termes correspondant à l’état actuel de nos connaissances. Mais il en
est d’autres qui ne sont pas encore suffisamment expliqués, ou dont
la théorie reste à compléter, ou môme à élaborer. Je signalerai entre
autres : .
1° Les galets sculptés1? A recommander aux riverains des lacs où
le phénomène est mieux développé qu’au Léman, aux riverains des
lacs sub-jurassiens en particulier. (111. 384 à 405.)
2° L’entrée dans le Léman des Corégones? poissons pélagiques qui
ne remontent pas dans les ruisseaux. (El. 350 à 354.)
3° Les seiches longitudinales binodales? Pourquoi ces seiches dans
le Léman ont-elles une période plus courte que la moitié de l’unino-
dale, tandis que celles de la plupart des autres lacs est plus longue1?
(II. 162.)
4° Les seiches à la quinte? Dans certains lacs il y .a un type de seiches
longitudinales dont la période est environ les 2/3 de celle de l’uni-
nodale :
Seiches uninodales. Seiches à la quinte. Seiches binodales.
Bodan (') 56 min. - 39 min. 28 min.
Benaco (2) 43 30 23
Starnbergersee (3) 25 16 —-
Ces seiches dont la période est à peu près les *l3 de l’uninodale, que
sont-elles ? Pour les expliquer, il ne suffit pas de dire qu’elles représentent
la quinte de l’octave inférieure ; j’avoue que je ne les comprends
pas. Elles correspondraient, si je ne me trompe, à un balancement de
l’eau tel qu’il y aurait un ventre à l’une des extrémités du bassin, un
noeud à l’autre, ce qui est inadmissible. Ce problème des seiches à la
quinte ne s’est pas offert à nous dans le Léman. Il s’est présenté à moi
pour la première fois sur le Bodan, où elles sont parfaitement marquées
à Bregenz, très faibles à Kircliberg, nulles à Bodman. (II. 155.)
Ce type de seiches n’a pas encore été expliqué, et il reste pour moi
un point d’interrogation très sérieux, le seul qui m’inquiète, au sujet
(*) F.-A. Forel. Die Schwankùngen des Bodensees. Schriften des Vereins des
Bodenseesvereins. XX. Lindau 1893.
(2) J. Valentin. Seespiegelsch'waukungen in Riva am Gardasee. K. Acad. d. Wiss..
Wien, 3. Apr. 1903.
(3) H. Ebert. Periodische'èeespiegelschwankungeo am Starnbergersee. K. Bayr.
Akad. der Wiss. XXX 435. Münohenl900.
•de la justesse de ma théorie des seiches. Une théorie doit expliquer
tous les faits. Celui-ci est encore inexplicable. La théorie serait-elle
fausse ?
5. Les seiches transversales du Léman mesurées à Morges-Evian
ont une période de 10 minutes, à Bolle-Thonon de 7 minutes. Comment
se fait le passage d’un type à l’autre, d’un bassin à l’autre, quand
ces derniers sont largement communiquants comme ils le sont dans
notre lac? (II. 151.)'.,
6° Dans la formule des seiches, quelle est la valeur de h qui doit
représenter l’intervention de la profondeur pour la durée de la période?
Est-ce la profondeur suivant le grand axe du lac? Est-ce suivant le
profil de la plus grande profondeur? Ou encore est-ce la profondeur
moyenne des divers profils?
7° Les courants du lac, aussi bien les courants de surface que les
•courants profonds. Leur observation dans le Léman est insuffisante.
<11. 275-288.)
J’ajoute ici u ite t cætera pour embrasser les points que je négligerais
•dans cette revue finale.
Les questions qui se. sont posées à moi au cours de ces études sur
le Léman, et que je ne suis pas arrivé à résoudre, sont donc peu nombreuses,
et les plus difficiles d’entre elles n’étaient pas môme de mon
ressort spécial, par le fait qu’elles doivent trouver leur solution dans
d’autres lacs. Est-ce à dire qu’il ne reste plus rien à étudier dans notre
lac et que j’aie épuisé tous les problèmes d’histoire naturelle que le
Léman puisse offrir ? Qu’on ne m’attribue pas une telle sottise! Je serais
•bien humilié si quelqu’un de mes lecteurs pensait à m’accuser d’une
aussi outrecuidante mésintelligence des choses, et d’une suffisance
aussi impertinente.
Chaque naturaliste, chaque étudiant de la nature a devant lui une
tâche limitée, d’une part par les bornes de son esprit et de ses connaissances,
d’autre part par l’état actuel de la science à l’époque où il
travaille. Les questions qu’il cherche à résoudre dépassent celles de la
génération qui l’a précédé, car il dispose de toutes les trouvailles de
ses ancêtres en science ; mais elles seront dépassées par celles de la
génération qui le suivra, parce que celle-ci bénéficiera des découvertes
que lui-même et ses contemporains auront faites. Heureux celui qui
sait trouver réponse à quelques-Uns des problèmes qui s’offrent à lui;