Ces ordonnances ont été- renouvelées dans tout le cours du X VIIIe
siècle, et reviennent à chaque instant dans les mandats, circulaires,
arrêtés, etc., des états de Genève, de Berne pour le pays de Vaud, de
Savoie, etc.
D’après cela, nous notons comme première apparition des mesures
protectrices :
1550. Défense d’employer pour étourdir le poisson des substances
vénéneuses.
1623. Défense de pêcher le milcanlon (1). et la vitya ( fretin de Perche
et de Poisson blanc).
1624. Défense de pécher aux bcrfovx (verveux) dans le mois de
mai.
1605. Défense de pêcher au grand-filet dans les mois ‘d’avril et de
mai.
1690. Ordonnance de rejeter au lac tout poisson qui n’atteindrait
pas un poids de deux onces.
G) Milcanlon ou mille-cantons est un terme indigène qui s’est étendu jusqu’à Annecy
et Neuchâtel; il signifie fretin de Perche. Il est fort ancien ; je le retrouve déjà
sur la planche du syndic Jean d u. V illa r d de Genève de 1581. « Le millecànton est
le plus petit poisson qui se prenne, comme grains d’avpine, sont petites perches
sortant des ouves, est excellent et friand aux mois de juillet et d’aoù|>. ( Voir
ci-dessus p. 329). L’étymOlogie de ce mot est inconnue; aucune des réponses qu’avait
provoquées une question posée par moi dans la Gazette dp Lausanne des 17
juillet et 7 octobre 1902, n’a été agréée par nos collègues les philologues.
Millecànton était traduit dans la langue des baillifs par Tausend Màgedli; la
plus ancienne citation que j ’aie su retrouver est du 7 novembre 1411 dans une
ordonnance sur la pêche de Morat. L’origine de Tausend Mägedli est aussi problématique
que celle de millecànton, à moins que l’on ne veuille admettre une dérivation
de joyeuse fantaisie qui remonte aux Benedictiones ad mensas d’Ekkehard IY
de St-Gall, décédé A0 1036 : Millia coctorum benedice Dee pisciculorwh. Cette phrase
se traduit :
Gott segne die tausend gekochten Fischlein zz. tausend gebackenen Fischlein, zz: tausend
Backfischlein — lausend Mägdlein.
Backfisch, synonyme de junges Mädchen, puella virguncula, tendron, est lui-même
fort ancien ; on le trouve déjà dans les Facetiae facetiarum de 1555.
Citons encore la traduction italienne clé Tausend-Mägdelein et de millecànton
Centin ou Cent’in bocca. Le mille y est transformé en cent, mais il y a encore ici le
. numéràtif du grand nombre qui doit exprimer la petitesse de taille.
CHAPITRE VI. LÉGISLATION MODERNE DE LA PÊCHE
11 y aurait encombrement si je voulais analyser ici toute la législation
moderne sur la pêche. Je me bornerai à donner les dates et titres
des lois principales, arrêtés et règlements, édictés sur cette matière
dans le siècle passé.
Ge n è v e (*). Arrête de la préfecture du Département du Léman, 3 février
1807. Deux circonscriptions pour le lac, de Genève à Bellerive, et de
Bellerive à Hermance.
Lois sur la pêclie du 27 octobre 1817 et du 2 3 février 1889.
Convention du 14 mars 1862. Abolissant la ferme de la pêche dans
le Rhône, jusqu’alors au bénéfice de la ville et la remplaçant par des
permis. ■;
De 1870 à 1878, rétablissement de la ferme de la pèche sur les
frayères du Rhône, au bénéfice de l’Etat.
Règlements de police sur la pêche, 7 mars 1877, 11 janvier 1884,
21 mai 1889, 22 novembre 1892, etc.
Va u d . Lois sur la pêche du 4 juin 1805 et du 9 mai 1807, arrêté du 7
décembre 1807, etc. La grande pêche était affermée pour un nombre,
limité de bateaux C3) par cercle, à savoir :
Villeneuve 1 bateau Lausanne 6 bateaux
Les Planches 2 î> Ecublens 4 » .
Tour de Peilz •; 1 » Morges 2 »
Vevey : •■ » Villars sous Yens 3 »
Gorsier ■ j.' » Rolle 2 »
Saint-Saphorin 1 » Gilly 2 »
Cully 2 0 Begnins 2 »
Lutry 1 » . Nyon 2 »
Pully 2 » Coppet 4 »
(') Pour les détails de la législation genevoise sur la pêche, voir l’article A. V a u -
c lie r [L'oc. cit. p. 529] p. 75 sq.
(2) Chaque bateau monté par un maître pêcheur, et deux ouvriers à ses gages.