Les procédés de migration passive qui peuvent intervenir sont entre
autres les suivants':
a. Les organismes littoraux sont transportés par les Poissons su r
lesquels ils prennent normalement ou accidentellement insertion.
Ainsi une algue dont les filaments s’accrochent à une écaille de Pois-
son,- .ainsi les glochidiums des Naïades, ainsi les Piscicoles, les Crustacés
et les Vers parasites des Poissons.
b. Les glissements de terrain. Lorsque le talus s ’éboule dans la profondeur
(') comme cela s’est vu lors de l’effondrement des quais de'
Vevey en 1785, 1809 et 1877, des éboulements des quais' de Montreux
1883,1891, etc., comme cela a lieu fréquemment sur le bord du mont'
à Ouchy ou à St-Prex, le sol du littoral descend dans la région profonde
avec tous les organismes animaux et végétaux qu’il renferme. Ce
procédé est lelativement rare, mais il peut être très efficace dans les
localités où le phénomène se répète.
c. Les courants profonds,mécaniques, thermiques et hydrostatiques,,
ramènent de la rive vers le-plein lac l ’eau du littoral (2). Elle peut em- '
porter des germes ou des organismes qui se précipitent par leur densité
supérieure à celle'de l’eau dans les grands fonds. Ce procédé produit
son effet surtout dans le cas du courant de retour des grands
vents, la vague venant du large vient frapper le rivage,. soulève les
vases du littoral et met en suspénsion, avec les poussières minérales,
les poussières organiques, y compris les.animaux, les pjantes de la
société littorale ainsi que leurs germes.(3). Si l’on se souvient que ces:
courants peuvent être, très énergiques, qu’on lés voit charrier à des- •
centaines de mètres, à des kilomètres de distance les filets de-pêche* '
qu’ils tordent e t déchirent, on admettra que leur action de dissémination
des organismes peut être très active et qu’ils doivent contribuer
efficacement-à transporter-dans la région profonde les animaux et
plantes de la région littorale.
§ Un dernier procédé a peut-être autant d’importance quoiqu’il soit
plus accidentel : c’est le transport par des radeaux flottants à la surface-
du lac. Des animaux, dès ..algues du .littoral sont fixés sur les herbes,
aquatiques, sur les favas .ou sur les, débris végétaux apportés des eaux
(') T..I, p 147.
- (2j T. II, p.-275 sq.
(") T. I r, n. 2R>. "
terrestres dans le lac; ils y ont pris insertion et y ont déposé leurs
germes ou leurs oeufs. Ces radeaux sont entraînés en plein lac par les-
courants de surface; ils s’alourdissent par imbibition progressive de
leurs tissus; ils finissent par s’enfoncer et les organismes qu’ils portent
.descendent avec eux dans les grands fonds. C’est par (Ce . procédé de
dissémination, combiné avec le précédent que-j’explique la flore abondante
des Diatomées que nous avons rencontrée dans' la zone supérieure
de là région profonde (').
La p r o b a b i l i té de l’origine littorale des organismes abyssaux se-,
tire de la comparaison des listes d’animaux et de plantes. La grande
majorité des organismes de la région profonde sont représentés par
des formes, des variétés, ou des espèces, semblables ou du moins très
près voisines, existant dans la région littorale. Reprenons, pour le vérifier,
rémunération que j’ai donnée pages 233 et suivantes. •_
Pour les végétaux, il n’v a que le Thamvium Lemani de la barre--
d’Yvoire qui nous embarrasse; sa provenance est un problème non
-encore résolu. II.provient sans aucun doute dé Th. alopecurum des
eaux campagnardes de la contrée; mais comment est-il descendu dans
la région profonde du Léman ‘? Myst'èrè. Les Algues du feutre organique,
Oscillâmes, Palmellacées, Diatomées, viennent certainement des
eaux littorales; il n’y a aucune difficulté pour elles. '
Pour les animaux, je puis dire que tous sont des similaires ou des ■
dérivés immédiats des espèces littorales. Je ne reprends pas la discussion
pour les espèces banales et de provenance évidente; je ne parlerai
ici que de celles dont l’histoire est encore douteuse ou tout au moins^
compliquée.
Pachygaster tau insignitus, la seule espèce d’Hydrachnides qui soit
nouvelle, a été retrouvée, depuis sa découverte par moi et sa description
par Lebert-, non seulement dans une aire d’extension très vaste,
mais encore dans la région littorale du Léman; il n’y a ici aucune difficulté.
Niphargiis Foréli .et Asellus Foreli vont nous occuper dans un,
moment; ils sortent de la règle générale si, comme nous croyons pouvoir
le démontrer, ces deux espèces proviennent non des espèces littorales
voisines, mais des espèces des eaux souterraines.
H Voir ci-dessus, p. 236.