de vaisseaux pour traverser la Caspienne; il ne pouvait; avec la
cavalerie, gravir les montagnes du Tabéristan ; il ne lui restait pas
même la ressource de s’enfermer dans une place forte, puisqu’il
n ’aUrait pas eu le tems d’y faire entrer assez de vivres pour soutenir
un siège. Il fallut donc se résoudre à combattre malgré l’infériorité
du nombre, et malgré la frayeur que la conduite de Mohammed
avait inspirée à- ses troupes.
; Sarou n’est qu’à- trois journées de Firuscuh (x), où se termine
le-défilé ; de sorte que Mohammed-Hassan se vit l’ennemi sur les
bras presqu’aussitôt qu’il eut connaissance de la trahison de son
général.
A v an t de se présenter à l ’ennemi, il fit, pour ranimer ses troupes
, tout ee que-la prudence lui dicta ; il employa , pour leur inspirer
une confiance qu’il n’avait pas lui-même; tous les moyens qui
étaient en son pouvoir. Caressés, libéralités; récompenses, promesses
; faux rapports, fausses annonces, tout fut mis en usage par
ce chef intelligent, pour se tirer du mauvais pas où il se trouvait
engagé.-■
Pendant le combat, on le vît commander eh habile général, et
se battre eomme le plus intrépide soldat. On le vit se porter partout
où sa présence était nécessaire. Vingt fois il affronta la mort
pour soutenir des corps entiers qui chancelaient ; vingt fois il se
mit à leur tête pour les ramener à la charge.
Tant d’efforts, tant de courage, tant de présence d’esprit, eussent
été Couronnés du succès si Mohammed-Hassan eût été un peu
mieux secondé par ses officiers, s’il avait pu surtout effacer, dans
le soldat, l ’impression qu’avaient produite la défection d’un général
et !•’apparition presque subite d’nne armée plus nombreuse, et commandée
par l ’homme qu’on jugeait le plus redoutable de la Perse.
Scheik-Ali remporta donc sur son adversaire la victoire la plus
complète. M&hammed-Hassàn, blessé en plusieurs endroits, fut
obligé de chercher son salut dans la fuite, accompagné seulement
de quelques officiers.
(iX Environ vingt lieues communes-
Il prenait la route d’Aster-Abad, et se trouvait déjà aux environs
d ’Achraf lorsqu’il èùt le malheur de s’engager dans des marécages1,
d’oû il ne put sortir assez tôt. Il y fut atteint par une troupe de
cavaliers, qui n’avait cessé de le poursuivre, et reconnu par un
esclave nègre de Scheik-Ali, qui le somma de se rendre. Comme il
fit résistance et qu’il cherchait à se faire- jo u r , il fut tu é ,.e t sa tête
fut portée en triomphe au vainqueur.
Après'cette victoire, Scheik-Ali parcourut le Mazanderan et le
Tabéristan sans trouver aucun obstacle : il en prit possession au
nom d’Ismaël et de Kérim ; il laissa à Aster-Abad, pour gouverneur
, l’homme à qui il devait sa conquête ; il s’empara de tous les
trésors de Mohammed-Hassan, et emmena à Ispahan tous ses fils
en otage. Ils étaient, au nombre de sept, et se nommaient Hussein-
Khan , Aga-Méhémet-Khan , Djaffar-Kouli-Khan , Ala-Kquli-
Khan , Riza-Kouli-Khan , MoUstapha-Kouli-Khan , et Morteza-
Kouli-Khan.