9 octobre 1883.' 5 janvier 1884. 1" avril 1884. 18 mars 1881.
' 110»' 45m - 40'" 45m
Fredericclla Du Plessisi c 30 c 40
Planaria § S Î ÏX 4
Playiostoma Lemani ¡jSmjjip 2
Monotus morgicnsis 2 - 2 3
Hydra rubra 1 4
Je puis encore dire que d’autres fois j’ai compté dans un seul coup
. de drague 40 Niphargus, ou encore 150 colonies de Frédericelles, 30
Pisidies, 15 Piagiostomes, etc.
Outre les algues et les animaux vivants que nous venons d’énumérer,
nous trouvons sur nos tamisr quand nous avons lavé le limon de la région
profonde, des débris divers, organiques ou minéraux“ de provenances
fort dissemblables. J’y signalerai entre autres comme pouvant
avoir, directement ou indirectement, de l’intérêt pour la société biologique
de ces régions :
a. Des pierres et du sable transportés par des bateaux, par des
glaçons ou par des racines d’arbres à la surface du lac, et tombés pat-
accident dans les grands fonds ; les scories de coke, en grand nombre,
provenant des fournaises de bateaux à vapeur: celles-ci seront un jour
les fossiles caractéristiques de la couebe géologique du XIXe siècle..
b. Des fragments de bois et des feuilles qui, après avoir flotté à la
surface, se sont imbibés d’eau, se sont alourdis et ont coulé à fond.
c. Des graines de Characées, très reconnaissables par leur forme
ovoïde et par Parête spirale qui se déroule autour de la coque; elles
sont parfois fort abondantes.
d . Les os et écailles de Poissons, en très petit nombre. Leur rareté
est toujours pour moi un sujet d’étonnement; je n’ai jamais trouvé
dans ma drague un squelette ou un fragment de squelette de Poisson;
un ou deux corps de vertèbres, quelques écailles, une Côte, voilà tout
le produit de mes pêches dans le Léman.
Que deviennent les milliers, les millions de Poissons qui meurent
chaque.année dans le la c ? ||- Ceux qui périssent en été dans les eaux
de surface flottent sur l’eau, et sont ou bien rejetés à la côte par les
vagues ou bien dévorés par les Oiseaux. Mais les Poissons qui meurent
en hiver, alors qu’ils ont déserté la berne poiir émigrer dans les couches
moyennes ou profondes du lac, les Féras et les Lottes qui en
février sont descend ués à 200 et 300® de fond, et qui y périssent, que
deviennent-ils1? Comme nous le verrons plus tard, par le fait de la
pression, leurs cadavres -ne montent pas à la surface; ils tombent sur
le sol.
Qu’arrive-t-il de ces cadavres? Les petits carnassiers de-la faune
profonde et les microbes de la putréfaction peuvent bien se charger
des parties molles, mais le squelette ne peut être digéré que par d é plus
puissants estomacs. Y a-t-il des Poissons qui se nourrissent de ces
charognes? La Lotte est connue-comme l’hyène du lac, elle dévore
volontiers les cadavres : se charge-t-elle de débarrasser les eaux des débris
de Poissons morts? Ou plutôt ne sont-ils pas la proie des Poissons
carnassiers aussitôt qu’ils deviennent malades; ralentis dans leurs allures,
n e sont-ils pas mangés tout vifs avant d’avoir pu mourir de mort
naturelle?
Ces questions, auxquelles je ne puis donner de réponse décisive,
s’imposent à moi quand je compare la richesse ichthyologique du lac
avec la rareté des cadavres dè Poissons dans le produit de nos dragages
profonds. Ces faits ne sont du reste pas spéciaux à notre lac;
sauf quelques gisements exceptionnels, on a remarqué partout la ra reté
des Poissons fossiles dans les couches anciennes de la terre,
qu’elles soient lacustres ou marines(*).
e. Les coquilles des Mollusques, Limnées, Valvées et Pisidies, sont,
d é même que les os de Poissons, peu abondantes dans le limon du
sol du Léman; étant donné le grand nombre des Mollusques vivants
que j’y récolte, je suis toujours frappé de la rareté, des coquilles
mortes qui les accompagnent; dans le limon de la région profonde du
Léman devant Morges, il y a beaucoup plus de coquilles vivantes que
de coquilles mortes. — Des diverses explications possibles, j’élimine
sans hésiter Celle qui supposerait une grande rapidité dans le dépôt de
i’alluvion, de telle manière que la couche de limon qui correspondrait
à la durée dé la vie moyenne des Mollusques serait fort épaisse; nous
(‘) Dans tout le matériel dragué par le Challenger et les autres navires qui ont
exploré le fond des océans, J o h n M u r r a y et R e n a r d n’ont trouvé que deux
vertèbres et un os de l’épaule de Poissons (Deep sea deposits. Nature XXX 86
London 1884 ) Voyez au sujet de la rareté des cadavres animaux, les réflexions de
Nord'e n sk jo ld . Voyage de la Véga. Trad. franç. II 285. Paris 1888.