viij AVIS DU LIBRAIRE,
dans toute l’Asie , delà supériorité de leurs lumières. Il y
a dans la nation beaucoup de haine contre les Russes, et
de mécontentement contre les Anglais : ces derniers n’ont
offert au Sophi leur médiation pour terminer ses différends
avec la Russie , que dans l ’intention de le tromper ; et là ,
comme en Europe, les Anglais n’ont cessé de répandre de
l’or pour fomenter la continuation d’une guerre utile à
leurs vues. Ils avaient envoyé Manesti avec une mission
dont l ’objet apparent était d’obtenir un port sur le golfe
Persique ; mais on sait que cet envoyé a fait passer plusieurs
sommes ; d’argent en Géorgie. Il ne rougissait pas de
dire : T o u t c e la ne n o u s co û te rien , c ’ e s t la d é p o u ille d e
T ip p o o
On trouve, page 15o , ligne 24 du tome III, cette observation
au sujet de la Perse : I l y a d a n s tou tes le s v i lle s
.des m o u lin s à ea u e t a s a n g . Comme cette dernière expression
peut n’être point familière à plusieurs de nos lecteurs ,
nous croyons devoir l’expliquer ici. Dans nos départemens
méridionaux on fait usage de quatre sortes de' moulins : des
moulins à vent et à eau, dont l’agent est clairement indiqué 5
des moulins à bras , mus par des hommes , et enfin des
moulins; à sa n g , mus par des animaux, tels que les chevaux,
les mulets, etc.
VOYAGE
V O Y A G E
E N P E R S Ë .
C H A P I T R E , , P R E M I E R .
D é p a r t d e B a g d a d . P o r te s m édiennès. M o n t Z a g r o s .
A r r iv é e à K ë rm a n ch a h . D e s c r ip tio n d e c e tte v i l l e e t
d u m on um en t d e T a k -B o s ta n .
D ès que nous eûmes reçu les lettres que le pacha de Bagdad nous
avait promises, nous traitâmes avec les chefs d’une caravane qui
devait se rendre à Kërmanchah, première ville de la Perse, aujourd’hui
la résidence d’un khan.
Nous ne crûmes pas devoir attendre une boîte contenant quelques
bijoux destinés à être offerts aux ministres du roi de Perse
avec qui nous avions à traiter. L ’envoyé extraordinaire de la République
près la Porte othomane, en nous annonçant cette boîte par
un Tartare venu de Constantinople à Bagdad en dix-neuf jours, et
arrivé la veille de notre départ, nous disait qu’il allait nous la'faire
passer par la voie d’un prince indien qui devait bientôt partir.
Il y avait à craindre que le prince indien ne retardât son départ
fié plusieurs jours et même de plusieurs semaines : nous devions
croire aussi qu’il ne se presserait pas autant qu’un Tartaré qui
compte sur une étrenne d’autant plus forte, qu’il reste le moins
de tems en route. La saison s’avançait : les chaleurs devenaient de
jour en jour plus fortes, et nous apprenions, par tous les voyageurs
qui venaient de la Perse, que le roi se disposait à quitter la
capitale pour une expédition qu’on soupçonnait devoir être dirigée
Contré la Géorgie , ou contre le Khorassan. Il convenait donc de
hâter notre départ afih de pouvoir conférer le plus tôt possible
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