Les Lemna sont des plantes nageantes dont les frondes flottent à la
surface, la table supérieure baignée par l’air; la racine descendant dans
l’eau, sert de balancier hydrostatique et maintient l ’équilibre de flottaison.
Les Lemnas appartiennent à la flore des marais et des lagunes;
entraînées dans le lac, elles y sont à 1 état erratique.
En fait d’algues : ^
h. Algues flottantes établies dans les eaux littorales qui s’y développent
et y vivent :
Pandorina morum se multiplie en nombre assez considérable pour
colorer l’eau en vert-pomme, dans la couche de surface, au mois de
juillet; les dates extrêmes de cette apparition étant, d’après mes notes,
le 10 juin (1886) et le 6 août (1876). Chaque année je constate ce phénomène
dans le port de Morges pendant une ou deux semaines. Je l ’ai
retrouvé ailleurs, entre autres devant lé quai de l’Aile de Vevey et au
fond du golfe des Pierrettes, entre Ouchy et St-Sulpice. Il n ’est donc
pas spécial au bassin presque fermé d’un port bien emmuré.
b. Des algues littorales fixées qui se détachent de leur point d insertion
et deviennent flottantes.
Ulothrix ¡Hormiscial zonata développe ses filaments fixés aux pierres,
aux pilotis de la rive, sous 30 à 50«“ d’eau. Ces filaments s o n t arrachés
par le choc des vagues et continuent à végéter en liberté; j’en ai
trouvé entremêlés aux fils de la Spirogyre dans les touffes que je vais
décrire.
Rhizoclonium natans. Cette Algue filamenteuse se développe au
printemps en grande abondance sur les rameaux des Phanérogames
de là beine, en particulier des Myriophylles et Cératophylles. Quoi
qu’elle ne s’insère pas sur les tissus de ces plantes, l’Algue leur est tellement
adhérente par les contours multiples de ses filaments élastiques
que c’est à peine si j’ose la classer parmi les algues flottantes.
Spirogyra sp. développées dans le lac à côté d’autres espèces pio
venant dès affluents. ■
c. Des algues des eaux campagnardes, apportées par les affluen s,
erratiques dans la région littorale du lac.
Des Spirogyra, et en particulier Sp. fluviatüis, sont apportées au lac
par les affluents et continuent à végéter ou sur le sol de la berne ou a a
surface de l’eau en touffes verdoyantes qui atteignent parfois la grosseur
de la tête et plus. Je ne puis affirmer qu’elles ne soient pas établies
dans le lac, mais j’ai trop souvent vu'leur développement original dans
le cours inférieur de la rivière la Morge, qu’elles remplissent de leurs
flocons, pour ne pas indiquer leur dispersion dans le lac comme provenant
probablement de cette source. Ce serait encore une espèce flu-
viatile erratique dans la région lacustre.
Tetrasporagelatinosa. Fréquemment j ’assiste à Morges à l’apparition
des grandes lames gaufrées de cette Algue membraneuse, d’un
vert brillant, qui recouvrent parfois le sol de la beine en si grande abondance
qu’elles forment à l’oeil un tapis continu. J’en fais, jusqu’à meilleur
avis, une espèce fluviatile ou palustre, apportée par les affluents
dans le lac où elle doit être considérée comme erratique.
d. Des algues pélagiques apportées par les courants, erratiques
■dans les eaux littorales.
Bothryococcus Brauni, Anabaena circinalis, A. flos-aquae et les
Diatomées de la région pélagique, amenées par les courants de surface,
se trouvent à l’état d’algues flottantes dans la région littorale. Elles y
sont erratiques.
En résumé, nous venons de montrer dans le littoral plusieurs sociétés
diverses, caractérisées aussi bien par les conditions spéciales du
milieu que par le groupement des organismes animaux et végétaux qui
les composent. Nous eussions pu subdiviser encore davantage; mais
cela n’aurait pas eu d’utilité pour les questions générales que nous aurons
à discuter plus loin.
Voulons-nous maintenant tenter de, faire rémunération des espèces
animales et végétales de la région littorale du Léman? Ce serait donner
la faune et la flore aquatiques presque entières de notre région, car en
«tendant, comme nous l’avons fait très justement, la notion des eaux
littorales du lac aux lagunes, aux estuaires et aux ports, il est bien peu
espèces aquatiques des eaux campagnardes qui n’arrivent une fois
°U autre au !ac. Il est vrai que toutes ne sont pas établies et qu’un
grand nombre n’y sont qu’à l’état erratique, ou à l’état temporaire, dans
es migrations qui les font passer d’un lac à l’autre.