1750. Les pêcheurs d’Ouchy ayant contrevenu à la défense de vendrè
du poisson avant de l’avoir présenté à M. le baillif, celui-ci fait prohibition
absolue de continuer à pêcher du poisson (i).
Parmi les bénéfices du baillage de Nyon, tels qu’ils étaient énumérés
en 1613 (-), il était noté que tous les pêcheurs devaient présenter leur
poisson au château et le céder aux prix suivants, la livre à :
de. Pâques à la de la St-Michel pendant le
Si-Michel (3) au Mardi gras. Carême.
Grosses Truites et Ombles-
chevaliers j 1 6 sous 7 sous 8 sous
Petites Truites, Ombles,
Ferras et Palées, Perches,
etc. 3 —" 4 4 —
Blanchets et BrandenaillesO) 1 — 1 — 2 —
Millecantons et Perchettes 1 — 1 — 1 —
II. Achats à distance. — Nous avons vu (p. 618) les bourgeois d’Evian
obligés, quand la pêche locale ne suffisait pas à garnir la table du prince,
d’aller acheter du poisson au loin sur le lac, de Villeneuve à Genève,
s’il était nécessaire. Voici un contrat (5) qui nous montre encore que
le commerce du poisson allait déjà, bien avant les bateaux à vapeur,
se fournir à grande distance. Le 13 décembre 1621 Jaques et Jean
P a p p a n , à Morges, vendent à Pierre P a c c a r d , à. Genève, tout le
poisson qu’ils pourront pêcher jusqu’à Pâque prochaine, aux prix, la
livre : -
Avant le Carême. Pendant le Carême.
Grosse Truite . 10 sols 11 sols
Truite de moins de 1 '/.2 livre, Perche,
Bezole (Féra), Ombre, Amble (Omble
chevalier) et Brochet (6) 4 — 5 — '
(■) Mandats souverains. VII. 71. Archives de Lausanne.
(*) Livre des Baillages. Nyon. II, p. 158. Arch. de Lausanne.
(3) 29 septembre.
(h Blanchet est un nom local pour l’Ablette. Brandenaille est d’après Jurine, Lunel
et Fatio un nom local usité sur la côte de Savoie pour les jeunes Perches. Je crois
plutôt d’après ce contexte qu’il doit s'appliquer ici à quelque espèce de poisson
blanc, Chevesne ou Vangeron.
(5) Minutés du notaire de Monthoux. IV. 228 v. Archives de Genève,
j (6) Constatons ici que la Lotte ne figure pas dans ces énumérations de poissons
comestibles. Voyez ci-dessus, p. 326 sq.
III. P rix du Poisson. — Profitons de cette occasion pour montrer
les variations du prix du poisson. Prix de la livre de grosse Truite:
1376, à Villeneuve, de 3 à 5 deniers, suivant la saison.
1402, à Chillon(i), 4 gros.
1543, à Genève (2), 2 sols.
1600, à Genève, 4 sols.
1613, à Nyon, 6 à 8 sols, suivant la saison.
1621, à Morges, 10 à 11 sols.
1624, à Genève, 1 florin, soit 12 sous.
1670, à Genève, 3 à 3 ‘/a florins, soit 36 à 42 sous.
1786, à Genève, 4 fÀ florins, soit 54 sous.
1900, à Genève, 4 francs, soit 80 sous.
Les différences sont considérables dans les prix ci-dessus, depuis 3
deniers la livre, soit V4 de sou jusqu’à 4 '/a florins, soit54sous. Comme
terme de comparaison voici la taxe faite par le Conseil de la ville d’Annecy
le 30 octobre 1599 (3). Je la cite, quoiqu’elle n ’appartienne pas à
notre lac, parce qu’elle montre, mieux que toute autre à moi connue, la
différence de valeur marchande des diverses espèces de poissons.
Grosses Truites 12 sols la livre.
Petites Truites 8
Amble de Genève (Omble chevalier) 10
Grosses Perches, gros Brochets 5
Grosses Carpes 4
Petites Perches, petits Brochets 3 9 ,
Carpaux, Veyrons 2 —
Millecantons 1 ' i ü æ l
Grosses Ecrevisses et Grenouilles - 6 deniers la douzaine.
Petites Ecrevisses e t Escargots 3 deniers.
IV. Le droit de réquisition est formulé en ces termes par l’article
CXX du Plaict général de Lausanne de 1368 : « Item, les pêcheurs et
cossons quand ils sont sur le lac sont tenus de venir au rivage à l’appel
de tout citoyen ou habitant de Lausanne qui crie à rivaz, à rivaz.
fl) Comptes de Chillon. Mém. et Doc. S.H. S. II. 11. 107. 1890.
(2) Les chiffres de 1513,1600, 1624 et 1786 sont tirés de Senebier, hist. litt. de Genève,
1.1, p. 65.
(:i) Max Bruchet. Annecy, 4 oct. 1902, in litt.