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 ent  dans  le  lac des  eaux  chargées de matières terreuses  ou  organiques; 
   les vagues  du  vent, d’autre part,  agitent parfois  la vase  et maintiennent  
 en  suspension  les poussières  aquatiques qui ne peuvent  se déposer  
 tant que le lac est  en mouvement; les vagues enfin  des bateaux à  
 vapeur, même en temps calme,  soulèvent les particules vaseuses et contribuent, 
  quand  leurs passages sont  fréquents, à augmenter la turbidité  
 des  eaux. En hiver, par  les beaux jours  de grand calme,  les eaux  de la  
 beine sont  admirablement limpides;  en  été,  elle§  sont  le plus  souvent  
 louches,  et parfois  assez  sales.  Il y  a sous' ce rapport, du reste, de grandes  
 différences  locales;  au  fond d’uu golfe,  devant une ville, près d’une  
 ■embouchure de rivière,  les  eaux  sont plus troubles que  devant un: cap  
 e t  loin  de  toute  cause de pollution. 
 7° L’eau  étant  èn  contact  avec  l’atmosphère et souvent battue  avec  
 -elle par  l’action  du  vent,  est  largement  aérée  et  constammenfsaturée  
 des gaz de l’air.  D’autre  part tout excès  d’un  gaz  qui  se  produit- sur  
 place,  acide  carbonique, gaz des marais, ne peut  se maintenir en dissolution  
 dans  l’eau  vu  la  faible pression  du milieu  aqueux  d’une part,  et  
 la faible tension du gaz dans l’atmosphère; ces gaz se dégagent dans l’air  
 sous forme de bulles qui viennent  éclater à la  surface. 
 8° Les  eaux varien t de hauteur, de l’été à l’hiver, de un à deux mètres.  
 Cette  variation n’a que peu  d’intérêt  pour  les  organismes  habitant  les  
 zones toujours inondées,  si  ce n’est que les  couches  situées près  de la  
 surface sont, par les basses  eaux, soumises  à une plus  forte  action'des  
 vagues de tempête. Elle  à en  revanche une grande importance pour la  
 zone inondable,  inondée  par les hautes  eaux,  exondée  par  les  basses  
 eaux,  et qui  n’appartient que  temporairement  au  domaine  du  lac (’)•  
 Les travaux de régularisation  du  régime du  Léman  1883  ont  diminué  
 l’amplitude des variations annuelles,qt  amené  un rétrécissement de la  
 i partie inondable  de  la grève. 
 1  f1)  La variation  de  hauteur du lac du maximum au minimum  était autrefois fort  
 -considérable,  et  s’élevait  dans  les  extrêmes  à 2.66m.  Depuis  la correction  du régime  
 du Léman par les  travaux de Genève,  voyez T,  ï,  p.  496, la variation  est réduite  
 théoriquement  à une  amplitude1 de■0:6m  (de 0.8m  dans  les années bisextiles).  
 ;  En réalité là variation obtenue est beaucoup plus grande que celle qui était promise  
 par  leu projets  et  les conventions.  Le minimum  du 28 mars  1892  ayant  été ZL -j-  
 •0.873”,  le  maximum  du  14  juillet  1897  ZL -j- 2;277m,  .l’amplitude  de  la  variation  
 -extrême dans le régime qui a été inauguré  le  17 mai 1886 est de 1.404m. 
 Les  conditions  de milieu  du  littoral sont donc fort compliquées.- Elles  
 varient dans  le  cours'de l’année, en ce qu’il y a des variations saisonnières  
 importantes:  les  organismes  du  littoral  doivent  s’adapter à  cette  
 variabilité.  Elles  sont différentes  suivant la localité  :  les  groupements  
 des sociétés biologiques  sont différents d’un lieu  à  l’autre.  Cela  se traduit  
 de la manière suivante  : 
 a. Pour  résister  aux mouvements de l’eau  :  les  plantes  et  animaux  
 du  littoral  doivent  être  ou  bien  fortement  fixés,  ou  bien  capables  de  
 se retirer dans des  cachettes bien protégées! 
 b. Au  point de vue de l’éclairage  :  les  espèces  animales peuvent être  
 diurnes  ou  nocturnes;  les  plantes  recevant  l’action  du  soleil peuvent  
 posséder la fonction  chlorophyllienne. 
 i.  Au point de. vue thermique,  il  y  a des  saisons  :  une saison  chaude  
 .pendant laquelle  tout vit,  tout  pullule,  une  saison  froide  pendant  laquelle  
 la vie  sommeille. 
 d. Au point de vue dés variations de hauteur. La grève inondable est  
 tantôt inondée tantôt  exondée;  tantôt elle appartient  au lac  et est envahie  
 par les organismes  lacustres,  tantôt elle  appartient  au  rivage. 
 Quant  aux différences  locales,  j’ai  à  indiquer  les  faits généraux  sui-.  
 vants ':;A| 
 e. Au point dé vue  de la pureté de l’eau,  il n’y  a pas  grande  action,  
 si  ce  n’est  vers  les-embouchures  d’égouts  où  l’on  trouve  une flore  
 toute spéciale. 
 f■ Au point de  vue de l’agitation  de l’eau.  Certaines plages  sont très  
 tom mentées p arle s vagues;  d’autres,  dans  les  anses tranquilles, sont à  
 labri des grands  mouvements  du  lac  et  leurs  conditions  sous  ce  rapport  
 se rapprochent de  celles  des  étangs  ou  des marais. 
 g.  La nature du  sol  a une très grande importance  pour  les  animaux  
 qui sont limicoles,  ou  saxicoles,  ou  arénophiles,  etc.,  et  aussi pour les  
 plantes  qui,  suivant leurs  espèces, ne peuvent prendre  racine  que  sur  
 un terrain  approprié. 
 Ces différents  facteurs  se  combinent  ensemble  pour former  dans  la  
 giande  région  littorale  une  foule  de  sous-régions  présentant  chacune  
 ses conditions de milieu particulières, convenant à des groupes animaux  
 et végétaux différents,  ayant  ainsi  une  Société  d’organismes propre  et  
 spéciale. Sous  ce  rapport il y  a  la  plus  grande  diversité possible  dans  
 cette  i égion littorale,  et il y aurait  à décrire le tableau  de  chaque point