout la ligne flottante, fils à hameçons amorcés de poissons
vivants, tendus au large sous 2 ou 4™ d’eau, qui est le grand engin
de pêche de la Truite dans le Léman. Depuis 1860, la pêche à la ligne
traînante promenée derrière un bateau, au large, a été -introduite et
développée dans le lac; l’hameçon est amorcé par un appât artificiel,
poisson de gutta percha argentée.
L’Omble chevalier se prend dans des étoles tendues au large, par
des fonds de 40 à 80m tout spécialement autour des omblières (frayères
de l’Omble); les pics aussi en prennent beaucoup. On le chasse
à l’aide de fils à hameçons amorcés de poissons vivants ou morts, reposant
sur le sol jusqu’à cent ou deux cents mètres de fond.
Le Brochet est pris dans l’étole tendue en beine à l’époque du frai,
ou au fil dormant, les, hameçons étant amorcés de Vangerons ou de
Chevaines, au bord du mont.
Les Poissons blancs pour les amorcés des hameçons sont pris dans
des étoles-à petites mailles, de 10 à 20mm, dites goujonnières, tendues
en beine.