15. Le Chondrostome bleuâtre,
Rhûne Rhin
Chondrostoma coentlescens, ' -f
16.' Le Chqndrostome du Rhône.i C. rhödanensis, ¡911 17. Le Saumon, Salmo Salar, 4-
18. L ’Alose, Alosa vulgaris, ■
19. L ’Anguille, Anguilla vulgaris, + +
20. Le Salut, Silurus glanis, ,4-
21. L ’Esturgeon, Acoipenser sturio, + +
22. La Lamproie marine, - Petromyzon marinus,
23. La Lamproie fluviatile, P. fluviatilis, i l l l +
24. La Lamproie de Planer, P. Planen, Eü 1m
Ajoutons à ces listes vingt-deux espèces ou formes de Gorégones Q)
• qui sont'spéciales aux lacs du bassin du Rhin (vingt) et de la Savoie
•{deux).
Le Saumon et l’Anguille sont sur nos deux listes. Commençons par
les rayer de la liste des espèces du Léman, car elles ne peuvent être
•considérées comme étant dés espèces établies, pas plus que les espèces
■d’importation directe de la pisciculture.
Il nous reste donc :
Poissons du Léman, espèces établies, 49 espèces.
Poissons absents du Léman, 46 espèces.
Enlevons des deux listes les Gorégones. Ce genre est essentiellement
polymorphe; il est très probable que nos deux espèces du Léman, la
Féra et la Gravenche, sont des adaptations locales de Corégones venant
des eaux des autres bassins. Il nous reste donc en supprimant
les Corégones :
Poissons du Léman, 17 espèces.
Poissons absents du Léman, 24 espèces.
C est donc vingt-quatre espèces de Poissons qui, nous ne savons pas
pourquoi, ne se sont pas établies dans le Léman; si nous tenons
compte de l’Anguille et du Saumon, espèces non établies mais trouvées
•dans le lac, c est vingt-deux espèces qui auraient pu, semble-t-il, y arriver
et qui n’y sont pas venues.
Le Léman n ’a que la moitié de sa faune idhthyologique possible.
Les barrières sont donc bien fortes qui ont arrêté tant d’espèces d’animaux
essentiellement mobiles, dont quelques-uns sont capables de
migrations actives très étendues.
(h Voir ci-dessus page 65, voir aussi F a t i o, loc. cit. [p. 55J,. V, p. 67.
Quelques-uns de ces Poissons, qui,^à ce qu’il paraît au premier
•abord, auraient dû arriver jusqu’au Léman, n’appartiennent pas à
notre faune du bassin supérieur du. Rhône, parce qu’ils sont migrateurs,
à vie temporairement marine: : le Saumon, le Muge, l’Alose,
l’Esturgeon, la Grande Lamproie, la Lamproie fluviatile, l’Anguille entrent
en rivières dans leurs migrations annuelles, mais ils doivent tôt
ou tard retourner à la mer. Ils ne sauraient se reproduire, s’établir suivant
le sens que nous avons donné à ce mot, dans un bassin séparé de
la m er par des obstacles presque insurmontables.
Pour les dix-sept autres espèces, cette explication ne vaut pas. Ce
sont des espèces lacustres, fluvio-lacustres ou fluviátiles qui n’ont point
besoin d’aller à la mer. Leur absence du Léman implique donc des
■difficultés extraordinaires opposées aux migrations.
Difficultés matérielles, physiques, mécaniques ; outre le Rhône inférieur
qui est actuellement barré par la Perte de Bellegarde, les canaux
ouverts entre les autres bassins et le Léman sont peu nombreux; ils
sont étroits, de faible débit; ils n’ont ét;é praticables que peu de temps,
le canal d’Entreroches de 1640 à 4830; le Grenet, depuis 4875 —
te Nozon probablement depuis l’aurore du moyen âge seulement. Les
voies d’immigration directe dans le Léman sont rares et malcommodes,
ce sera notre première conclusion.
Est-elle suffisante |
Ces difficultés ne sont.cependant pas telles que la Lotte n’ait pas su
vaincre les obstacles opposés à son extension. Nous avons étudié attentivement
son histoire et. nous sommes arrivé à la probabilité d’une immigration
spontáriée vers la fin du XVI Iesiècle par le canal d’Entreroches
on par le Nozon (‘). Pourquoi les dix-sept espèces'fluviátiles que nous
avons vu manquer au bassin du Rhône lémanique n’ont-elles pas suivi Te
même chemin que la Lotte? Pour quelques-unes — citons par exemple le
Nase, qui à l’époque du frai, au mois d’avril, remonte avec tant d’ardeur
et si bru yamment jusqu’à la source des affluents du lac de Neuchâtel —
il est presque incompréhensible qu’ils n’aient pas su passer d’un lac à
l’autre. Nous ne pouvons expliquer leur absence du Léman, et nous devons
constater—-ce sera notre seconde conclusion—que nombre d ’espèces
de Poissons ne savent pas, ou n ’ont pas su, profiter des voies ouvertes
à leur émigration et à l’extension de leur aire de peuplement.
fi» Voir le § précédent, p. 336 sq.