remontions dans l’histoire, est absolument barré au point dè vue des
migrations par la Perte de Bellegarde (').
b. Le Grenet, affluent de la Broyé, déverse en partie ses eaux dans
J e lac deBret et par conséquent dans le Léman, depuis l’an 1875(2).
c. Le canal d’Entreroches qui a fait communiquer le lac de Neu-
-châtel à la Venoge à travers le Mormont de 16-40 à 1830; il a probablement
servi de voie d’immigration pour la Lotte (3).
d . Le canal du Moulin de Pompaples, moulin Bornu, près La
.Sarra, qui divise le Nozon en deux branches se déversant l’une dans
la Thièle du lac de Neuchâtel, l’autre dans la Venoge du Léman (4). C’est
un bief artificiel, car la division naturelle d’une rivière en deux bras
n ’est possible que comme phénomène géographique temporaire; l’une
■des deux branches ne tarde pas, par la prédominance de l’érosion dé
-son ht, à absorber l’autre branche. Donc, ce canal creusé par l’homme
pour amener de la force motrice au Moulin de Pompaples n ’existe pas
d e toute antiquité historique ou géologique; son établissement ne peut
être très ancien. De quand date cette création ?
Les documents historiques nous en parlent a partir de l’an 1481.
Mais-son existence ne peut-elle être plus ancienne?
Vitruve, 1er siècle avant J.-C., décrit déjà des moulins mécaniques
-du temps d’Auguste (5).- Mais si ces artifices étaient connus dans les '
-centres de la civilisation antique, avaient-ils déjà pénétrés jusque dans
les forêts de l’Helvétie? On en peut douter! Cependant les moulins apparaissent
déjà dans les codes des peuplades germaniques qui avaient
-envahi la Gaule: la loi Salique, titre XXIV (date de 480, à 511), la
loi romaine des Burgondes, dite loi Papien, titre XVII (date de 474 à
516), la loi des Allemands, § LXXXVI (date d e'613 à 622), parlent
toutes les trois des moulins (6). Je trouve mention des moulins de Genève
en 563 à propos de la catastrophe de Tauredunum(?). Les plus
anciennes citations que le prof. Dr G. F a v e y ait retrouvées dans des
(*) Voir ci-dessus, p. 10.
(!) Voir p. 275.
(3) Voir pp. 10, 276 et 329.
(4) Voir p. 275.
(5) Vitruve. Les X livres Architecture. X. x.
(81 G. Favey. 6 mars 1901 in litt.
_ ( 7) Et pont em Genevacum, mo l ina s et homi ne s per vim dei eci t
ar>i Aventic. chronieon. Mém. et Doc. Soc. hist. Suisse romande xiii, 38.
actes historiques se rapportent aux années 961 (testament de la Reine
Berthe), 969, moulin de St-Prex, 1009, moulin d’Yvonand, 1049, moulin
d e Crozet à Ferreyres près La Sarra. M. Favey estime que les moulins
ont été assez généralement établis dans notre pays à partir du Xe siècle,
peut-être avant (*).
Cependant pour ce qui regarde le moulin de Pompaples qui n’est
pas cité nominativement avant un acte de 1481, il ne doit pas remonter
avant le XIe siècle; il est une dépendance du château de La Sarra qui
a été bâti vers 1049. Il n’est.pas probable que dans ce cas le moulin
ait précédé le château, et en tous cas, le bief a été creusé pour -le
moulin. La bifurcation historique du Nozon qui joint les deux bassins
du Rhône et du Rhin est donc un fait artificiel et ne doit pas remonter
-au-delà de la moitié du XIe siècle.
Donc les voies à nous connues pour l’entrée du Poisson dans le
Léman sont trop modernes pour expliquer l’existence de la faune
ichthyologique que nous avons constatée en 1150,1288 et 1376.
Des conclusions importantes se déduisent de cet ensemble de faits,
-et s’imposent, semble-t-il, à nous.
T. Après et depuis la différenciation géographique du bassin hydrographique
du Léman et du Rhône supérieur, ou plus précisément depuis
l’établissement du Léman à l’état de grand lac (suivant mes idées
personnelles depuis et après l’époque glaciaire) il y a eu une voie de
communication avec un autre bassin hydrographique voisin.
II. Cette voie a été, non pas comme celles que nous connaissons
aujourd’hui, un petit ruisseau, mais un fleuve par où les Gorégones et
l’Omble ont pu passer.
III. Cette voie entre les deux bassins a été ouverte lorsque le bassin
hydrographique d’origine avait reçu une partie déjà de sa population
ichthyologique, les dix-sept espèces de la faune indigène du Léman,
-sans compter les Corégones; elle a été fermée avant que toute la population
actuelle, une trentaine d’espèces, sans compter les Corégones et
les Poissons à migrations marines, y soit arrivée.
IV. Quelle a été cette voie? Etait-ce le déversoir des eaux du lac de
Neuchâtel qui passait par la cluse d’Entreroches pour aboutir au Léman
p a rla vallée de la Venoge(‘) ?
0) Voyez tome I, p. 205, et 223 à 226.
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