être un fruit. L ’habit paraît être très-riche : c’est une draperie trèsfine,
ornée de chaque côté d’une sorte de broderie.
La tête a beaucoup souffert : elle est coifïëe à peu près comme la
figure que nous.avons dit être un jeune roi au monument de Kermanchah;
mais on dirait que celle-ci avait de plus une petite couronne,
telle que l ’ont portée quelques rois Sassanides.
La figure opposée {fig. 1 , ¿ ) est évidemment celle d’ une femme :
sa tête est surmontée d’un globe et de deux croissans ; elle a dans
ses deux mains un objet que nous avons dit pouvoir être un livre.
Le cou et la poitrine sont ornés de colliers. L ’habit est riche. On
apperçoitnne ceinture ornée de pierreries. A l’angle supérieur du
chapiteau, il y a une fleur assez semblable à celle qui représente le
lotus dans-les monumens égyptiens.
Les deux autres faces du chapiteau ( fig. 1 , c) ne portent que des
ornemens d’un travail aussi fini, aussi délicat que celui des figures.
.Ce chapiteau a trois pieds de surface au sommet, et deux à la
partie qui posait sur la colonne.
En remontant le ruisseau, nous parvînmes bientôt à sa source ;
e l l e est très-considérable : les eaux sortent.en bouillonnant du pied
même de la montagne, et se divisent en deux Branches ; elles vont
fertiliser la belle plaine qui se trouve au dessous, et qui s’étend à
quelques lieues au sud.
A u dessus même de la source, on a taillé dans le rocher un encadrement
portant une inscription que nous regrettons bien de n’avoir
pas copiée.. Les caractères sculptés en relief y sont très-nets et très-
lisibles. Ce qiii nous frappa le plus dans ce travail, c’est que l ’inscription
qu’il faut peut-être rapporter aux princes Sassanides , pose
sur un monument plus ancien , qui date probablement des Arsa-,
cides, car on voit encore, de chaque côté de l ’encadrement, quelques
restes d’une inscription grecque : on y lit bien distinctement
le nom d’un satrape Gotarz. ( Voyez p l. 4° ifig- 2.) Au dessous de.
l ’inscription il y a quelques figures mutilées.
A l’occident de la source, la montagne forme un angle rentrant,
à côtés perpendiculaires, qui paraissent avoir été travaillés. On
apperçoit entr’autres, à une assez:grande hauteur , à gauche , ùn
bas-relief
C H A P I T R E I I . 25
bas-relief taillé sur le rocher, où sont douze figures dont je venais
de prendre la description et finir l’esquisse, lorsque tout à coup un
Curde vint à moi d’un air à me faire craindre d’être attaqué; j’étais
seul alors, et n’avais pour toute arme qu’un pistolet de poche que
j’avais l’habitude de porter à la ceinture. Je le mis aussitôt à la
main, et menaçai le Curde de tirer sur lui s’il avançait; il avait son
yatagan, mais il n’osa y porter la main ; il hésita un moment sur
le parti qu’il prendrait ; enfin il se retira, et je revins au caravanserai
pour prendre un fusil et engager Bruguière à me suivre; mais il
était déjà tard, et l’esquisse que j’avais faite nous parut suffisante
pour donner une idée assez exacte de ce bas-relief. ( Voyez p l • 4° >
f ig - 3-) ' , , _ |
Voici ce qu’il nous a paru représenter : huit hommes placés à la
suite l’un de l’autre, et d’une taille successivement plus élevée, les
mains liées derrière le dos , sont présentés par un neuvième ayant
les mains libres et la taille moins élevée, à un roi qui paraît être
assis, et qui est d’une proportion presqu’une fois plus forte que
celle des autres ; derrière lui sont deux hommes dont le premier
tient un a r c , et le second des flèches.
Au dessus de ces figures, il en est une qui semblé avoir une tête
d’homme et deux sortes d’ailes étendues ; mais déformé carrée: on
croirait voir ; à la place du corps, un vêtement étendu en éventail
ou en queue d’oiseau.
Ce qui nous a paru digne de remarque, c’est que les huit figures
qui ont les mains liées derrière le d o s , sont toutes vêtues d’une
manière différente. Représenteraient-elles huit nations ou huit tribus
différentes , admises à rendre hommage au souverain ? On sait
que, dans tout l ’O rient, les peuples se sont présentés de tout tems
à leurs vainqueurs et'à leurs rois, dans la posture la plus humble,
et comme des esclaves dont la vie appartient à leurs maîtres.
Au dessous de ce bas-relief, on remarque une pierre carrée,
d’une assez grande dimension, qui paraît ne pas faire partie du
rocher, mais y avoir été placée. Nous avons conjecturé que ce pouvait
être la porte d’une sépulture qui n’aurait point été ouverte ;
car nous y avons cru appercevoir encore le ciment qui lie cette
Tome I I I , D