464. HISTOIRE
Enfin certaines pièces archéologiques, comme le vase de bronze
fondu de Corcelettes, au musée de Lausanne, du certaines fibules sont
de types évidemment étrangers et indiquent une importation nécessaire
de pays plus ou moins éloignés.
Comment ces produits étrangers sont-ils venus dans notre pays ?
Etaient-ils la possession des tribus envahissantes lorsque les Pala-
fitteurs sont àrrivés dans notre contrée et s’y sont établis ? Ce serait
admissible pour l’ambre, pour la néphrite peut-être, si nous continuions
à soutenir l’idée de son importation asiatique; mais c’est inacceptable
pour les métaux qui n ’ont été introduits que dans le cours
des âges lacustres, le cuivre, l’étain, le bronze, l’or, l’argent et plus
tard le fêr. Rien n indique une nouvelle invasion au commencement
de 1 âge du bronze. Etait-ce' des trophées de la guerre, et lin butin
conquis sur l’ennemi ? C’est possible, en partie. Il est très croyable
que dans leurs excursions belliqueuses nos Palàfitteurs se soient
heurtés à des tribus étrangères et que lorsqu’ils étaient vainqueurs, ils
leur aient ravi leurs plus précieux trésors. Mais cette interprétation
n explique pas tout. Le bronze en effet est devenu d’un usage si général,
il a remplacé et déplacé tellement l’emploi de la pierre pour la
fabrication des instruments tranchants, l’industrie du bronze a acquis
un tel caractère d’unité, soit par la forme des instruments, outils et
parures, soit par leur ornementation, qu’il est impossible d’attribuer
uniquement à la rapine et.au brigandage l’apport de ce métal. Nous
pourrions du reste répéter encore ici ce que nous avons dit plus haut
des fonderies de bronze trouvées dans les ruines des palafittes.
Reste la troisième hypothèse, la plus naturelle, celle d u commerce-
11 est incontestable que déjà dans cette antiquité préhistorique il existait
un commerce fort étendu venant en partie des régions civilisées
de la Méditerranée, en partie des contrées sauvages.habitées pàr ceux
que les Grecs appelaient, des Rarbares. Les "navigateurs Phéniciens-
avaient probablement déjà fait le périple de l’Europe, et des colporteurs
ambulants visitaient sans doute en temps de paix les tribus de l'intérieur,
Mais qui dit commerce, dit échange. Quelles étaient les valeurs:
d échange que les Palafitteurs de l’Helvétie préhistorique- pouvaient,
offrir en paiement des produits étrangers qu’on leur apportait ? Ce
n’est pas très évident.
PALAFITTEURS 465
Ils étaient des peuples chasseurs, pêcheurs, agriculteurs, c’est ce
qui est prouvé par les monuments qu’ils nous ont laissés. Leurs armes:
leur servaient à tuer les animaux sauvages ; Sangliers, Cerfs, Chevreuils,
Ours, Boeufs sauvages étaient leurs gibiers favoris ; les nombreux
ossements, restes de leurs festins, que nous trouvons sous leurs-
palafittes, montrent que la chasse fournissait abondamment à leur,
alimentation. Ils péchaient le poisson des lacs, peut-être à la mode des
Péoniens du lac Prasias: « Ce lac est si poissonneux qu’en y descendant
un panier par la trappe on le retire peu après plein de poissons »,.
U en était de même chez nos lacustres, étant donné les moeurs de nos
poissons indigènes qui en été s ’accumulent en troupes serrées partout
où ils trouvent de l’ombre. En plus, ils avaient des filets (Ro-,
benhausen) et des hameçons en-os ou en métal (passim). Quant à leur-
agriculture nous la connaissons par leurs houes et charrues en bois
de cerf, par leurs faucilles de bronze, par les graines (blé, orge, seigle,
froment, lin) dont nous avons trouvé les restes carbonisés-dans plusieurs
stations.
Mais toutes ces industries ne donnaient guère des objets d’échange.
Le transport des" viandes n’était pas possible ; le gibier ou le poisson
n’avaient de valeur que sur place; le blé, le lin-étaient des marchandises
trop encombrantes pour un transport à distance en l’absence
de routes carrossables. Les fourrures, les pelleteries seules
pouvaient s’exporter; en fait de fourrures il n’y avait que celles de-
l’Ours, du Lynx, du Chat sauvage, du Castor-et de la Martre, en fait de
peaux celles de tous les animaux sauvages ou domestiques. Mai»,
était-ce bien un objet de commerce actif dans ces temps primitifs où
il y en avait partout? il est permis d’en.douter.
Des métaux précieux, le pays n’en produisait pas. L’Arve, l’Emme,,
le Rhin, l’Inn, charrient quelques paillettes d’or, mais en quantités
insignifiantes. L’or et l’argent dont nous trouvons quelques parcelles-
dans les bijoux de l’âge du bronze étaient sans doute d’importation ,
étrangère ; ce nlétait donc pas une valeur utile d’échange. '
En fait de marchandises d’exportation nous ne voyons que le bétail
animal ou humain. L’élève du bétail était poussée assez loin si nous
en jugeons par les races variées que l’on reconnaît chez les Boeufs, les-
Moutons, les Chèvres, les Cochons et les Chiens. Nos Palafitteurs
avaient déjà l’industrie du fromage, comme nous le prouvent les vases--
percés de trous que nous retrouvons dans chaque station.; mais le