dans tontes les horreurs des guerres intestines. Ce malheureux Empire
allait de nouveau être livré à l’ambition des hommes les plus
pervers.
Mirza-Seyd-Mohammed, fils de Mirza-Daoud , et petit-fils , par
sa mère, de Chah-Suleyman, nommé gouverneur du Khorassan
sous Nadir-Chah, et l ’un des principaux officiers de l’armée sous
Adel et sous Ibrahim, se flattant d’avoir encore plus de droits au
trône que Charokh, qui était issu par sa mère de Chah-Hussein,
fils de Chah-Suleyman , travailla en secret à se faire un parti dans
Mesched; il y parvint en appelant le fanatisme à son secours , en
faisant répandre adroitement dans le public, que Charokh était,
comme son père et son aïeul, de la religion des Sunnis, et qu!il se
disposait à forcer tous les Persans à suivre son exemple.
Mirza-Daoud avait été scheik de la mosquée d’Iman-Riza, où les
Persans se rendent en pélérinage une fois en leur vie. Des moeurs
simples, un zèle ardent pour la religion, et une réputation de
sagesse et de savoir, avaient fixé sur lui les regards de Chah-Hus-
sein, et l’avaient engagé à lui donner en mariage une de ses soeurs,
r; Celui qui avait succédé à Mirza-Daoud était un homme adroit,
sonplè, ambitieux, qui jouissait dans Mesched d’une réputation de
sagesse et de piété, et qui profita de tout l ’ascendant qu’il avait sur
le peuple-pour favoriser Seyd-Mohammed dans son entreprise ; il
espérait par ce moyen parvenir à la première dignité religieuse de
l ’Empiré, et obtenir pour son fils le gouvernement d’une province.
Les Persans tiennent si fort à leur croyance, que Nadir, malgré
tout son pouvoir et toute son obstination; n’avait pu venir à bout
de faire disparaître cette légère nuance d’opinion religieuse .qui
existe entre les Chiis et les Sunnis. La seule crainte de voir reparaître
les ordres extrêmement sévères qu’il avait donnés à cet égard,
fit plus , d’effet sur ces hommes ignorans et entêtés ; que n’aurait
peut-être produit sur eux une conduite tout-à-fait tyrannique, mais
par laquelle la religion eût été: respectée.
A u moyen de ces bruits , l’agitation des esprits fut bientôt telle à
Mesched et dans les environs,que Mirza-Seyd-Mohammed se vit
à la tête d’un rassemblement considérable , avec lequel il se hâta
de sortir de la ville.
Les ministres du roi avaient dû être instruits des propos séditieux
que tenaient les religieux de Mesched : ils avaient dû appereevoir la
fermentation qu’il y avait parmi le peuple ; ils avaient dû pénétrer
les desseins de Mirza-Seyd-Mohammed, et pourtant ils n’avaient
donné aucun ordre pour le faire arrêter ; ils n’avaient fait aucun
effort pour détromper le peuple ; ils avaient négligé de punir les
séditieux rnbllas. Lorsque la révolte eut éclaté, soit qu’il y eût
trahison de leur part ou seulement ineptie, ils empêchèrent que
Charokh montât à cheval .et se mît à la tête de sa garde pour dissiper
ou combattre cette troupe de fanatiques. Sous prétexte que
le rassemblement .était déjà trop nombreux pour l’attaquer avec une
poignée d’hommes, ils insistèrent fortement pour qu’on rassemblât
l ’année entière.
Une partie des troupes , sous les ordres de Youssef-Ali-Khan,
gelaïr, avait été envoyée au secours d’H érat, qui était attaquée par
les Afghans ; l ’autre , commandée par Mir-Aiîm-Khan et par Djaf-
far-Khan , était répandue dans la province. Charokh envoya uii
.Courier à Youssef pour le prévenir de ce qui se,passait; il en envoya
un antre à Mir-Alim et à Djafîàr, portant l ’ordre de se réunir
et de venir le joindre.
: Mirza-Seyd-Mohammed était venu camper à quelques journées
de Mesched; il n’avait pas jugé prudent d’aller s’enfermer dans une
ville ou dans une forteresse. Bloqué comme il pouvait l’êtré , il
n’aurait pu faire un appel à tous ceux qui ’voulaient défendre la
religion, et il aurait paralysé le zèle des mollas, des scheik s , des
imans, sur lequel il comptait.
Le parti que prit Charokh de rassembler ses forces, donna au
rebelle le tems d’organiser les siennes; elles augmentaient tous les
jours, tandis que celles du roi diminuaient dans les mêmes proportions.
Mir-Aiim-Khan et Djaffar-Khan , jaloux du crédit que
Youssef avait à la cour, favorisaient sous main Mirza-Seyd-Mo-,
halmmed : ils ne trahissaient pas ouvertement le ro i, mais ils retardèrent
sous divers prétextes sa vengeance; ils donnèrent le tems