dans le devoir Mohamraed-Hussein , khan de Cotchan, q u i, à la
tâte d’une tribu curde, s’était également révolté , et pouvait joindre
ses forces à celles d’Ali. Il marcha donc contre lu i, se proposant
d’aller ensuite dans le Ségestan, où il avait à assouvir sa rag e, tant
contre son neveu, que contre les habitans.
‘_Déjà il avait dépassé Nichapour : il était campé à Feth-Abad ,
situé à deux lieues de Cotchan, lorsque, pàr le secours de Moham-
med-Kouh-Khan l’Afchar, capitaine des gardes, et deMohammed-
Saleh-Khan, intendant de la maison du r o i , trois des principaux
officiers, Mohammed-Khan Érivani, Moussi-Beg Tarerai et K ou t-'
che-Beg Gondoslai, s’introduisirent, au milieu de la nuit ( i) , dans
sa tente, et le massacrèrent.
; Le lendemain m atin, lorsqu’on eut appris dans le camp les détails
de cette mort, tous les chefs s’assemblèrent afin de délibérer sur le
parti qu ils avaient à prendre.,Ahmed-Khan, commandant-général
d’un corps nombreux d’Afghans et d’Ouzbeqs, fut inv ité, comme
les autres , à se rendre à l ’assemblée ; mais il refusa d’y aller, et il
se disposa même à punir les assassins du roi. Ahmed était, depuis
long-tems, le compagnon d’armes et l ’ami de Nadir ; il n’approuvait
pas sa conduite, il en gémissait même en secret ; mais il fut
révolté qu oh 1 eut assassiné. Il n’eut pas de peine à faire partager
son indignation aux troupes qu’il commandait, et à les porter à
prendre les armes : c’étaient elles que Nadir favorisait le,.plus en
toutes choses , et qu’il employait de préférence lorsqu’il s’agissait
d exterminer les habitans d’unq yille , ou de porter la désolation
dans une province.
Les Afchars, les Curdes et tous les Persans n’eurent pas plutôt
connaissance des dispositions d’Ahmed, qu’ils prirent aussi les armes
pour défendre les conjurés) de sorte que l ’armée se trouva en un
moment divisée en deux partis, les Sunnis d’un côté,- et les Chiis
de l’autre.
Ahmed-n avait pas dix mille hommes sous ses drapeaux : les conjurés
eu comptaient plus de vingt mille ; néanmoins il osa engager
le combat. Les Persans résistèrent facilement au premier choc ; ils
menaçaient à leur tour les Afghans lorsqu’Ahmed, encore plus prudent
que courroucé, jugea convenable de faire cesser un combat
trop inégal , auquel d’ailleurs toute la nation, indignée de la conduite
de Nadir, ne pouvait manquer de prendre part. Ce qui détermina
aussi Ahmed à ne pas pousser plus loin son ressentiment, c’est
qu’on lui dit qu’A li avait été l ’ame de ce complot, et qu’on lui avait
expédié un courier pour l ’engager à venir joindre l’armée avec
toutes les forces qu’il commandait.
Ahmed se rendit alors au Kandahar avec ses troupes, et y fonda
un Empire qui est devenu, en peu de tems, plus étendu, plus
riche, plus puissant que celui de la Perse. Il comprend tout le cours
de l ’Indus, depuis son embouchure jusqu’à Kachemire et Badach-
chan : il s’étend) à l’orient, jusqu’à L ah o re t Serhind : la riche et
fertile contrée de Moultan en fait partie, ainsi que tout le pays des
Baloudges, qui se trouve à l ’occident du fleuve.
Tome III. I i