dans cette saison que les pauvres et les personnes que leur devoir
ou leur intérêt y attache ; et ceux-là même qui ne peuvent s’absenter
sont dans l’usage d’envoyer leurs femmes et leurs enfans
dans les villages voisins, pour y passer les deux derniers mois de
l ’é té , et le premier de l ’automne , que l’on sait être les plus dangereux
: ils vont les joindre toutes les fois que leurs occupations le
permettent.
La chaleur qu’on éprouve dans cette ville, en juillet et en août,
est de 27 à 28 degrés au thermomètre de Réaumur ; elle serait pins
forte si l’ait' n’était rafraîchi par le vent de nord, qui souffle assez
régulièrement, en;été, de la Caspienne ; car lorsqu’il fait calme
ou lorsque les vents sont dans la partie de l’est ©u de l ’ouest, ce
qui est rare , on a alors de 29 à 3a degrés. Les vents de sud sont
encore plus chauds. Nous avons éprouvé vers la fin d’aoû t, pendant
quatre jours qu’ils soufflèrent, une chaleur de 3a degrés.
Ce qui contribue aussi à rendra malades les habitans de Téhéran ,
C’est que les eaux n’y sont pas bonnes ; ¡elles nous ont paru avoir
un goût de marécage, parce que sans doute on n’a pas soin d entretenir
les canaux qui les amènent à la ville. D ’ailleurs , comme
presque toutes celles de la Pêrse, ces ëaux sont un peu purgatives
; elles ont constamment dérangé notre estomac et troublé
nos digestions : il est vrai qu’elles ont dû agir bien plus puissamment
sur nous étrangers, que sur les habitans du pays, qui y sont
accoutumés. Elles viennent presque toutes du mont Albours, et
sont très-abondantes dans la ville.
Les Persans étant très-amateurs de la glace, on trouve à Téhéran
, comme dans presque toutes les grandes villes de cet Empire,
des glacières qui fournissent abondamment, l’éte , de laglâce à tres-
bas prix : elle ne nous coûtait pas la valeur d’un.liardla livre, Les
Persans la mangent ou la sucent de tems en tems, comme on ferait
d’un morceau de sucre candi ou de caramel ; et quand ils boivent
quelque Sorbet ou même de l’eau pitre, ils jettent un morceau de
glace dans la liqueur pour la rafraîchir.
Jusqu’à ce jour l’industrie de Téhéran est fort bornée : on y
fabrique des tapis de laine 'feutrés, qui sont d’un usage général
dans toute la Perse, et qui servent aux mêmes usages que ces beaux
tapis peluchés que nous retirons de ces contrées. On en fait de
toutes les grandeurs, soit pour meubler les appartemens, Soit pour
servir de lit aux voyageurs ou pour y faire lés diverses prières du
jour. Ils ne durent pas autant que les autres, et ne sont pas non
plus aussi chers, quoique:faits avec la laine la plus .fine du pays,
Ces tapis feutrés- sont diversement coloriés : le plus grand nombre
pourtant est dhm gris-rougeâtre uniforme, avec un dçssin au milieu
et vers les quatre angles.
On fabrique aussi,, aux environs d’A lep , dés tapis feutrés, non
teints; dont nous nous servîmes, en partant de cette ville, pour
emballer nos lits , nos malles et tous les effets que nous voulions
garantir de la pluie ; mais ils ne sont point comparables à ceux de
Perse pour la finesse, la souplesse et le serré : c’est le drap le:plus
fin à côté du calmquk le plus grossier. Les uns coûtent de vingt à
trente piastres, et les .autres une piastre iet demie ou deux piastres.
On fait à Téhéran divers petits ustensiles .(le fe r , et entr’autres
; des fers propres à garnir le talon des souliers. Ce métal est si doux,
qu’on le travaille presqu’à froid. On se contente ordinairement de
le chauffer dans de petits réchauds garnis de quelques brins de
charbons allumés, et on le bat- sur une petite enclume qu’on tient
s,ur les genoux. On, tire ce fer des montagnes qui sont à l’est de
.Téhéran, sur Iç chemin de Firuscuh.