lac recueillent à leurs plumes et à leurs pattes et transportent d’un lac
-à 1 autie, les animaux et les oeufs, et en particulier ce que Ton appelle
lés oe u fs d ’h iv e r des Entomostracés et d’autres animaux inférieurs,
les graines, les spores et même certaines plantes, telles que les Algues
-et quelques favas. Les Echassiers qui piétinent dans la vase ont plus
d’une fois été surpris portant à leur patte des Mollusques'lamellibranches,
qui serraient dans une contraction tétanique le membre
-glissé, par mégarde entre leurs valves. Les Oiseaux migrateurs emmagasinent
encore dans leur tube digestif les graines non digestibles de
diverses plantes, et après les avoir transportées au loin les rendent
-avec leurs excréments.
e) L’homme enfin agit puissamment, de propos délibéré ou involontairement,
pour la dissémination des organismes. C’est lui qui a introd
u it dans le Léman le Cygne, le Poisson rouge de la Chine, la Marène,
1 Anguille, peu-t-être la^ Lotte, VElodea canadensis, etc.
On peut encore distinguer les migrations par voie normale, et les
migrations par voie anormale, (pour abréger les migrations n o rm a le s
-et les migrations a n o rm a le s .)
Par mu/rations normales j ’entends celles qui ont lieu par les voies
naturelles, sans emprunter un milieu autre que, celui qu’habite l’organisme,
ou des moyens étrangers à sa vie physiologique.. Ainsi un Poisson
qui passe par un fleuve d’un lac à l’autre; ainsi une Diatomée qui
est transportée d un marais dans un lac par le ruisseau qui relie ces
deux masses d’eau; ainsi un Chironome qui né d’un oeuf et développé
à l’état de larve dans un étang, s’envole à l’état ailé et va s’établir et
pondie ses oeufs à distance dans un lac nouveau; ainsi un rameau
d Klodea ou d’une fava quelconque qui est emporté d’un port par les
courants et qui va peupler une anse abritée où son espèce était jusqu’à
présent inconnue.
Par migrations anormales j ’entends celles qui empruntent un procédé
accidentel et des voies différentes de celles du milieu habité par
1 organisme. Ainsi les germes que le vent charrie à travers l’air, à l’état
■de poussière, de la grève d’un lac dans un autre bassin aquatique; ainsi
la Cyclas ou l’Anodonte qui s’attache à la patte d’un Echassier et qui
-est apportée à cent kilomètres de distance par cet Oiseau migrateur;,
-ainsi cette graine de Potamogeton que je retrouve intacte dans l’estomac
d’un Plongeon, ces oeufs d’hiver de Cladocères qu’Aloïs Humb
e r t a recueillis sur les plumes d’un Grèbe et qui auraient pu être
transportés d’un lac à l’autre; ainsi les importations volontaires de
Poissons et de plantes d’eau que l’Homme , a faites dans ses essais de
pisciculture, etc.
La plupart des migrations actives so n t normales, la plupart des migrations
passives sont anormales; cependant les deux notions ne sont
pas identiques; elles ne se recouvrent pas, pour employer le langage
du géomètre. On connaît des migrations normales qui sont passives, le
transport d’un organisme flottant dans l’eau d’une rivière, par exemple-;
l’apport des spores des microbes dans les poussières de l’air. On connaît
des migrations anormales qui sont actives : ainsi une troupe de
Lemmincks qui passent à la nage une rivière placée en travers de la
route de leur émigration; ainsi éncore le .peuplement par l’Homme et
ses organismes domestiques des îles auxquelles il ne peut arriver que
monté sur ses bateaux.
Migration active, migration passive, migration normale, migration
anormale; dans leurs divers procédés rentrent tous les faits possibles
d ’introduction en une région d’un organisme venant, d’ailleurs.
. Cherchons à appliquer ces notions à l’étude des organismes de nos
sociétés lacustres du Léman.
2° Genèse des sociétés lacustres du Léman.
Les animaux et plantes vivant dans les rivières affluents d’un lac,
sont apportés à celui-ci par migration active ou par migration passive;
les uns par déplacement actif et volontaire (lés Poissons migrateurs,
par exemple), les autres par transport accidentel et passif dans l’eau
qui coule vers le lac. Que la rivière soit subaérienne ou souterraine,
cela ne change rien à l’affaire; un courant d’eau sourdant dans le lac
peut y amener les organismes de la nappe du sous-sol ou des rivières
souterraines. Quant aux marais,, étangs, quant aux autres lacs en
communication avec les affluents du lac qui nous intéresse, leurs organismes
passent directement dans la rivière qui leur sert d’émissaire,
e t arrivent par elle, directement aussi, au lac en question.
Donc, tous les organismes des eaux, de quelque nature qu’elles soient,
du bassin d’alimentation du lac, peuvent être entraînés dans les eaux
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