{passim) ; elles venaient les unes de la Baltique, les autres/ de la
Sicile ( ‘).
Certaines pierres de qualité supérieure que l’on peut désigner sous
l’appellation de néphritoïdes : néphrite, jadéite, chloro-mélanite. L’origine
de la néphrite a été pendant longtemps l’objet de longues dissertations
et de patientes recherches. Lorsque l’on eut trouvé des haches
et autres objets de néphrite dans nombre de stations de l’âge de la
pierre, spécialement dans les lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Constance,
on fut bien embarrassé pour en préciser la provenance. Ces
pierres étaient inconnues dans lés .Alpes, à l’état de gisements en
place, ou dans la plaine subalpine, à l’état de blocs erratiques. Les gisements
originaux de cette substance devaient être cherchés ou bien
.en Nouvelle-Zélande, ce qui était inadmissible, ou bien dans le Turkestan,
le Thibet, ou la Sibérie orientale, ce qui était encore bien
éloigné.
Dés recherches attentives, soit dans les collections minéralogiques,
soit dans la nature, ont cependant amené à la probabilité que la
néphrite et la jadéite seraient d’origine européenne. Trois blocs erratiques
de provenance Scandinave ont été recueillis dans les plaines de
l’Allemagne du Nord, à Schwensal, à Leipzig et à Potsdam. En Styrie
on a trouvé dans le Saunthal deux blocs roulés de néphrite qui sont
conservés dans le musée de Gratz. MM.,B e ck et H. M e s s ik om m e r
ont fait déterminer deux galets de jadéite brute trouvés par eux su r
les plages du lac de Neuchâtel.En 1884, le D1' H. T ra u b e , de Breslau,
a découvert un gisement en place de néphrite dans le voisinage de
Jordansmühle, dans le Zobtengebirge en Styrie (2).
En 1885, le comte de L im u r, à Vannes, a découvert au lieu dit Ro-
guédas, golfe du Morhiban, non loin de Conleau, un filon de jadéite
baigné par la , mer, mis à sec à marée basse. Le filon doit être
épuisé (3).
En 1 8 8 9 ,F e lle n b e rg , de Berne,signala la présence de la jadéite au
Piz Longhin, val Bregaglia, Grisons ; une analyse plus attentive moh-
, (!) Il y a bien dans nos contrées quelques gisements d’ambre, entre autres dans
les couches du flysch ; le musée de Lausanne en possède de beaux échantillons venant
des AUinges en Savoie, donnés en 1890 par l’ingénieur A.De l ebe eque . Mais
cet ambre est fragile et fissuré et ne se prêterait pas à la taille en bijoux.
P) Voyez pour ces différentes trouvailles : R. Forrer. Antiqua, Zurich 1884 p. 1,
81, 121 ; 1885 p. 29 ; 1888 p 87.
.(*) J. Thoulet, Nancy 6 octobre 1893 in litt.
tra que c’est non de la jadéite ou de la néphrite, mais de 1 idocrase
•(vésuviane). Cette idocrase néphritoïde a toute l’apparence des vraies
néphrites, et peut avoir été utilisée par les anciens Palafltteurs. Cette
môme idocrase néphritoïde a été trouvée dans le voisinage du lac
Mattmark, vallée de Saas, Valais; C. S c hm id t ( ‘).
En présence de toutes ces constatations, il est difficile de maintenir
la première interprétation qui allait chercher la néphrite en Turkestan
•ou en Sibérie. C’est dans nos Alpes même, ou plutôt dans les .galets
des terrains glaciaires venant des Alpeâ, que les Palafltteurs trouvaient
la néphrite. Mais si l’apport de la néphrite par le commerce doit être
probablement écarté, il n’en reste pas moins un fait admirable, c’est le
prodigieux tact de minéralogiste dont faisaient preuve nos ancêtres
des villages lacustres ; ils ont su découvrir, ou les gisements, ou les
■blocs erratiques de pierres qui ont échappé pendant bien longtemps
-à la recherche intense et ardente des géologues modernes, qui ont
échappé en particulier à l’étude détaillée faite dans ,les Alpes pour
l’établissement de la carte géologique.
Laissons donc de côté la néphrite dont l’origine est encore douteuse.
Nous trouverons assez d’autres produits étrangers authentiques.
Lqs Palafltteurs ont reçu le cuivre qui dans les premiers temps a
■parfois été introduit à l’état de métal pur, sans alliage, tellement que,
comme nous l’avons dit, dans certaines stations on a pu parler d’un âge
du cuivre ayant précédé l’âge du bronze. Plus tard les Palafltteurs ont
reçu l’étain et le bronze. Le cuivre existe bien à l’état de minerai dahs
quelques vallées élevées des Alpes. Mais ainsi que nous 1 ayons vu plus
haut, il est peu probable que ce soit là que la métallurgie du cuivre
ait été inventée, et il est certain que dans les premiers temps du moins
ce métal a été importé. Quant à l’étain il n’existe pas dans les Alpes ;
les minés les plus rapprochées sont celles du Limousin, de l’Armori-
-que, de la Toscane, de la Saxe, de la Bohème et des Cornouailles.
Quelques bijoux d’or ou d’argent ont été trouvés dans les stations
lacustres ; ils sont aussi évidemment d’importation étrangère.
Des perles de verre ou d’émail d’apparence phénicienne ont été
recueillies dans certaines stations (Guévaux).
(!) E. v. Fellenberg- Ueber Jadeit vom Piz Longhin. Neues Jahrbuch f. Minéralogie
1889 t. I.
Voir aussi Revue geolog. suisse. Arch. de Genève XX.I 218, 1889. XXIII 286 ^
1890. XXV, 421.1891.