en résulte, est moins compacte, moins pesant, plus friable : on le
dit moins indigeste que l’antre ; cependant on préfère le premier,
parce qu’on lui trouve une saveur plus agréable.
Il n’y a point de fontaines à Coropiscopi : on y boit de l ’eau de
puits. Les pierres meulières dont on Se sert aux moulins à huile et
aux moulins à farine, sont tirées de la colline même ; c’est un poudingue
ou brèche calcaire formée d’une réunion de petits cailloutages
assez durs.
Nous quittâmes Coropiscopi dans la soirée , en nous dirigeant
d’abord à l ’ouest pour contourner la colline , et ensuite au nord :
sa pente est rapide. Nous la trouvâmes inculte en plusieurs endroits
, et couverte d’arbousiers, de bruyères , de lentisques, de
myrtes et de cistes : on y voit quelques chênes et quelques charmes :
l ’ellébore et la digitale y sont assez communs. Vers le bas , nous
entrâmes dans un vallon tout planté d’oliviers, qui nous conduisit
dans une plaine assez étendue. Nous traversâmes un ruisseau venant
du sud-ouest, et une petite rivière coulant des montagnes que nous
avions à notre droite. Après avoir fait tourner plusieurs moulins
à farine situés dans un vallon étroit, elle vient arroser et fertiliser
la plaine : ses bords étaient couverts de tamaris, d’agnus-castus et
d’un osier à feuilles blanchâtres.
Cette plaine s’avance au sud-est jusqu’auprès du village d’Agra-
fus : là , le terrain s’élève et forme un coteau couvert d’o liviers,
sur lequel se trouvent ce village, composé de quatre-vingt-dix maisons
, celui de Cavalouri, à un quart de lieue plus loin, de cinquante
maisons, et celui de Garoussadès à la même distanpe, composé
de cent quatre-vingts maisons. La plaine se divise au nord-ouest
d’Ag raiùs, et se prolonge jusqu’à la mer , au-delà de Sphachiéra
du côté de l’e s t, et au-delà de Péruiadès ducôté de l’ouest. Celle-ci
reçoit la petite rivière dont nous venons de parler ; l’antre reçoit
les eaux qui viennent de Nifiès, et celles qui descendent des montagnes
situées à l’est de.ce village.
Avant d’entrer à Agrafus, nous rencontrâmes un grand nombre
de femmes jeunes,-la plupart jolies , uniformément vêtues ; elles
avaient un corset blanc , un jupon bleu et un voile blanc sur la tête ,
qui descendait en arrière jusqu’au dessous des épaules, et qui laissait
leur visage.à découvert : leur gorge se dessinait à travers une
chemise piissée qui remontait jusqu’au cou. Toutes portaient sur
la tête une cruche pleine ¡d’eau, qu’elles venaient de prendre à la
rivière. On retrouve le même vêtement dans tous les villages situés
au nord de l ’île.
Nous avons remarqué que les fruits étaient moins avancés dans
la partie du nord ,' même au bord de la mer, que dans la partie
du sud : la différence dans leur maturité est de huit jours
dans la plaine , et de près de quinze dans les endroits un peu
élevés.
Nous ¡né nous arrêtâmes point à Agrafus; nous nous avançâmes
jusqu’à Carussadès, où nous passâmes la nuit : ce dernier est à deux
lieues.de Coropiscopi.
Le 19, de grand matin, nous descendîmes.par un chemin ombragé
d’oliviers , dans la partie de la plaine que nous avons dit se
prolonger le long de là mer jusqu’au-delà du petit village, de Spha-
chiéra. L e terrain du coteau sur lequel est bâti Carussadèsj,est.profond
, légèrement argileux, crétacé, grisâtre : on découvre en divers
endroits, vers, le bas, du grès plus ou moins tendre,. La fougère
femelle { p teris) croît.abondamment sous les oliviers, et annonce
par sa hauteur la fertilité du sol.
î Nous avons été surpris d’apprendre que , dans toute la belle et
fertile plaine qui se trouve au nord et au nord-ouest de l’île , et
qui est beaucoup plus élevée que la mer, on ne cultive ni l ’orge
ni le froment, par la raison que pendant l’hiver les terres y sont
trop humides. Il serait trèsrfàcile de remédier à cet inconvénient en
creusant des fossés.autour des propriétés, et en dérivant les eaux
de pluie vers la mer : on obtiendrait par ce moyen deux récoltes
sur le même terrain, parce que le maïs, le doura et les haricots,
qui sont les seules plantes qu’on y cultive aujourd’h u i, ne se replantent
ou ne se sèment qu’après la récolte du b lé, et qu’elles sont
parvenues à leur maturité avant le tems des semailles.
-• Après avoir marché une demi-heure dans la plaine en nous dirigeant
à l’est, nous avons eu à notre droite un coteau distant d’une