C’estàpropos de ces recherches du Dr d e la H a rp e que je fis connaître
pour la première fois m e s ’observations sur la sculpture opérée-
par les larves de Névroptères (‘). De 1877 à 1879, j’ai appuyé mes hypothèses
de démonstrations positives, et j’ai essayé de faire le départ
entre l’action des larves de Névroptères et celle des algues incrustantes
(2).
Dans la séance du 13 août 1878 d elà Société helvétique des sciences
naturelles, session de Berne, C. Vogt a traité des galets sculptés; il a
réfuté l’hypothèse, qu’il m’attribuait bien à tort, des grandes sculptures
des lacs de Neuchâtel et de Bienne dues à l’action des larves de Chl-
ronomes, et il a exposé les observations de S c h im p e r et de lui-mômé-
sur l’action de l’Ëuactis c,alcivora (s).
En 1885, O. F r a a s , dans le texte explicatif de la carte géologique
du Wurtemberg et dans une Communication faite à la Société géologique
du Rhin Supérieur ('*), donne une excellente description des incrustations
calcaires du lac de Constance avec des observations précieuses
sur la rapidité de leur dépôt (en moins de 58 ans, l’épaisseur du tu f
avait dépassé 2cm). 11 attribue l’érosion à des larves d’un Diptère..
L. L .e in e r, de Constance, qui prit part à cette discussion, l’attribue à
des larves de Diptères, de Névroptères, et d’un Insecte filateur,. non,
autrement déterminé.
•En 1893, F e r d in a n d Cohn a traité des galets sculptés des lacs-
subalpins (5). Il décrit les faits d’après des échantillons à lui envoyés de
Suisse ; il attribue la sculpture à l’action des Rivulariées et Schizotri-
chées, et émet l’idée que l’érosion est produite par la partie basilaire
des filaments des algues, qui se comportent comme des racines en
sécrétant un acide, lequel peut dissoudre la chaux, tandis que la partie
verte des mêmes filaments possède la propriété, non encore expliquée,,
de précipiter dans les tissus des sels de chaux à l’état cristallisé.
(!) Lettre à J. de la Harpe. Bull. S. V. S. N , IX, p. 235. Lausanne 1866.
(2) Bull. S. V. S. N., XV, 28 et 43. Lausanne 1877, XVE, 473, 51g, 1878-79. Actes.
Soc. helv. sc. nat., Berne 1878, p. 128. Bern 1879.
0 Verhandlüngen des Sclrw. N a t Gesellsch. Bern 1888. S. 126. Bern 1879.
(•*) 0. Fraas. Begleitworte zur geognostischen Spezialkarte von Württemberg.
Bl. Friedrichshafen n. 'Wilhelmsdorf. Stuttgart 1875. — Ueber Furchensteine am
Bodensee. Ber. über die XVIII. Vers, des Oberrheinischen Geolog. Vereins, 1885,.
p. 28.
(5) Ueber Erosion von Kalkgesteine durch Algen. jahrbuch der Schles. Ges. f.
Vaterl. Kultur 1893. In Naturw. Rndsch, IX, 449,1894.
Dans leur belle étude sur la Végétation du Bodan(>), S c h r ô t e r et
K ir c h n e r ont traité explicitement des galets sculptés. Ils ont d’abord
décrit soigneusement le tuf lacustre (krustenartigêr Ueberzug) formé
essentiellement sur les pierres du lac par Schizothrix fasciculata
(— Hydrocoleum calcilegum), Calothrix parietina et Phormidium in-
crustatum ; sur les pierres du Rhin, à Constance et à Stein, le tuf lacustre,
beaucoup plus épais, est dû à Rivularia hoematites ( ~ Euactis
calcivora et E. rivularis) ; enfin ils étudient les sculptures des galets.
Ils acceptent le fait que j’avais indiqué que les sillons des sculptures
sont libres d’algues, tandis que les arêtes qui séparent ces sillons en
sont couvertes ; ils voient avec moi une action protectrice des algues.
Us constatent que les sculptures se rencontrent sur toutes sortes de
pierres, calcaires ou non, sur des pilotis ou sur des planches.
L am p e r t (La vie dans les lacs continentaux) résume la question
en se basant essentiellement sur l’opinion de Kirchner (2).
Dans ses études de Biologie lacustre (s) R. C h o d a t reprend la question,
et semble l’avoir fait avancer d’un pas en démontrant l’action cariante
de certaines algues. 11 dénie le fait, que je croyais et que je crois
encore avoir démontré,que les algues incrustantes occupent les arêtes,
et laissent à nu le fond des cavités des sculptures, fait qui a cependant
été accepté et vérifié par S c h r ô te r et K irc h n e r. Puis il constate
l’attaque de l’écorce extérieure de la pierre par des algues (Schizotri-
chées) dont les filaments se creusent des galeries dans la roche calcaire ;
cette couche cariée serait ensuite désagrégée par action mécanique de
la part des divers animaux qui rampent et marchent au contact de la
pierre. Nous y reviendrons.
Dans une importante étude sur les dépôts actuels des eaux douces (*),
C. W e s e n b e rg -L u n d , du laboratoire de biologie lacustre de Fure-
soe, Danemark, traite des algues incrustantes et des galets sculptés.
Au sujet du revêtement d’algues Cyanophycées, il constate que le tuf
d’incrustation est également épais sur les roches siliceuses et sur les
calcaires ; il en conclut que la chaux précipitée par les algues est ex-
(*) C. Schrôter u. O. Kirchner. Die Végétation des Bodenseés. IXr Abschnitt der
Bodensee Forschungen. Schriften des Bodensee Vereins, XXV. Lindau 1898.
||)] loc. cit. [p. 25], p. 548.
(s) Bulletin de.l’Herbier Boissier, T. VI, 450. Genève 1898.
(*) C. Wesenberg-Lund. Studier over Soekalk, etc. i Danske indsoer. Kjôbenhavn
1901, p. 19 et 148.