village situé sur le port G ou ïn , distant de Corfou d’une lieue et
demie.
Gouïn est un bassin naturel, oit les Vénitiens faisaient entres”
leurs galères, et autour duquel Ils avaient construit des magasins
pour le radoubage de leurs vaisseaux. L ’air est très-mal- sain aux
environs, tant à cause du voisinage des sallines, que de quelques
eaux stagnantes qtr’on voit à l’extrémité sud-ouest de ce bassin, et
de qpelques marécages qui se trouvent à peu de distance dans l’intérieur.
En quittant Cowdocali, nous marchâmes près de deux heures sur
un terrain élevé, inégal, calcaire, pins ou moins fertile, tout couvert
d'oliviers; nous traversâmes ensuite une vallée très-fertile,
Cultivée en maïs , doura et plantes- céréales, et nous arrivâmes à
neuf heures du soir à Scripero.
Ce village est à-quatre fortes lieues de Corfou; il est situé sur la
pente Sud de ta montagne, qui court de l’est à l’ouest : on y compte
cinq Cents habitans. L'olivier est très-beau, très-multiplié aux environs
: on y voit aussi quelques vignes peu soignées. On remarquer
autour des habitations, l ’oranger, le chromer, le figuier, l'amandier,
lé grenadier, le mûrier noir, le pêcher, le prunier et le poirier.
Il n’y a point de fontaines à Scripero ; mais les eaux de puits
y sont bonnes et abondantes.
Le 18 , non» montâmes an sommet de la montagne par un sentier
très-mauvais, très-pierreux, assez étroit, bordé de myrtes, de
lentisques , de chênes-kermès et d’arbousiers. Nous descendîmes
ensuite par un chemin presqu’anssi mauvais, et nous nous reposâmes
à Coropiscopi après une heure et demie de marche.
Avant d’être parvenus au sommet dé la montagne, nous avons
vu sur sa pente, à demi-lieue ouest de Scripero, Ducadès, village
de cent cinquante habitans; demi-lieue plus à l ’ouest, Gardeladès,
d’une population à peu près égale, et ensuite plus loin , à la même
distance et dans la même direction ou à peu près, Liapadès, de
cinq cents habitans. La veille nous avions laissé, à demi-lieue à
l ’est de Scripero, Corakiana, dont la population excède deux mille
âmes.
Du sommet de la montagne, la vue se portait au loin, et se promenait
sur une infinité d ’objets aussi variés par leur forme que par
leur couleur. Le vert-cendré des oliviers, dont presque toute l ’île est
couverte, contrastait agréablement avec le vert-foncé des cyprès
répandus partout , avec quelques obamps plantés en vignes , avec
des plaines et des vallées fertiles, arrosées et cultivées en mais, en
-doura, en melons, en pastèques. Ce tableau était animé par les
navires à la voile que le commerce attire à Corfou ; par la vue de
i a ville, qui s’avance dans la mer ; par celle d’un grand nombre de
villages, par ia côte et les montagnes de l’Epire.
Du côté du nord, le tableau n’était pas aussi varié ni aussi beau :
la mer , qui baigne à trois lieues de là. une côte basse et sinueuse,
quelques plaines et quelques vallées fertiles et arrosées; des coteaux
couverts d’.dlivders,de vignes, où croissent aussi quelques cyprès^
des collines incultes à leur sommet, mais couvertes de verdure.;
.quelques villages dans le lointain, voilà tout ce qui s’ofire à la
vue.
Coropiscopi n ’a que deux cents habitans ; il est situé sur la pente
sud d’une colline calcaire, plantée en oliviers. L ’huile est la principale
production de son territoire : il fait néanmoins un peu de
vin et récolte divers grains, tels que froment, orge, épeautre,
-avoine, m a ïs , doura, pois-chiche, pois ordinaire, pois ca r ré ,
gesse, vescè, lentille, harÎGOt noir, deux sortes de fiéves., celle des
-marais ¡et une autre plus petite, noire.; il recueille en outre an peu
-de lin.
- On écorce, par le moyen d’un moulin à bras , la petite féve
moire , et on la Gonserve en cet état pour la manger en purée.
¡Cette méthode a l ’avantage de préserver ce légume des hruches ,
q u i le (rongeraient sans cette p r é c a u t io n c ’est dans les mêmes vues
¿qu’on écorce la lentille dans la Haute-Égypte.
- On fa it , dans tous les villages que nous avons parcourus, du
pain avec un tiers de la farine de doura, mêlée avec deux tiers de
Celle de froment ou d’orge ; il est pesant, compacte, assez bon
quand il est frais : on le dit moins bon et plus indigeste quand il a
•durci. On met assez ¡souvent le maïs en place du doura : le pain qui
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