Vers 1670, LL. EE sont en tractations avec le sieur Maximilien Y v o y,
Hy v o y ou Ivoy, ingénieur hollandais, au service de LL. SS. de Genève
(le constructeur du bastion d’ivoy). Elles le chargent de leur procurer
le dessin des galères militaires existantes sur le lac (dessins qui
sont conservés dans les albums du Conseil de guerre aux Archives de
Berne) 0 , de faire des projets pour de nouvelles galères 0 , d’étudier
l’état des galères bernoises, de faire des devis pour la réparation de
ces galères (1672), de surveiller leur reconstruction.
11 y a entre autres, dans l’Atlas du Conseil de guerre qui renferme les
dessins se rapportant à la marine, un projet de bâtiment tracé par la
main d’ivoy ; c’est un navire à quille, de type marin, qui ne ressemble
en rien ni aux galères ni à nos barques,' rien n’indique du reste que ce
projet ait été exécuté.
11 est à plusieurs reprises question d’un charpentier hollandais,
Daniel B e n t z , domicilié à Montagny près Yverdon, qui est indiqué
comme capable de réparer les galères de LL. EE., au besoin d’en construire
de nouvelles(3); tout au moins d’établir des chaloupes 0 . Toutefois
en janvier 1687, après qu’il eut présenté en collaboration avec
Isaac Ma s s e t des projets de construction de barques ou de galères!
5), il est signalé comme étant tombé en enfance et par conséquent
il ne peut avoir eu d’influence notable sur les transformations
dont nous recherchons fauteur.
Le successeur de Ma ndrot , qui avait obtenu en 1675 la concession
d’un-service régulier de marchandises entre Genève et Morges(6),
fut en 1687 Jean-Henry Hofer. LL. EE. lui imposèrent la construction
d’une nouvelle barque d’après les plans de l’Etat-major. Hofer envoya
à Berne un modèle du bâtiment projeté (7): ce modèle, conservé
dans les collections du Conseil de guerre de Berne jusqu’à la fin du
XVIIIe siècle, a disparu lors de l’invasion des troupes françaises en
1798; il ne peut être retrouvé à Berne. C’est grand dommage, car
c’était très probablement une barque de ce nouveau style, si l’on en
(*) Voir fig..244, page 588 ci-dessus.
(2j Kriegsrathes Manuale, XV, 210,1672. Archives de Berne.
(») Kriegsrathes Manuale, XX, 9 et 20,1687. Archives de Berne.
(*) Ibid., XV, 261, 1672. :
(5) Schifffahrt im Lande, II. Arch. de Berne.
(8) Voyez p. 586.
. (7) Kriegsrathes Manuale, XXIII, 24,. 28 février 1690. Arch. de Berne
juge d’après les termes de la patente de concession : « . . . Quant à la
seconde barque, le dit s? Ho f e r sera obligé de la faire construire et
garnir de tout attirail requis, et la faire servir à double usage, poui
qu’on s’en puisse servir en temps de paix et de guerre, et cë suivant
le dessin que pour cet effet luy sera fourny et présenté, par LL.
EE. »(') - . ) ; ; . ' '■
Henri Du Qu e sn e , baron d’Aubonne, le fils de l’amiral français
Abraham marquis D u q u e s n e , était lui-même ancien officier de marine
(capitaine de vaisseau). Il s'intéressa à la marine bernoise du Léman,
donna des plans, ou plutôt vérifia les plans de la construction du
port de Morges. (1690), puis s’offrit à diriger la bâtisse d’une de
ces barques à double usage, destinée au transport des marchandises,
mais pouvant être utilisée pour les intérêts de la guerre; ou plutôt, à
en juger par l’esprit qui régnait alors dans le Conseil de guerre de
Berne, barque de guerre, pouvant être remise en temps de paix au
service du commerce. Nous avons de Du Quesne dans les Manuaux
du Conseil de guerre de Berne une abondante correspondance à ce
sujet. Le 16 septembre 1687, le Conseil de guerre le charge de prendre
la direction de la construction d’un bâtiment « qui pourrait être utile
dans la paix et dans la guerre » qui pourrait porter 300 hommes, avec
10 pièces de canons (*); il invite le bailli de Morges à aider pour le
mieux Du Quesne 0 . Peu après nous voyons Du Quesne exposer dans
des lettres, malheureusement trop peu explicites, ses idées sur la construction
du dit navire : « Quant à moy, je crois qu’il faudrait commencer
par une espèce débarqué, de moyenne grandeur, différente néanmoins
de celles que l’on a faites jusqu’à présent sur le lac, mais qui pourroit
être propre à deux usages, soit dans ,1a paix soit dans la guerre, et si
cela réussit, comme je l’espère, on en pourrait faire d’autres plus grandes,
où l’on corrigeroit les défauts de la première, s il s’en rencontrait;
en tout cas je réponds qu’elle réussira infiniment mieux que toutes
celles d’aujourd’hui » 0 . Puis nous le voyons s’occuper de l’achat et
du transport des bois nécessaires pour la construction, nous assistons
(») Schifffahrt im Lande, II. Patente du 25 octobre 1689. Arch. de Berne.
(») Ce qui représente, d’après les analogies de la page 554, le port d’une centaine
de tonneaux rien que pour les hommes; pour les canons, mettons deux tonneaux
par pièce; cela fait 120 tonneaux en tout, pour la charge de cette barque.
(8) Kriegsrath’s Manuale, XX, 119, Arch. de Berne.
(4) Lettre de Henry du Quesne du 27 sept. 1787. Schifffahrt im Lande, II.