feon é ta t, e t enrôlé tous ceux des habitans. qui .avaient voulu se
ranger sous.ses drapeaux. La plupart des seigneurs,, indignés dq
l ’arrogance ¡de ce ¡Curde, ou secrètement liés avec, ses ennemis ,
offrirent volontairejnent leurs Services àSélim; de sorte que celui-ci
se vit en état de sortir de la ville à la tête de vingt-cinq mille lioruines
, et de livrer bataille aux Curdes qu’il était urgent d’èloigner,
attendu qu’ils ravageaient la campagne et qu’ils interceptaient toutes
les subsistances,!,:,
Ali-Merdau,. averti du jour où le gouverneur devait so r tir , se
disposa à le bien recevoir. Il se posta à cinq ou six lieues des murs,
vers l’occident, sur un terrain favorable, et plaça quelques corps
de troupes àlportée de,la v ille , avec ordre, dès que l ’ennemi parai»
trait, de-venir le joindre Sans engager aucune action. Cette ruse
réussit. Les troupes de-Sélim, se,persuadant qu’il fuyait, coururent
sur -lui à toute bride, et l ’attaquèrent avant de s'être ralliées : elles
lurent repoussées , mises eu déroute et vivement poursuivies. Leur
exemple entraîna celles qui s’étaient moins avancées ; elles rentrèrent
toutes précàpitamment, abandonnant leur artillerie et laissant
sur la place un grand nombre de morts.
Ali-Merdan se servit des canons qu’il avait pris pour attaquer la
ville sur plusieurs points,. Il en pressa vivement le siège , et ne cessa
de menacer les habitans de tout détruire s’ils iàisaient ,une pins
longue résistance.
: Ispaban, plus qu’aucune;autre ville de Ja Perse, était depuis long-
tems livrée à toutes les factions. Tous les ambitieux qui n’avaient
p u , dans les provinces, se mettre à la tête d’une armée ou d’une
troupe de-gens armés, étaient venus dans cette capitale ayep l’intention
de favoriser par leurs intrigues, féléyatio» de celui auprès d e
q u i ils espéraient obtenir des emplois.
Le parti de Mohammed-fiassan-Khan était peut-êti;e alors le plus
nombreux : c’était celui qui avait engagé deux fois les habitaps A
prendre les armes. Ceux qui tenaient pour Aehined avaient montré
le même empressement ; ils avaient les uns et les autres frpp ^.icgettr
d’empêcher que les Curdes ne se rendissent maitr.es t<Ae la capitale,
pour n ’av-oir pas .cherché à les repousser, - . , ;
Charokh avait aussi son parti; mais il s'affaiblissait de jour en
jour. Les ministres de'la religion et tou® les; zélés Persans le haïssaient
comme hérétique et comme dtescendantd’i » homme-dont la
mémoire était encore en horreur. On savait d’ailleurs cjU’ii était
aveugle, et comme tel exclu du trônei
Ali-Merdan Comptait dans l'a ville plusieurs amis, et'un grand,
nombre de partisans très-empressés à chanter ses louanges et à faire
valoir les avantages qu’on retirerait de l’exécution dC! ses projets i
mais ce qui plaida le mietts en sa faveur, ce fût sa victoire;! ce fut
l a terreur que son nom inspirait; Ce furent ses menaces- Les^ habitans
d’Ispahan le connaissaient irascible, vindicatif ; ils se déterminèrent
à le recevoir dans leur ville , de crainte qu’il ne se portai à
tous les excès de rage et de vengeance s’il y entrait de vive force.
Les portes lui furent ouvertes le 3 1 mai 175®, malgré l ’opposition
d’un grand nombre de seigneurs qui craignaient pour-leur vie,
et à qui il ne resta d’abord que la ressource de s’enfermer dans là
citadelle. Ali-Merdan fit entrer ses troupes et leur livra ïa ville :
elles se répandirent en un moment dans tons les quartiers , et y
commirent pendant deux jours les plus horribles désordres ; elles
ne massacrèrent point les habitans; cela leur était très-expressèment
défendu; mais elles les dépouillèrent; elles les maltraitèrent; elles
les tourmentèrent ; de toutes les manières pour leur arracher tout
ce qu’ils avaient de précieux. Le pillage fut au po int, qu’aucune
maison de la ville nè fut exempte de recherches ; aucune personne,
quels que fussent son ran g , son âgé ét son sex e, ne lut respectée.
Juif à , le plus grand et le plus riche des faubourgs, fut le seul épargné
: Kérim-Khan en avait obtenu le commandement-, et s’y était
établi. Jaloux d’obtenir l ’estime des Arméniens et des Persans;, il
n’avait pas permis que ses troupes commissent le moindre désordre,
ni qu’elles enlevassent ia moindre chose.
Les seigneurs qui s’étaient enfermés dans la citadelle obtinrent
une honorable capitulation , et en soîrtireiit le premier’ jiiini A l i -
Merdan lit son entrée le 2 , et fut loger avec le jeune Ism-aël dans
le palais des rois. Dès ce moment tout rentra dans 1?ordre ; les
troupes furent casernées, et soumises à la surveillance des chefs.