qu elles sécrètent (Bothryococcus Brauni, observ. de C h o d a t (*)), elles
deviennent nageuses « schwimmendes Plankton », forment une Fleur
du lac et s’accumulent à la surface.
Tout cela s’explique fort bien si l’on admet les migrations journalières
des animaux bons-nageurs, les Entomostracés et peut-être les
Rotateurs. Ces animaux, capables de mouvements actifs étendus, viennent
à la surface pendant la nuit — peut-être seulement les nuits où
le lac est calme, peut-être encore seulement les nuits où la lune ne
brille pas trop — et descendent pendant le jour dans des couches
moins éclairées ou obscures. C’est ce que, indépendamment l’un de
l’autre, nous avons établi, A u g. W e ism a n n (2), et moi-même (8) déjà
e n -1874. Quand j’étudierai plus loin la genèse de la société pélagique,
j ’aurai à revenir sur ces migrations.
Les migrations périodiques verticales ne sont pas probables chez les
Protozoaires, dont les mouvements actifs sont peu étendus; elles n’ont
pas heu chez les algues. Mais comme les gros Entomostracés forment
une partie notable du plancton, leurs migrations suffisent, à expliquer
les irrégularités dans la répartition du plancton révélée dans nos
pêches.
Je dis que les Entomostracés représentent une fraction importante
du plancton. Ce n’est pas par leur nombre; la numération des organismes
donne des unités ou des dizaines peu nombreuses de Crustacés,
en présence des milliers et des millions d’algues microscopiques.
Mais leur volume individuel est bien plus considérable; ils représentent
une masse beaucoup plus grande. C’est ce que je prouve
par les observations suivantes. Le produit de mes pêches de 1896 a été
■séparé en deux parties par un passage sur un tamis de fil de laiton, à
40 mailles par centimètre. Ce tamis arrêtait tous les Entomostracés
adultes, quelques-unes de leurs larves (Nauplius), les plus gros Rotate
u rs et les grosses algues, Pleurococctis et Anabaena; il laissait passer
les petites larves d’Entomostracés, la plupart des Rotateurs, tous les
Protozoaires, les Dino-flagellés, les Diatomées: J’ai mesuré les deux
parties' dans des éprouvettes graduées, et j ’ai obtenu en tant pour
■cent.:
H Archives de Genève 1895, XXXIV, 582.
(2).A. Weismann. Das Thierleben im Bodensee, Lindau, 1877.
( s) Faune profonde, II» discours. Actes de la Soc. helv. Sc. nat. Goire, 1874, p. 182.
Plancton fin Plancton
19 mai 1896 50 50
31 — 43 57
13 juin 25 75
— 16 84
5 juillet — 11 89
23 — 40 60
15 août 38 62
31 .'xÿSrSï — 43 57
6 octobre 29 71
10 déc. ■ — 33 67
21 février 1897 25 75
Moyennes 32 % 69 %
Les résultats sont très variables d’une pêche à l’autre; Cela dépend
avant tout de la présence ou de l ’absence de quelques Entomostracés
dé grande taille, Leptodora, Bythotrephes, et aussi de l’irrégularité de
la population pélagique du lac, qui varie notablement d’un mois à
l’autre.
Quant à la présence de Sida limnetica en grand nombre dans les
couches de 100 à 200® de profondeur (Yung, B la n c , F o r e l) , je ne
sais comment l’expliquer. Cet Entomostracé n’est pas relégué uniquement
dans ces-couches obscures. Je l’avais noté (S. crystallina) dans
la faune pélagique, que j ’étudiais autrefois seulement jusqu’à la profondeur
de 40m; je l’avais noté dans la faune profonde entre 30 et
50m de fond •(*). Que va-t-il faire dans cette couche de 100 à 200m,
peu attrayante semble-t-il, froide, obscure? Je né puis répondre à cette
question.
7° Composition du plancton.
Chercherai-je à caractériser le plancton du Léman ? On a essayé de
préciser la composition du plancton de certains lacs en disant que
c’est du plancton à Entomostracés, ou à Rotateurs, ou à Dinoflagellés,
ou à Algues vertes ou à Diatomées, suivant que, dans les pêches sur
lesquelles on se fondait, on reconnaissait la prédominance de l’un ou
de l’autre des organismes pélagiques.
(*) Forel, Faune -profonde, loc. cit. [p. 25]. p. 92 à 114.