trement des aiguilles du MélèseO); elles atteignent jusqu’à 40cm de
diamètre dans le lac de Sils. Dans le Léman j’en connais deux types :
les unes sont formées de filaments quelconques animaux ou végétaux,
fibres dilacérées de plantes lacustres et terrestres, poils et cheveux de
Mammifères, dans les débris de poussières aquatiques accumulées au
fond de certains golfes (golfe du Parc de Morges, golfe du Bouveret);
les autres sont formées
presque uniquement
des poils
de Boeuf, de Veau,
de Chèvre, rejetés
au lac avec l’eau
de macération des
cuirs (Tanneries'
de la Blancherie, à
Morges) (fig. 227).
Les pelotes fibreuses
sont d’abord
de longs bo urrelets
cylindriques,
en forme de saucisse;
ces bourrelets
se brisent en.
fragments ovoïdes
(Fig. 227.) Pelotes fibreuses, a fibres végétales,-golfe du Parc
de Morges. b et c, poils de mammifères, tanneriés de Morges.
b, pelote en formation, non encore serrée, c, pelote serrée, roulée
par les vagues.
, ■' ■'... (fig- ¿27 a), qui,
roulés par les vagues, finissent par devenir sphéroïdes ou sphériques
(fig. 227 b et c).
Ces pelotes fibreuses n’offrent pas grand intérêt biologique; c’est
plutôt un lusus naturae.
(‘) Voir Brügger. Programm der Bündn. Eantonschule 1870. — J. Coaz. Üeber
Seebälle. Mitth. d.,Naturf. Ges. in Bern, 20 Dee. 1884.
CHAPITRE VI. — L’INDIVIDUALISME DU-LAC
Dans' mon manuel de Limnologie générale^), j’ai, à plusieurs re prises,’
insisté sur le fait que chaque lac est un individu géographique
bien séparé de ses congénères, dans lequel les faits physiques et biologiques
se développent comme dans un monde à part, indépendamment
de toutes relations avec les autres lacs.
Cela est vrai pour la genèse du lac; les faits géologiques qui ont
amené son établissement se rapportent à lui seul, et n’ont rien à faire,
si ce n’est par leur ressemblance, avec la formation des autres lacs.
Cela est vrai pour la physique du lac; dans sa mécanique, les vagues,
les seiches, les courants, ces mouvements se passent dans sa masse,
et ne sortent pas de lui; sa thermique est influencée, il est vrai, par le
climat de la région, mais se développe localement dans ses eaux; sa
composition chimique est la résultante de celle des eaux qui sont ses
affluents, mais elle s’élabore, se perfectionne et s’achève dans son bassin,
sans communication avec les autres.
Qu’en est-il de sa biologie?
Le caractère individuel du lac y est bien apparent. Les animaux e t
les plantes de ses sociétés établies, naissent dans ses eaux et y meurent,
après avoir pourvu à leur descendance, qui assure la continuité
de l’espècé; animaux et plantes, par leurs sécrétions et par leurs cadavres,
fournissent des aliments à la vie de leurs voisins ; le microcosme,
qu’est le lac, suffit à la vie, à ses manifestations, à sa continuité. A ce
point de vue, le lac est un individu géographique parfait.
Mais le lac reçoit des organismes qui lui sont apportés des eaux
campagnardes de son bassin, par les affluents. De même que la composition
chimique des eaux du lac dépend de la quantité des sels qui
lui sont amenés par les rivières, de même que la thermique du lac est
(*) E.-A. Forel. Handbuch der Seenkunde. Stuttgart 1901.