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 Branchitoma  spongillae, a été  reconnue par B r a u e r  (Nearoptera aus'-  
 triaca)  pour  appartenir  au  genre  Sizyra,  placé  entre  les  Osmyla  e t  
 Hemerobius,  tribu des Hemerobiens, famille des Névroptères planipen-  
 nes. J’en ai trouvé une 50e d’exemplaires en 4878 dans les  Spongilles du  
 port  de  Morges, quelques-unes  sur  les  Spongilles du  débarcadère de-  
 Morges  en  dehors  du  port. Depuis  lors je ne  l’ai plus revue. 
 N év ro pt èr e s .  ' 
 La tribu  des Phryganiens apporte à la faune  lacustre quelques  larves.  
 Les  unes, espèces  à  fourreaux mobiles, vagabondes, des  genres  Phry-  
 ganea, H ydroptila et genres voisins, sont isolées, peu nombreuses; sauf  
 deux  espèces dê Phryganea  et  la Sialis  lutaria L.,  ce  que  j ’en  ai vu  
 ne me permet  pas  d’en faire autre  chose  que  des  espèces  erratiques;  
 dans  la faune lacustre. 
 En  revanche,  d’autres  larves, d’espèces  à fourreaux fixés aux pierres  
 et bois de la région littorale,  sont  en  nombre  énorme.  Ce  sont incontestablement  
 des  espèces  établies  dans  le  lac.  Je  n’en  ai  reconnu:  
 qu’une  seule  espèce;  il  y  en  a  probablement  plusieurs.  Le  Tinodes  
 lurida (*), belle larve verte  de  8  à 40mm de longueur,  tisse  un fourreau  
 soyeux  serpentiforme, fixé  sur les pierres de là beine jusqu’à 2 à 3 ra  de  
 fond.  J’ai  élevé de  ces  larves  et j’en  ai obtenu  les  insectes parfaits  qui  
 ont été déterminés par  R. Mac  L a c h la n ,  de  Londres.  J’aurai  à  en.  
 parler  plus  longuement  lorsque  je  traiterai de  la question des  galets  
 sculptés.  D’après  mes  élèves  en  aquarium  et  mes  observations  en  
 nature  (en 1877-79)  la ponte des oeufs  aurait  lieu  en juin  et juillet;'les  
 oeufs  éclosent  au  bout de 10 jours;  l’Insecte  vit  à l’état de larve pendant  
 l’automne,  l’hiver  et le printemps :  il se métamorphose en nymphe  
 vers  le milieu  de mai  et en insecte parfait vers le milieu de juin. 
 Dip t è r e s . 
 Les  Diptère s  sont très  abondamment  représentés  dans le  lac. Non  
 pas par la  famille des Culiciens ou Némocères piqueurs; —  je n’en  ai  
 jamais  constaté  les  larves dans  les  eaux de Morges  et  les  jardins  ali 
 (i)  D’après Mac Lachlan  c’est la même  espèce que Pictet a nommée Hydropsyche  
 miçrocephala ; j’y vois plutôt son H. maculicornis. 
 INSECTES 85 
 bord du  lac ne  sontjamais infestés par  le  fléau des Cousins,— mais par  
 la famille des Tipuliciens,  spécialement la tribu  des  Chironomidés. 
 Les  larves des  Tanypus  et  des  Chironomus  abondent dans  la vase  
 .aussi bien de  la  région  littorale que dans  celle de  la région  profonde.  
 Ces  dernières,  les  larves  de  Chironomidés de la région profonde,  sont  
 ■intéressantes  à  un double titre. 
 A.  Si peu  d’instants  après  la pèche on place une de  ces jolies  larves  
 blanches,  roses  ou  vertes,  sous  le  microscope,  on  constate  que  les'  
 trachées  ne  sont  absolument pas  apparentes. Avec un peu  d’attention,  
 on  peut  en retrouver les gros vaisseaux dans la profondeur  des  tissus  
 transparents,  mais  elles n’ont pas leur  aspect ordinaire  de  troncs noirâtres  
 ramifiés;  elles,  sont  vides  d’air  et  pleines  d’eau.  Ce  n’est  que  
 lorsqu’on  a laissé l’Insecte  séjourner pendant quelques heures  en  rapport  
 avec  l’air  atmosphérique,  dans  un  verre  peu  profond, que l’on  
 voit ces tubes trachéaux se remplir progressivement d’air, et se dessiner  
 par réfringence puissante au milieu  des tissus  sous la forme de canaux  
 noirs  à  contours  fortement  accentués.  Ainsi  donc la larve,  dans  là région  
 profonde,  a ses  tubes  respiratoires pleins  d’eau ;  elle  a une respiration  
 aquatique.  Cette  absence d’air  s’explique  par l’impossibilité des  
 rapports  avec  l’air extérieur;  confinée dans la vase  de  la  région pro-  
 fofide,  incapable  de  s’élever entre deux  eaux,  elle ne peut aspirer de  
 l’air à l’état  aériforme,  et ses trachées ne  contiennent que de l’eau. Elle  
 •est  donc  condamnée  à  une  respiration  aquatique.  Cette  respiration  
 -anormale est-elle  suffisante?  Evidemment oui,  puisque  l’animal  vit  et  
 se  développe. 
 ■Ce fait paradoxal est-il unique?  Non.  Nous  le  retrouverons  bientôt  
 •chez les Limnées,  et à  cette  occasion  ou plus tard  nous discuterons la  
 •signification  de la respiration  aquatique des  animaux  aériens. 
 B.  Je  n’ai jamais vu  en  plein lac  une  larve  de  Chironomien venir  
 éclore  à  la  surface  et  la  nymphe  s’y  changer  .en  insecte  parfait.  Ces  
 éclosions  se  rencontrent  sur  le  lac,  mais  seulement dans  la  région  
 littorale.  Ce  n’est  pas que  ces  larves soient incapables de  se transformer  
 en  nymphes  et  en  mouches.  Si  je  garde  en  aquarium pendant  
 quelques jours  le produit d’un  dragage profond en le  recouvrant d’une  
 gaze pour  capturer les  insectes, je vois bientôt des nymphes  de Chiro-  
 nomes  et de.Tanypes  sortir  du  limon, monter  à la  surface  de l’eau,  et  
 les mouches  s’envoler dans l’air. Mais, encore une  fois, ces  éclosions de  
 Némocères  n’ont  pas  lieu  en plein  lac,  et  la preuve en  est que les Hi