il en offrit, par des espions, à ceux des soldats qui déserteraient
les drapeaux de Mohammed-Hassan, et viendraient se ranger sous
les siens. Les troupes qui avaient servi Azad , et que Mohammed
avait depuis peu à sa solde , furent les premières à en donner
l'exemple ; les Turcomans les imitèrent ; les Ouzbeqs , au nombre
de trois mille, quittèrent le camp tous à la fois , précédés de leurs
chefs.
Ce qui accéléra la désertion, ce fut une sortie qui fut faite de
nuit par Scheik-Ali, proche parent de Kérim et le premier de ses
généraux. Schéik-Ali était un de ces hommes qu’aucun danger n’effraie,
qui joignent à du courage et de l ’audacè, une conception
prompte , un coup-d’oeil juste et une exécution rapide. A la tête
de cinq ou six mille cavaliers curdes, il battit et dispersa tous lés
détacliemens que l’ennemi avait envoyés dans les villages voisins; il
leur enleva tous les vivres qu’ils portaient au camp; il surprit un
grand nombre de chevaux et de chameaux que l’on faisait paître
dans une vallée couverte de pâturages , et arrosée par le Bender-
Émir (1 ), et il eut le bonheur de rentrer au bout de n euf jours, sans
être pour ainsi dire apperçu des assiégeans.
Scheik-Ali ne s’était pas contenté d’enlever les vivres destinés au
camp ennemi : il avait mis le feu aux champs de blé qu’il avait rencontrés;
il avait donné ordre aux cultivateurs de détruire toutes
leurs moissons, d’enlever tout ce qu’ils avaient de précieux, et de
gagner avec leurs troupeaux les montagnes qui se trouvaient le plus
à leur portée ; il s’était engagé à les faire indemniser par Kérim
lorsque le siège serait levé.
Ces ordres furent ponctuellement exécutés. Dans huit ou dix
jours presque toute la province fiit dévastée, et se trouva désèrte;
ce qui priva presque subitement les assiégeans des subsistances sur
lesquelles ils comptaient.
Pour favoriser encore plus la désertion, Scheik-Ali eut ordre
de continuer ses sorties et d’inquiéter le camp : il y fut toujours
heureux ; il obtint chaque ibis des succès ; il démontà ou détruisit
Ou l’Araxe des Anciens.
presque
presque toutes les batteries de l ’ennemi,, et il ne refttra jamais qu’il
ne vît grossir sa troupe.
- Mohammed-Hassan avait voulu arrêter le m al dans son principe,
mais il n’avait pu en venir à bout : c’était une épidémie contre
, laquelle.échouent tous les efforts humains. Elle fut bientôt au point,
qu il dut songer lui-même à décamper s’il ne voulait s’exposer à
être pris, Il quitta Chiras à la fin de juin, avec une poignée d’hommes,
pour se rendre àTspahan, où il espérait trouver intacte et
saine la garnison qu/il y,avait laissée.. Vaine espérance!. La contagion
s y était glissee avec la nouvelle <jês mauvais succès, qu’il avait
eus.
Ainsi donc cette armée si nombreuse, si formidable, qui faisait
trembler toutes les provinces,.qui avait enflé l’orgueil de son chef,
au point de riui faire négliger i tons, les, devoirs , toutes les bien-,
séances y ne put résister à une ruse de guerre ; elle fut mise en
pièces sans combattre, et de ses débris elle fut,doubler et tripler
les forces de celui qu’elle semblait devoir écraser de sa masse.
Mohammed-Hassan ne. s’arrêta point à Ispahan. I l y avait trop
de danger popr, lui de s'enfermer , avec peu de monde, dans une
ville quhl avait mécontentée. Il se,rendit, sans perdre, de pams, à ;
Aster-Abad avec dix ou douze mille Kàgiars qui lui, étaient restés,
fideles. L à , séparé du reste de la Perse .par.de très-hautes monta-,
gn es, il se.flattait de repousser facilement toute, attaque.que son
ennemi voudrait ten te r , et de réparer, dans le courant-de l'hiver,;
les pertes qu’il venait d’éprouver. • ,
K érim, ne pouvant espérer , de l’attemclre dans sa fuite , ne se-
donna pas la peine de le poursuivre ; il resta.encore quelque tems
à Chiras, et ne se, rendit, en septembre, à Ispahan, qu’après avoir
organise son armée, et s’être assuré d’elfe par toup ies moyens qui
étaient en son pouvoir. \ .
A son arrivée à la capitale.,.les habitans sortirent avec empres-*
sement de leurs maisons, et accoururent en foule au-devant de,
lu i, témoignant, par des, cris de jo ie , par des.chants dlallégressê,,.
toute la satisfaction qu’ils éprouvaient de le revoir triomphant. Ils
apportaient des vivres pour l’armée, et avaient pour le chef des
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