Cette exécution fit sur tous les députés une telle impression, que
chacun se soumit en silence aux volontés de Nadir. L ’assemblée
fut dissoute, et les députés furent renvoyés chargés d’o r , mais très-
mécontens de ce qu’ils avaient v u , et honteux peut-être de ce qu’ils
avaient fait.
CHAP ITRE XII.
■Nadir-Chah ve\it changer la religion des Persans : i l v a
dans l ’Inde ; i l s ’empare de D e lh i ; i l en rapporte des
richesses immenses ; i l f a i t la guerre a u x Turcomans ,
a u x Ouzbeqs , a u x Lezguis ; i l mécontente le peuple
p a r des impôts, p a r des levées d ’hommes ; i l f a i t la
guerre au x Turcs sans succès; il.commet des cruautés }
i l est assassiné.
S i N ad ir , satisfait d’avoir usurpé la couronne, avait donné tous
ses soins à calmer les mouvemens de l’intérieur, à appaiser les
révoltes et à rendre à leurs champs cette foule d’hommes que les
troubles civils en avaient arrachés; s’il eût borné ses entreprises
militaires à soumettre le Kandahar et les provinces qui voulaient
se soustraire à sa domination ; s’il se fût contenté de repousser les
T u r c s , sans songer à faire des conquêtes sur eux ; s’il eût cherché
à mettre de l’ordre dans les finances, à inspirer de la confiance aux
négocians, à faire fleurir les arts et l’industrie; s’il eû t, en un
mot, veillé à ce que la justice fût prompte et bien rendue, il n’est
pas douteux que la nation, heureuse et tranquille, n’eût bientôt
oublié quelques années de calamité.
Mais N ad ir , en montant sur le trône, veut faire adopter aux
Persans la croyance des Turcs ; il commet en la personne du chef
de la religion, un attentat horrible ; il s’empare ensuite des biens
consacrés au culte religieux et aux oeuvres pies (i) ; il outrage la
nation dans ce qu’elle a de plus sacré ; il fait périr la plupart des
grands sans les avoir convaincus d’aucun crime ; il accable le
peuple d’impôts pour le mieux asservir ; il ne protège point les
(i) Other, Voyage en Turquie et en Perse, tom. I , pag. 333.