crime, il fit paraître l ’édit suivant, que M. Hanway transcrivit dans
le Guilan, et qu’il a publié dans son intéressant ouvrage des révolutions
de Perse (i).
Où s’étend le royaume de D ie u , chah et souverain de l’Empire,
serviteur d’A li.
Décret auquel toute la Terre obéit (a).
« Le noble et honorable Cheik-el-islam, les fla z z i, les Anciens
» et tous autres sujets, les habitâns pauvres et opprimés de Reicht,
33 Lahisan, R ancoute, Keskar, Fumin , Schefta, Kugdum (3) et
» des lieux qui en dépendent, auxquels le Très-Haut a accordé
» d’ineffables miséricordes, qui sont assurés de notre incomparable
>3 et suprême faveur, et illustrés par e lle, sauront de quelle maso
nière la scélératesse d’un monarque barbare a prévalu. Toutes
33 les nations et toutes les langues, les grands et les petits,. les bons
33 et les mauvais sujets de l’Empire d’Iram, n’ont été que trop bien
33 informés de ses procédés : leurs cris et leurs lamentations, qui
33 n’ont pas discontinué , ont monté jusqu’au ciel. Lorsqu’il arra-
33 chait les yeux aux habitâns , les privait de la vie , et mettait à
33 l’encan les enfans et les biens des Musulmans, les sept cercles
33 célestes mêmes en furent émus de compassion. En un mot, les
33 extorsions d’elphs et de crores (4) ont fait perdre la vue à une
33 multitude de personnes, tandis que cet exécrable monarque éle-
33 vait d’une manière si atroce de hautes tours de têtes humaines
33 dans les provinces, et se livrait a dès actes de cruauté inconnus
33 aux siècles passés. Notre suprême majesté ordonna enfin au très-
(j) The révolutions o f P'ersia , by Jonas Hanway. Mercbant, London , i 7^4-
(2) C’était l’inscription que portait le sceau royal mis en tête du décret.
(3) Chaque gouverneur reçoit une copie du décret , où sont mentionnés les districts
et les villes principales de la province.
(4) Contributions misés' sur les provinces. Chaque elph vaut cinq mille tomans ou
3,ooo,ooo, en évaluant le toman à 6o liv. Dix elphs ou elphats, selon M. Hanway,
sont égaux à un crore dans l’Inde.
» illustre savant Mohammed-KOuli-Khan notre kurcbi baschi ( r ) ,'
,3 d’engager les gardés àfchars à saisir et déplacer le tyran, rendant
33 par-là un service infiniment profitable au bonheur public, et
33 assurant le repos et la tranquillité de la nation. Mohammed-
33 Kouli-Khan ne refusa pas d’obéir. Toutes les personnes de dis-
33 tinction et toute l’armée qui entourait notre victorieux et magni-
33 fique étrier, avaient à coeur d’extirper les violences et les op-
33 pressions si profondément enracinées de Ce roi tyrannique. En
33 conséquence, nous partîmes de Ferag et de Herat a la tete de
33 nos troupes, et vînmes en hâte pour exécuter ce dessein ; mais
33 à notre arrivée sur les bords de Terbedshan , nous apprîmes
33 que les gardes afchars avaient déjà saisi le tyran. Dans le même
33 moment il survint une querelle entr’eux et les Tartares, et pour
33 l ’appaiser il n’y eut pas d’autre moyen que de donner au tyran
33-la récompense de ses actions.
33 Le fort de Kélat, que le feu'roi avait travaillé pendant plu-
33 sieurs années à rendre imprenable, a , grâces au Très-Haut, été
33 mis en un jour sous notre puissance par Segrab-Beg, que nous
33 y avons envoyé dans cette intention.
33 Aussitôt que ces heureuses nouvelles furent parvenues à nos
>3 oreilles, nous marchâmes vers la sainte cité de Mesched, où tous
les ministres , lés officiers-généraux et les personnes de distinc-
33 tion qui étaient présentes, pressèrent d’une voix unanime notre
33 majesté de prendre les rênes du gouvernement de l ’Empire, pour
33 rétablir les maisons détruites et réparer les désastres de la Perse ;
33 ils présentèrent comme leur intercesseur le très-saint personnage
33 qui est enterré dans cette ville (2), et ne voulurent pas se désister
33 .de leurs importunités.
33 Quand nous considérâmes l’état déplorable où étaient réduits
33 les Persans depuis plusieurs années , obligés, non-seulement de
33 livrer tous leurs biens, leurs personnes et leurs familles pOur
>3 être massacrées , nous avons cru nécessaire de manifester notre
(1) Capitaine des gardes.
(2) L’iman- Riza.