rondelles ne poussent pas au large leurs chasses aux mouches à plu»
d’un kilomètre de la côte.
Les larves de Chironomiens de la région profonde ne se transforment
elles pas en nymphes et en adultes. Je ne saurais le nier définitivement,
car il serait possible que la grande majorité de ces Insectes
soient surpris pendant leurs migrations à la surface par les
Poissons pélagiques qui en feraient leur proie et qu’un nombre, tellement
infime qu’il nous échapperait, arriverait seul à la surface.
D’une autre part on peut sé demander comment lés oeufs de ces
Insectes arrivent dans la région profonde. Les oeufs sont pondus à la,
surface de l’eau, dans la région littorale. Au printemps l’on voit toutes
les herbes et les pierres salies par une substance visqueuse jaunâtre où
le microscope fait reconnaître les longues chaînes'des oeufs desNémo-
cères. Les petites larves, à leur éclosion, peuvent être entraînées en plein
lac par les vagues et les courants, et coulant dans les grands fonds,
s’y développent dans la région profonde. Là n’est pas une grande
difficulté.
. Mais il est une autre.solution de cette question. 0. G-rimm de St-Peters-
bourg a décrit une reproduction pédogénétique des Diptères (*). Il a vu
ces Insectes, encore à l’âge de larve, présenter déjà un état de maturité
suffisant des ovaires pour pondre des oeufs capables-de se développer.
J’ai lieu de supposer qu’il en est peut-être de même pour nos Chirono-
midés de la région profonde. Deux fois j’ai vu, ou cru voir, le corps de,
nos larves transparentes, verdâtres, rempli d’oeufs reconnaissables à
leur taille et à leur forme ; d’autre part j’ai plusieurs fois, dans mes
dragages profonds, trouvé des oeufs de Diptères agglomérés ensemble
en paquets discoïdes. Ces observations ne sont malheureusement pas
assez complètes pour que je puisse être affirmatif ; on pourrait admettre
la possibilité d’une reproduction par pédogénèse de nos larves de
Diptères ou du moins de quelques-unes d’entre elles, mais je réclame
avant tout de nouvelles études, observations et expériences dans cette
direction.
Les possibilités qui sont en présence pour la reproduction de nos
Diptères lacustres sont donc :
fre hypothèse. Ponte des oeufs par les fefnelles de l’Insecte ailé sur
f1) 0. von Grimm. UngeschleehtlicKe Fortpflanzung einer Cbironomus-Art. Mém.
Acad. imp. St-Pétersbom-g, XV, n° 8.1870.
les corps flottants de la région littorale. De ces oeufs sortent des larves
dont quelques-unes sont entraînées par les courants jusque dans la
région pélagique, et tombent sur le sol de la région profonde où elles se
développent dans la vase. Sans contact avec l’atmosphère, elles ne se
métamorphosent pas en insecte parfait dans cette station obscure et elles
meurent sans descendance. Ou bien encore elles se transforment en
venant à la surface et lés mouches qui échappent à la dent des Poissons
et au bée des Mouettes, s’envolent pour aller pondre au rivage. Dans
l’une et 11 autre de ces alternatives nos larves de Diptères seraient des
erratiques de la faune littorale, égarées dans la région profonde.
2e hypothèse. Les larves de Diptères se reproduiraient par pédogénèse
dans la région profonde, sans venir jamais à l’air et sans se métamorphoser
en mouches. Elles seraient ainsi une espèce établie de la
faune profonde.
Je dois dire que la première hypothèse me paraît la plus plausible.
ARACHNIDES
A cariné s.
Hydrachnides.
Les Arachnides lacustres appartiennent presque tous à la famille
des Hydrachnides. Ce sont de petits* animaux, gros comme une tête
d’épingle, à corps globuleux, souvent peint de brillantes couleurs, et
élégamment dessiné de taches compliquées, à quatre paires de pattes
plus ou moins longues. Les uns sont nageurs, les autres marcheurs;
ils courent sur le sol et les herbes aquatiques à la recherche de leur
proie morte ou vivante qu’ils dévorent avec avidité.
Les Hydrachnides du Léman sont nombreux en espèces, et en
individus^
Le produit de mes pêches a d’abord été étudié par le prof. H. Le-
b e rt, alors à Breslau-, qui crut y découvrir un nouveau genre, Campo-
gnatha, dont il décrivit deux espèces. Plus tard, lorsque Lebert rentra
en Suisse, il a continué ses études sur les divers Hydrachnides du
lac, et, plein d’enthousiasme pour les charmants petits animaux qu’il