du Guilan, le coton du Chyrvan, du Mogan, du Guilan et du Ma-
zanderân 5 les drogues du Khorassan , du Ségestan, du Kerman,
telles que 1 'assa-fetida , le sagapenum, l’opoponax, la sarcocolle,
l ’ammoniaque, l’opium, le cumin ; diverses étoiles de la Perse , en
soie et en coton; les tapis, etc. auraient bien moins d’espace à'parcourir,,
et moins de frais à faire pour se rendre dans la Méditerranée,
que dans l’Océan.
Les étoilés fabriquées à Surate, Guzurate et le golfe de Cambaie,
ainsi que toutes celles de l ’Indoustan, sont vendues en Perse à un
prix si modique, que nous en fûmes étonnés. Lorsque nous étions à
Ispahan , on y avait à moitié' prix , quoiqu’en détail, les mousselines
du Bengale, les belles toiles de coton peintes, que nous connaissons
sous le nom de perses, ainsi que les indiennes de Sadras,
de Madras et de Pondichéry. Les perles , les diamans , les saphirs
et toutes les pierres précieuses de l ’Orient y étaient aussi à-plus bas
prix qu’en Europe.
Ain si, comme on v o it, les Russes pourraient recevoir tous ces
objets des Persans, et les liv re r , à Astracan ou à Constantinople, à
plus bas prix que les Anglais ; et cela parcé que, dans’to u t l’Orient,
le transport par terre de toutes les marchandises précieuses n ’en
augmente presque pas le prix.
Aujourd’hui (1) le commerce que la Russie fait avec la Perse,
n’est’évalué qu’à deux millions , parce, que la Russie est encore à
demi barbare dans ses possessions du midi, et qu’elle n’a pas.encore
a tteint, dans celles du nord , ce degré de civilisation auquel sont
parvenues les autres nations de l’Europe. Tout porte néanmoins à
croire qu’elle ne tardera guère à profiter de tous les avantages que
sa position peut lui procurer. Déjà elle a voulu unir , par un canal,
le Don et le V o lg a ; déjà les ports de la Crimée sont devenus très-
florisSans ; déjà les villes bâties sur le Te rek , sur le Kouban, sur le
Volga et au pied du Caucase ont acquis une population qui doit
nécessairement opérer de nouvelles améliorations dans ces contrées.
Il reste sans doute beaucoup à faire pour leur prospérité,
(1) Avant 1795.
mais les vues du gouvernement sont dirigées vers ce but : espérons
qu’il surmontera peu à peu tous les obstacles que l ’ignorance, les
préjugés,-la paresse et l’habitude lui opposeront. ,
. Un canal naturel unissait jadis la Caspienne au Palus-Méotide. Le
gouvernement russe ne pourrait-il pas tenter d’en ouvrir un'navigable
qui irait directement d’Astracan à A zo f, ou qui unirait, entre
eux le>Volga, le Terek, le Kourtia, le Manicht, le Don et le Kouban
? C’est à lui à calculer si les avantages qui en résulteraient pour
la population, l ’agriculture, le commerce, la sûreté de ces contrées ,
ne balanceraient pas les irais que ce canal occasionnerait, tant pour
le faire que.pour l ’entretenir.
Les Russes ont eu, pendant quelque tems, à Enseli, port du Guilan
, une factorerie fortifiée; fis y avaient placé du canon, et ils y
enfretenaient environ cinquante hommes. Ils déposaient, dans cette
factorerie, les marchandises qu’ils apportaient d’Astracan, ainsi
que celles du pays# qu’ils devaient emporter. Ils avaient aussi: un
consul à Salian , sur le K u r . Ils tiraient de ces deux ports, ainsi que
de Bakou, les soies du Guilan et du Chyrvan, du coton, du r i z ,
quelques fruits secs, quelques toiles de coton , quelques étoffes de
soie pure ou de soie et coton, des.ceintures de s,oie brochées, de
la garance, quelques nattes en jonc, du cumin, de l’huile de sésame,
et quelques drogues, telles que l’opium, l ’anis étoilé, l’assa-fetida,
le sagapenum, l’opoponax, le galbanum, l’ammoniaque, la myrrh
e , l’oliban, l’ambre.
Ces marchandises étaient payées; a vec ,des cuirs, des peaux de
cheval, quelques gros draps, mais surtout avec les beaux draps de
Hollande, les velours , les satins, les moires et autres étoffes de
Lyon : ils donnaient aussi un peu de cochenille et d’indigo qu’ils
-tiraient de.Hollande et d’Angleterre. Ils apportaient aussi quelques
fourrures; mais comme les Persans usent.bien plus, volontiers aujourd’hui
de peaux de jeunes agneaux, la consommation de "ces fourrures
est très-bornée,-tandis qu’elle est très-considérable en Turquie.
Comtnerce'de la Perse avec l’Europe occidentale.
L e commerce que les Européens ontfait en Perse pendant un siècle
Tome III, Z