aveugles, ï\ iph argus et Asellus Foreli; ils ont la cécité des animaux des
cavernes, mais nous verrons qu’ils descendent probablement de la
faune-des eaux souterraines ; nous ne pouvons donc pas assigner la cécité
absolue comme un caractère essentiel des animaux de la faune profonde.
Nous én serions du reste empêchés par le fait que la grande généralité
des membres de la société profonde ont des yeux parfaitement
caractérisés. Crustacés, Hydrachnides, Mollusques, sont dans ce cas.
4? Les animaux de l'a région profonde ne sont pas fixés, ou adhérents,
à des corps solides, comme le sont Souvent leurs congénères de
la région littorale; c’est la conséquence de la différence des milieux,
violemment agité, dans un cas, absolument calme dans l’autre. Cette
modification n’apparaît pas dans les animaux limicoles qui, vu l’inconsistance
du sol sur et dans lequel ils se meuvent, ne prennent
d insertion nulle part. Mais c’est très évident dans d’autres groupes.
Les Frédéricelles qui dans la région littorale sont toujours fixées aux
pierres et aux rameaux des plantes lacustres, ne trouvant plus dans 1a,
région profonde de corps durs auxquels elles adhéreraient sont devenues
des animaux limicoles, mobiles et non fixés. Et cela si bien, et
d une manière si complète, qu’elles ne profitent pas même des corps
durs qui accidentellement tombent dans la région profonde, bois,
leuilles et scories de coke; ceux-ci ne portent jamais de colonies de
frédéricelles. ■ | Ils ne portent pas non plus les oeufs qui en général
sont adhérents à des corps durs. Les Limnées qui attachent leurs paquets
d oeufs aux rameaux des plantes du littoral, les Chironomes qui
les fixent aux murs des quais; quand ils sont dans les grands fonds les
déposent en une masse gélatineuse libre à la surface du limon. 11 en
est de même dès coccons de 1 ’Embolocephalus velutinus y cependant
j’ai retrouvé une ou deux fois ceux-ci adhérents à des feuilles d’arbre
gisant dans le fond.
5° La coquille des Mollusques de la région profonde est non seulement
plus ipetite que celle des espèces littorales, mais elle est remarquable
par sa fragilité, sa transparence, son apparence cornée; c’est
surtout le cas pour les Limnées et les Pisidies.
6° Les animaux qui normalement renferment dans leurs organes de
lait à 1 état aériforme, ne pouvant venir à la surface faire ou renouveler
leur provision de gaz, remplacent ce fluide par de l’eau : poumons
des Limnées, trachées des larves d’insectes.
I En . somme, les organismes que nolfs rencontrons dans la région
profonde nous apparaissent sous des formes petites, pâles, chétives,
rabougries, affaiblies. Ils semblent s’être mis en harmonie avec le milieu
monotone et immobile dans lequel ils vivent; cela paraît évident.
Mais par quel mécanisme cette adaptation s’est-elle faite? Est-ce par action
effective des conditions de milieu — par exemple : température-
basse, obscurité. —- qui entravant les fonctions de nutrition empêchent
l’organisme de se développer dans les dimensions et avec les forces de-
son type normal ? Est-ce par action indirecte de ces mêmes conditions
qui par leur calme et leur invariabilité leur pauvreté en matières-
alimentaires, par ex em p le -g n ’excitent pas les réactions fonctionnelles-
et par suite, ne les provoquent pas à se manifester, à se développer?
Est-ce une action, positive, est-ce une action négative du milieu ambiant?
f— Aucun argument direct ne m’entraîne vers l’une ou vers:
l’autre réponse; mais l’impression, c’est une simple impression que-
me donne l’ensemble des faits, me fait pencher pour l’action négative.
Le calme ne réveille pas ; le froid, l’obscurité n’exagèrent pas les phénomènes
de nutrition; la pénurie d’alimentation n’encourage pas à la
production de races de géants ; l’absence de facteurs positifs amenant,
l’absence de réactions aboutit à un résultat négatif, le rabougrissement
du type.
L’on pourrait aussi y voir la survivance du plus apte. Dans un milieu
immobile et invariable, la force, l’activité, l’exubérance de vie ne-
■trouvant pas leur application sont nuisibles; c’est le chétif, le ratatiné,
qui est le plus apte, car c’est.lui qui est le moins exigeant; c’est lui
qui est le mieux adapté aux conditions dans lesquelles il est appelé à.
■se mouvoir, c’est lui qui survit.
Genèse «les sociétés lacustres.
Genèse des sociétés aquatiques dp la région subalpine.
. L’histoire rétrospective des sociétés biologiques, leur origine, est un*
chapitre toujours intéressant. Par quels développements, par quelles
modifications et transformations, par quelles migrations les différentes^