de la province ; il augmenta tout à coup les douanes,;et fit arrêter
quelques riches particuliers. 'Les violences, qu’on se permit à leur
egai’d pour avoir de l ’argent, celles qu’on exerça envers ceux qui
se trouvaient hors d’état de payer les taxes qu’on leur demandait,
excitèrent l ’indignation de tous les habitans , au point qu’ils résolurent
de secouer Je joug. Pour y parvenir, ils s’adressèrent secrètement
à Jaghi, l ’instruisirent de ce qui se passait, et l ’engagèrent
Avenir à leur Secours , promettant de prendre tous les armes s’il
pouvait attirer Djaf(àr. hors des murs.
• Jaghi-Khan ne balança pas à se prêter à leurs vues. Quoique
bloqué, il trouva le moyen de correspondre régulièrement avec les
principaux d’entr’eux; il leur fit passer ses ordres, et fit tenir prêts
à agir .au premier -signal., hon-seulemènt les habitans de la .y ille ,
mais ceux de toute la province ; et lorsque tout fut disposé ainsi
qU’il l ’avait ordonné, il sortit durant la nuit de, sa forteresse avec
une bonne partie de ses troupes. Djaffar, se flattant de l’atteindre
et de fevbattre, se mit 4 sa poursuite ; mais étant infqrmé, deux
ou trois jours après, que tous les habitans de Yesd s’étalent urinés,
et. que ceux de là province accouraient, en foule auprès de leur
prince,, ou.se" rendaient dans la ville, il prit le parti de se retirer j
il rentra à Chiras, en octobre de la même année, Sans avoir entre,
pris autre chose.
Méhémet avait travaillé, pendant ce tems, à affermir son pouvoir
dans tout ,1e ,nprd de: la Perse. Depuis Yesdecast et Ispahan
jusqu’4 la mer Caspienne, et depuis E li van, Tauris et Ardebd' jus,
qL’à :Mendeli, Kermanchah et Néhavend ,’ tout lui était snumis.
Eétah-Ali, khan du Daghestan, du phyrvan.et du Môgan , lui fa i sait
hommage de ces provinces. Amadan était rentré sous sa domination
depuis, qu’il ç’était emparé de la capitale, et Hidéat avait
une seconde fois-obtenu sOn pardon et envoyé ,de6 otages pour
garant de sa fidélité'. Jsmaël-Khan , .n’étant plus soutenu par; les
Curdes qui avaient traité avec Méhémet, et craignant d’être, liv ré ,
»vait erré quelque tems dans ces contrées, et avait fini par se faire
derviche po u r , échapper à la mort et 4 toute recherche.
'.'Djaffar; était maître de tout.le midi : le Farsistan, le Loristan et
le Shusistan-lui étaient dévoués;, mais les Arabes du Kermesir et
de,toute la côte; étaient prêts à secouer le joug au moindre revers
qu’il éprouverait. L e Kerman lui obéissait a peine,, et le Laarestan,
tantôt soumis et tantôt rebelle, venait de'lui refuser les subsides,
et se disposait 4 combattre pour son indépendance.
Le mauvais succès de sa dernière campagne devait faire craindre
4 Djaffar, que l’esprit de révolte ne se propageât, et ne finît par
entraîner tout le midi;; aussi n’eut-il rien de mieux à faire en
rentrant à Chiras, que d’envoyer son fils Lutf-Ali dans ces contrées
'avec des troupès , pour forcer tous les khans et tous les scheiks
à l ’obéissance , et faire rentrer dans le devoir la ville de L a a r , dont
il était très-important de s’assurer la possession..
Lutf-Ali , âgé alors de vingt ans1,, né ayeC les plus heureuses dispositions
, avait appris le métier des amies sous Ali-Mhrad et Sous
son, père. Doué d’une belle 'figure, d'une taille avantageuse, d’une
force musculaire peu commune, il avait un courage qui lui faisait
braver tous les dangers, et une grandeur d’amë qui le mettait toujours
au dessus de tous les événemens. Aussi actif qu’intelligent,
aussi passionné pour la gloire, que jaloux d’acquérir l ’estime de la
nation et l’attachement de ses troupes, il était déjà, par sa conduite,
l ’idole du soldat, ë t, par ses qualités, il faisait l’admiratioa
de tous ceux qui s’étaient trouvés à portée de le connaître.
Son père ne mit à ses ordres qu’une armée de dix mille cavaliers;
mais c’était l ’élite des troupes; c’était le corps sous les yeux duquel
il avait le plus souvent combattu ; c’était celui qui lui était le plu*
dévoué.
Le Kermesir, où Lutf-Ali se porta d’abord, ne fit aucune résistance
: toutes lès villes se Soumirent ; tous les scheiks lui envoyèrent
des présens ; tous versèrent le produit des impôts, ou payèrent le
tribut auquel ils étaient assujettis : le gouverneur de Laar fut le seul
qui refusa de se soumettre. Lutf-Ali marcha pour l’y forcer.
Laar estime ville grande, riche et très-marchande ; elle est bâtie
dans une plaine autour d’un rocher très-élevé , sur le sommet duquel
est une citadelle que ni les généraux de Nadir ni ceux, de
Kérim ne purent jamais prendre de vive force. On n’y monte que