La plus ancienne carte de géographie que nous possédions, la carte
Théodosienne ou de P e u tin g e r ,d o n tle dessin a été tracé à Constan-
tinople, vers l’an 393 suivant les uns, suivant d’autres même en l’an
161, désigne le Léman sous le nom de Lacus losanete.
Dans le moyen âge, il semble que c’est la désignation de lac de Lausanne
qui ait prévalu (}).
Le sieur d ’A n g lu re ,d a n s son «Saint voyage à Jérusalem»,nous ra conte
«le lundi xij jour de juing 1396, passâmes le Rosne au port dé
Saint-Moris, et venismes au giste à Viviers, sur le lac de Lozanne»;
Une ancienne vue de Lausanne, gravée à Venise en 1567 porte Lago
di Losanna.
Le nom de lac de Genève apparaît au XVI» siècle. T s c liu d i en
1538 inscrit Lacus Lemannus, der Losnev- oder J enfersee. Dans la
Cosmographie de Sébastien M u n s te r , le plan de la Ville de Genève
dit que le Rhône sort de ce grand lac qu’on appelait autrefois lac
Léman. Le nom de lac de Genève est inscrit en 1570 sur une carte du
P. Ignazio D an ti, en 1581 sur la carte manuscrite du Syndic du Villa
r d ; de même en Italie dans le vero disegno dellago di Ginevra de
Demenico A lfa n o , 1585-1597.
La chorographica tabula lacus Lemani par Jac. G o u l a r t , de
Genève (1609), porte Lacus lemanus, nunc lac de Genève, HeUetiis
Genfersee.
Dans le XVIIe siècle les cartes commencent à porter Lacus Genévae
pour le Petit-lac, lacus Losanae pour le Grand-lac.
Dès le XVIIIe siècle le nom de lac de Genève est devenu vulgaire
dans les langues étrangères. On dit Genfersee, lake o f Geneva,
lago di Genevra. Ce nom est presque seul employé par les auteurs
genevois.
Au contraire le nom de Léman est devenu d’usage général en Savoie
et en France, où il a reçu une application usuelle par le nom de département
du Léman donné au pays annexé à la France en 1798, et
comprenant le Chablais, le Faucigny et le Genevois, le pays de Gex et
Genève. Genève était le chef-lieu du département du Léman (2). En
Suisse il a été popularisé par le nom de République lémanique du
24 janvier au 9 février 1798, qui affirma l’indépendance vaudoise; puis
S 0) Voir à ce sujet un article de A. de Claparède, in Le Globe t VIT ri 92
Genève 1896. p
(8) Lettre de M. Eug. Ritter du 6 juin 1880. Gazette de Lausanne.
sous le régime de la République helvétique, une et indivisible, par le
nom de Canton du Léman ou de Canton Léman qui dura jusqu’en 1803.
Il est d’usage constant dans tes cantons de Vaud et du Valais. ,
Il est seul employé par les poètes. V o lta ir e , R o u s s e a u , Ry r o n ,
tous les poètes geneyois (■). tous les poètes-vaudois, tous les poètes
savoyards ne connaissent que ce nom (2).
Enfin la carte fédérale, atlas Dufour, ne porte que le. nom de lac
Léman.
L’usage tend à s’établir en géographie, et cela avec raison, de préférer,
partout où il en existe, le nom personnel d’un lac au nom de la
ville située sur ses bords. Un lac est un individu géographique en lui-
même et par lui-même; il a sa vie propre et indépendante de toute action
humaine; ses relations avec les cités des hommes, transitoires et
passagères en comparaison de la durée bien supérieure du lac, sont
d’importance accessoire.
On dit et on doit dire : le Rodan, le Renaco, le Lario, le Verbano,-
le Ceresio.
On doit dire : Le L ém a n .
CHAPITRE VII. NOMS DE LIEUX DONT L ’ORTHOGRAPHE EST
VARIABLE OU DOUT EU SE .
Je souligne en l’imprimant en italiques le nom qui me parait
préférable.
Ile de Peilz, Ile de Paix.
Ver aie, Veraye.
Baie de Montreux, de Clarens. Raye de Montreux, de Clarens.
La Promenthouse, la Promentouse, rivière.
La Morge, la Morges, rivière.
Le Vanger.on, le Vengeron, ruisseau.
La Drance, la Dranse, rivière.
(') Voir lettre de Genève, 23 mai 1860, dans la Gazette de Lausanne (anonyme).
. '(*) Il y a cependant une exception, c’est l’auteur de la chanson classique ;
« Nous allons naviguer su r le lac de Genève » ; l’auteur était un Vaudois et un
bon Vaudois, celui qui devait devenir le conseiller fédéral Victor R u f fy .