Il serait prématuré de faire un tableau de l’ensemble des organismes;
je n’essaierai de le donner que pour les organismes supérieurs.
Quant aux Vers, Protozoaires et Thallophytes, ce sera l’affaire de
nos successeurs qui disposeront de plus de matériel d’observation
que nous.
Espèces établies dans la région littorale proprement dite, à l’exclusion
des lagunes et estuaires qui sont habités par la société des marais ou,
des rivières :
Cygne, Mouette rieuse. — Perche, Chabot, Lotte, Carpe, Tanche,
Goujon, Spirlin, Ablette, Rotengle, Gardon, Chevaine, (Anguille). —
Haemonia equiseti, Sigara Lemani. — La plupart des Hydrachnides
que nous avons énumérés. — Ecrevisse, Gammarus puléx, Asellus-
aquaticus, la plupart des Entomostracés. — Tous les Mollusques énumérés,
sauf les espèces spéciales à la région profonde. Tous les
Bryozoaires, les Spongiaires, les Hydraires.—Un très grand nombrede
Vers et de Protozoaires.
Espèces temporaires : Cincle, Martin-Pêcheur, tous les Echassiers,
tous les Palmipèdes de passage. — Gravenche, Truite, Brochet. — Les
larves d’insectes, Ephémères, Phryganides, Némocères.
Espèces erratiques : Musaraigne d’eau, Rat d’eau, Loutre, Couleuvre
vipérine, Grenouille verte — Vairon, Loche franche, Ombre de rivière.
— Tous les Insectes, les Hydrachnides et les Entomostracés des eaux
campagnardes — lès Entomostracés pélagiques, etc., etc.
Pour le règne végétal l’énumération sera rapide des Phanérogames
et Bryophytes lacustres de la région littorale : Myriophyllum spicatum,.:!
Ceratophyllum demersum, Potamogetón crispus, P. perfoliatus, P-
lucens, P. pusillus, P. füiformis, P. pecünatus, Elodea canadends,
Fontinalis antipyretica. Quant aux algues je n essaie pas d en faire
l’énumération.
En fait de questions générales sur les faunes et flores littorales, je j
n’ai à parler ici que de l’effet du milieu sur les espèces aquatiques
habitant cette région, en l’opposant au milieu des autres eaux douces.
Les espèces aquatiques venant des marais, étangs, fleuves et rivières,.
transportées par migration active ou passive dans le lac, et s’établissant
dans la région littorale, y trouvent des conditions de milieu assei ,
semblables à celles auxquelles elles sont adaptées. Même composition j
chimique de l’eau, pression analogue, variations thermiques du même
ordre, éclairage identique. La nourriture peut varier en qualité et en
quantité, la lutte pour l’existence contre les autres espèces changer de
caractère; cependant, en général ces conditions sont analogues, sinon
identiques.
Un seul fait varie, mais il varie grandement, c’est ce qui concerne
l’agitation de l’eàu. L’eau d’un lac est irrégulièrement mise en mouvement
par les courants et surtout par les vagues. Ce ne sont plus les
courants constants et à peu près réguliers d’un fleuve ou d’une rivière;
l’eau du lac est ordinairement calme. Mais elle peut être à certains moments
violemment remuée, bouleversée par les vagues d’une tempête.
Animaux et plantes seront tués s’ils ne sont pas adaptés pour résister
A ces orages (l). Les plantes lacustres devront, ou bien être élastiques
comme les Roseaux, les Scirpes, etc., ou flexibles comme les Pota-
mots, Myriophylles, etc., et encore ces derniers sont-ils souvent,sur les
côtes trop exposées, déchirés ou brisés par les vagues; ou bien s’établir
à une profondeur suffisante pour n’être pas arrachées par les flots
(Chara, Nitella); ou enfin être en nombre immense, pour qu’il en reste
toujours'quelque graine (Diatomées).
Pour les animaux qui sont plus mobiles que les plantes, il ne peut y
avoir quedes espèces peu vagabondes qui restent établies définitivement
dans la région littorale. Toutes les espèces grandes nageuses seraient
entraînées par les courants et iraient se perdre en plein lac. 11 n’y a
d espèces littorales que des animaux fixés (larves de Phryganides à
fourreaux adhérents, Plumatelles, Spongiaires), ou bien des animaux
nageurs à petit vol (Sigara Lemanï), ou des animaux marcheurs qui
savent s’enfouir dans le limon ou s’attacher à une plante quand le
lac est trop agité, des animaux qui savent se cacher dans les galeries
sous les pierres, ou enfin des animaux limicoles (Lamellibranches,
Vers oligochètes, etc.).
11 est difficile d’attribuer des caractères généraux communs à l’ensemble
des organismes des sociétés littorales. Les conditions de vie
sont bien différentes, depuis le port abrité d’un golfe ou d’une lagune,
au cap exposé au choc de la tempête, depuis l’eau putride d’une bouche
d’égout à l’onde cristalline d’une grève abrupte, depuis la vase d’une
anse tranquille à la muraille des rochers qui plongent sous l’eau; dans
de telles diversités d’habitat, les sociétés organiques sont fort diffé-
(') Rappelons nos Grenouilles qui se noyaient dans le lac agité (V. p. 54).