de culture 5 elles seraient très-propres à l’olivier, et surtout à la
vigne. Les cultures y sont pourtant assez rares : on néglige même
quelques petites sources qui naissent sur la pente orientale de cette
crête, à demi-lieue et à trois quarts de lieue du cap. La roche, presque
partout couverte de terre, se montre calcaire, crétacée, assez
tendre , sur le cap et aux environs : il y a dans cette partie de l ’île
deux villages peu considérables.
De Périvoli nous allâmes dans trois quarts-d’heure à Malatia,
village de trente maisons, situé sur une éminence à l ’occident du
premier. A un mille plus loin on voit Argiradès, qui en a quatre-
vingt-dix. On apperçoit la mer de l’occident avant d’être'à Malatia,
et on a la vue de quelques coteaux incultes, de quelques champs
d’oliviers et de vignes plantés dans les endroits les plus bas et les
plus fertiles.
Nous n’allâmes pas plus loin ; nous vînmes passer la journée dans
le quartier de Lefkimo, et le lendemain nous nous rendîmes au
fond du golfe : nous montâmes une colline assez escarpée, rocailleuse
, peu propre à la culture. Après une heure de marche, nous
descendîmes dans la vallée d’Égripo , que nous traversâmes ; elle
est de la plus grande fertilité : les oliviers y sont très-beaux, e t la
plupart des champs sont cultivés en maïs et en doura. Nous montâmes
ensuite jusqu’au petit village de Coracadès, d’où nous descendîmes
une seconde fois au bord de la m er, en laissant, à quelque
distance à gauche, sur la pente de la montagne , le village de Climo,
formé de cent cinquante maisons. Nous ¡côtoyâmes quelque tems
le golfe de Messongi, presque toujours à l’ombre des oliviers.
La plaine est traversée par une petite rivière qui prend sa source
dans les montagnes, et qui, après avoir fourni de l’eau à sept moulins
à farine, e t arrosé quelques champs e t quelques jardins, est
reçue dans un lit profond e t tranquille, dans .lequel les bateaux
peuvent entrer.
A u nord-ouest de Messongi, on voit une montagne de moyenne
hauteur, dont tout le bas est planté d ’o livie rs, e t dont lnxommet
est inculte.
Après mous être reposés une heure dans une maison de campagne
située au fond de la; plaine , nous vînmes à Benissa , et ensuite à
Pérama, sans quitter le bord de la m e r , ou sans nous en écarter
beaucoup.
A demi-lieue de ce dernier village, nous remarquâmes une roche
fort étendue, d’un très-beau gypse, dont il paraît que les habitans
n ’avaient pas connaissance , car ils tirent leur plâtre de Venise,
plutôt que d’exploiter celui que leur île renferme.
Nous fûmes rendus bientôt après an port des Salines, nommé
Porto-Caténa, à cause de son entrée étroite, fermée autrefois par
une chaîne de fer : on le nomme aussi Lago ou Peschiera d i Call-
chiopulo, d’une ancienne famille de Corfou, qui en était propriétaire,
et sur lequel elle avait établi une pêcherie. Nous le traversâmes
à son entrée-, dans un bac : nous parcourûmes ses environs,
ainsi que lq terrain de l ’ancienne v ille , et nous arrivâmes le même
soir à Castradès, faubourg de Corfou.
Le port des Salines paraît avoir été autrefois un des plus sûrs , ?
un des mieux abrités, un des plus vastes de tous ceux qui ont appartenu
à des peuples navigateurs. Enfoncé dans les terres, son entrée,
fort abordable d ailleurs, est étroite, et est garantie dès vents par
un îlot qui se trouve placé à peu de distance/ Comme tons les ports
anciens, il est peu profond; il est même comblé du côté du nord-
ouest , où l ’on a établi des salines ; cependant on ne peut douter
que ce ne fut celui des Phéaciens , et qu’il n’ait été. capable de
contenir une grande marine, dans un tems surtout on elle était
encore dans l ’enfance , et où les plus gros navires avaient à peine
la grosseur de nos galères.
La ville était placée au nord, et s’étendait jusqu’à la rade de€as>-
tradès ; elle occupait un terrain d’un mille ou environ d’étendue',
que les habitans désignent sous le nom de P aleo -P o lis ou de ville
ancienne, et sur lequel on voit encore qnelqués décombres, beaucoup
de fragmens de briques et de po terie, et d’où on a tiré, en
divers tems, des médailles, des colonnes et quelques însdriptions.
A l’est-nord-eèt de ce terrain presque tout u n i, s’élève- le long
de la m e r , d’un port à l ’autre, un coteau planté d’oliviers, qui
paraît n ’avoir pas été entièrement occupé par la ville. On ne trouve,
A a a a a