pro vince située à l’est de la Caspienne, dont les limites au midi paraissent,
avoir été fixées aux montagnes qui se trouvent au sud-est
d’Aster-Abad. Aspadana, au contraire, en était fort éloignée, et
n’était placée qu’au 33e. degré ; ce qui diffère peu de la latitude
Vraie que les observations modernes et plus précises ont donnée à
Ispahan.
A u reste, cette ville ne paraît pas avoir été autrefois bien importante
: ce n’est guère que sous les califes de Bagdad qu elle devint
le chef-lieu d’une province étendue. On dit que Tamerlam la prit
lorsqu’il vint porter le fer et la flamme dans toute la partie occidentale
de l’A s ie , et qu’il la détruisit ensuite sous prétexte de
révolte. Ispahan n’était, sous les premiers Sophis, qu’une ville du
second ordre ; mais lorsque Chah-Abbas Ier. en eut fait la capitale
de son Empire et le centre d’un grand commerce, elle devmt en
peu de tems une des plus riches, des plus belles et des plus grandes;
villes du Monde.
Sous le règne d’Abbas II et de Suleyman, elle avait, selon Chardin
, vingt-quatre milles de circuit, cent soixante-deux mosquees r
quarante-huit collèges , mille huit cent deux caravanserais , deux
cent soixante-treize bains publics, et plus de trente-huit mille maisons
ou palais. La population était de onze cent mille habitans,,.
selon quelques voyageurs et quelques négocians européens qui y
étaient établis; selon d’autres, elle était moindre. Chardin la croit
égale à celle de Londres, et l’évalue au moins à six cent mille ;
cependant Tavernier, qui a été à Ispahan à peu près dans le même
tems que Chardin, tout en la comparant à Paris pour la grandeur,
-dit qu’elle est dix fois moins peuplée ; ce qui est hors de toute vraisemblance.
Cette ville où Chah-Abbas avait attiré , par toutes sortes de
moyens , des négocians, des ouvriers;, des artistes, des agriculteurs,
de toutes , les contrées de l’Asie ; eette ville qui avait pris tout à
coup, à la fin du seizième siècle, un accroissement prodigieux ; qui
était devenue, pour le commerce , l’entrepôt le plus considérable
de l ’Orient, le centre et le siège d’un grand Empire , n a eu en
quelque sorte qu’une existence éphémère. Elle souffrit trop dans sa
population sous le court règne des Afghans ; elle perdit une trop
grande partie de ses richesses sous celui de Nadir; elle vit trop
s ’affaiblir son industrie et son commerce sous les successeurs de ce
conquérant, pour qu’elle ne dût déchoir encore plus promptement
qu’elle ne s’était élevée ; elle ne pouvait manquer, pendant les troubles
qui eurent lieu avant et après le règne de Kérim, de voir
endommager et démolir ses plus beaux édifices, de voir abandonner
et ¡détruire ses plus beaux besesteins. ,
, Aujourd’hui Ispahan n’est plus entouré que de ruines ou de décombres,
On chercherait en vaip le faubourg d’Abbas-Abad, qui
occupait toute la partie occidentale, et qui formait un des plus
beaux quartiers, un des plus grands, un des mieux bâtis. Celui des
Guèbres , situé au midi, sur la rive droite des la rivière, n’existe
plus : toute la partie orientale et, toute la partie septentrionale
n ’o ffrent, dans un rayon de demi-Jieue et même davantage ; que
des maisons, écroulées, des pans de murs inclinés, des amoncelle-
mens de terre ; de sorte que cette v ille , qui avait, avant d’être prise
par les Afghans, plus de vingt-quatre milles de circuit, n’a, pas
aujourd’h u i, dans sa partie habitée, ¡deux milles de diamètre, e t sa
population, qui excédait six cent, mille aines, ne peut pas aller
.dans ce moment au-delà de cinquante mille,
Cependant tout n’est pas détruit, tout n’est pas tellement endommagé
qu’on ne puisse juger à quel point cette ville méritait autrefo
is de fixer les regards d’un voyageur éclairé. T o u t ce que nous
vîmes, tout ce qu’on nous d it, tout ce que nous supposâmes, nous
en donna la plus grande idée : tout nous persuada, qu’elle fut, sous
les Sophis, une des plus beljes, <Jes plus riches, des; plus, peuplées
de l’Asie.
Le palais-royal que Chah-Abbas fit bâtir, figurerait avec avantage
à côté de tout ce qu’il y a de plus grand, de plus majestueux.
Rien n'égale, parmi nous, la vaste étendue des places publiques1,
la richesse des mosquées, la beauté ,des caravanserais et. des besesteins
qui .existent encore. On est frappé de l ’élégante architecture
des ponts : l’Europe n’offre rieq qui leur soit,comparable pour la
commodité des gens de pied, pour la facilité de leur passage, pour