ques Diatomées et de quelques algues Cyanophycées, et d’une Mousse
•chlorophyllée qui se fixe sur les pierres là où celles-ci émergent du
limon.
2° Une zone inférieure, à partir de 60m de profondeur, dans laquelle
règne sans interruption le calme presque absolu, aux points
■de vue mécanique, thermique et lumineux.
3° Une zone de là 'plaine centrale. JMoüs avons encore une troisième
zone à signaler, la région très profonde du lac, la zone de la plaine
•centrale. Par suite du dépôt de l’alluvion fluviatile impalpable trans-'
portée dans les grands fonds par convection hydrostatique le plafond
du lac en se surélevant s’est aplani en uné surface parfaitement horizontale.
Cette plaine centrale est dans le Léman à une profondeur de
309™; elle mesure 60k™2(2). Les conditions physiques de cette plaine
•diffèrent à deux points de vue du reste de la région profonde.
1° Les eaux y sont troubles. L’eau des affluents chargée d’alluvion
fluviatile, l’eau du littoral chargée d’alluvion lacustre soulevée par
les vagues d’une tempête sont assez alourdies pour dépasser en densité
les eaux les plus pesantes du lac, e t elles descendent sur la plaine
centrale!3). Là elles déposent leur alluvion; maisce colmatage se fait
. -si lentement^) qu’il est à peine probable que l’eau de cette région ait
le temps de se clarifier avant un nouvel apport d’eau sale. Pour le Léman
dont le principal affluent est un fleuve glaciaire, la saison d’été
•est celle qui amène le plus d’eau trouble dans les grands fonds du lac.
2° Tandis que les eaux de la région profonde ont une température
■presque constante, modifiée seulement par les tçès faibles variations
cycliques, les eaux de la plaine centrale subissent des variations plus
-étendues et plus brutales, et cela par le fait de deux actions opposées
: -
a. Lés eaux troubles des affluents et du littoral qui, alourdies par
leur charge d’alluvion descendent dans les plus grands fonds du lac
sont, en été, de température relativement élevées. Ce sont donc des eaux
■chaudes qui doivent contraster notablement avec les eaux froides de
la région des très grands fonds. Leur apport étant accidentel, cet effet
■de réchauffement doit être irrégulier, et la température de la région
«en est diversifiée dans le sens positif
0) T. 1. p. 3 8 f - (2) T. I, p. 48. . •© T. I, p. 367. (q T. I, p. 107.
SOCIÉTÉ ABYSSALE 257.
b. Pour un lac du type tropical (*), comme le Léman, dont les eaux
profondes sont ordinairement plus chaudes que 4°, les eaux littorales,
qui en hiver descendent à 4°, sont plus lourdes que les eaux profondes
du lac; il s’établit donc un courant de convection thermique qui fait
descendre ces eaux littorales froides dans les grands fonds et les fait
s ’étaler sur la plaine centrale. De ce fait il y a différenciation thermique
accidentelle dans le sens négatif.
Eaux constamment ou accidentellement troubles, eaux à état thermique
relativement plus variable, ces conditions physiques séparent
bien la zone de la plaine centrale du reste de la région profonde. Cette
distinction est-elle valable aussi au point de vue biologique? Je n’ai pas
d ’observations suffisantes pour l’affirmér. Je me borne donc ici à en
signaler la possibilité.
J’essaierai de résumer dans le tableau de la page 258, ci-après, les
conditions de milieu des deux régions principales et de leurs zones dès.
la surface jusqu’au fond de notre lac.
5° Le climat de la région profonde.
Pour mieux définir ces conditions d’habitabilité des grands fonds du
lac, je vais essayer de faire un tableau du climat de ces régions; je
supposerai un animal émigré de la région littorale et je me demanderai
sous quels traits il décrirait le pays dans lequel il arrive. Je laisserai
•de" côté dans cette description tout ce qui se rapporte au sol, à ce limon
uniforme et monotone, sans accident et sans limite, dont nous avons
donné une idée suffisante; je m’en tiendrai à ces conditions de milieu,
variables, qui font ce qu’on appelle le climat.
Descendons d’abord à 3 0m de profondeur, à la limite supérieure de
la région profonde, L-’hiver y est la saison brillante de l’année. L’eau
déjà éclaircie en automne devient dé plus en plus transparenté, jusq
u ’au mois de mars ou d’avril. Pendant ces mois d’hiver, à 30™ de
profondeur, un animal doit pouvoir discerner quelque chose du sol sur
lequel il repose, durant les heures de jour, lesquelles augmentent à'
partir du solstice ; il doit voir la voûte de son ciel éclairée d’une belle
couleur azur, intense. Par suite dés phénomènes d é réfraction dès
(’) T. II, p. 300 et 355.' - ,r < , ,