habitué, que dans quelques cas rares où l’espèce est douée d’une
faculté étendue d’adaptation (espèces e u r y h a l in e s de P a v e s i) .
Il en résulte que dans les lacs d’eau douce, les organismes des
fleuves, ruisseaux, étangs ou marais, tous masses d’eau douce, peuvent
s’y établir, s’y acclimater sans grandes modifications ; que, au contraire,
les organismes provenant des lacs saumâtres ou salés, ou de la
mer, transportés dans un lac d’éau douce, ou bien y périssent, ou bien
ne s’v acclimatent que s’ils sont susceptibles d’une adaptation étendue.
La composition chimique du milieu aquatique est donc, au point de
vue biologique qui nous occupe, un des facteurs les plus spéciaux de
chaque lac ; les différences dans cette composition chimique c’est ce qui
s ’oppose le plus efficacement à l’immigration d’organismes étrangers.
IV. Lie l é m a n e n opposition aux autres lacs d’eau douce. Au point
de vue biologique, les conditions de milieu qui intéressent les organismes
vivant dans notre lac peuvent se préciser comme suit :
1° Le Léman est un grand lac, avec ses 582km2 de superficie, son
volume de 88,920 millions de mètres cubes, sa profondeur maximale de
310m, sa longueur de 72km, sa largeur de 14km. Il est le plus grand lac de
l’Europe centrale et occidentale. Le lac Balaton le dépasse en superficie
avec ses 690km2, mais il n’a pas de profondeur ; les lacs italiens, le
Lario (414m), le Verbano (375m), le Benaco (346m), le dépassent en
profondeur, mais leur superficie e s t moins grande..
Il est cependant loin d’atteindre les dimensions des grands lacs du
Nord de l’Europe, Suède, Finlande, Bussie, des Etats-Unis d’Amérique,
de l’Asie et de l’Afrique équatoriale.
2° Les mouvements mécaniques, vagues et courants, y sont puissants.
La limite d’action utile des vagues est par 9m' de profondeur (*).
La vitesse maximale des courants observés est de 16 à 18m par
minute (2).
3° La composition chimique des eaux est celle d’un lac d’eau douce,
peu chargée de sels, 175ms par litre, dont les principaux sont : (3)
(<) T. XI, p. 266.
(2) T. II, p. 285.
(s) T. II, p. 587.
Silice. , ¿mg/litre
Chlorure de sodium 2
Sulfates alcalins i4 :
Sulfate de chaux 50
Carbonate de chaux 75
Carbonate de magnésie 20
Matières organiques 10
4° L’alluvion qui, après avoir été en suspension dans les eaux, se
précipite par décantation et forme le sol dn lac est une marne
argilo-calcaire (•). La proportion des silices et silicates insolubles dans
l’acide chlorhydrique varie de 40 à 80 °/0, en moyenne 60 %. Elle contient
suivant les régions’:
Silice et Silicates 40 à 80 °/a
Alumine et sels solubles de fer 2 à 6
Chaux 8 à 30
Mâgnésie ' . 1 à' 2
5° La température varie à la surface de 0° à 25°; dans les grands
fonds de 4.0° à 5.5°.,
Le Léman appartient au type thermique des lacs tropicaux sub-tem-
pérés A température abyssale constante' ( ■),
6° La limpidité des eaux est relativement grande. La limite de visibilité
peut y atteindre une valeur de 21m (3).
7» Le Léman est établi sur le cours du Rhône.
Son bassin d’alimentation est borné du côté de l’Italie, de l’Oberland
bernois, de la Savoie et de la France par de hautes montagnes, Alpes
et Jura, qui n’offrent aucune communication directe avec les affluents
d’autres bassins hydrographiques, par’lesquels un peuplement d’organismes
aquatiques aurait pu se faire. Sur lé plateau suisse, au contraire,
la limite des bassins hydrographiques est plus indécise, et il y a continuité
aquatique, pour deux de ses affluents au moins qui se partagent, en
s ’écoulant, par moitié ou alternativement, dans les bassins du Rhône et
; ■ f ) T. I, p. 122 sq.
(2) T. II, p. 304.
(«) T. II, p. 423.