iv AVIS DU LIBRAIRE,
«lieutenant-général à Erivan. Le conseiller de ce dernier
«est Mirzd-Chàty (1), homme très-instruit. Le grand-visir
«se nomme Mirza-Riza : il est constamment près de son
» maître à Téhéran ; il a la réputation d’un ministre accompli.
»Fétah-Ali-Chah exerce dan^ ses Etats la justice la plus
» rigoureuse : il en est de même de la police : l’ordre règne
» dans les villes , la sûreté dans les rues, la discipline dans
» les armées; Ses troupes sont nombreuses , et composées
» d’hommes vigoureux et pleins d’ardeur ; mais elles ne con-
» naissent point la tactique européenne. Le général persan ,
» A chal, cherche à l’introduire dans son armée. Tous les
«actes publics, à la cour de Perse, doivent être en langue
» persane, quoiqu’on y parle ordinairement turc. La langue
«du bas peuple est le curde (2). En Syrie et dans d’autres
«contrées du Levant, on ne doit se montrer que dans le
«costume du pays. En Perse, il est avantageux de paraître
«en costume européen (3). C’est seulement en voyage que
» les étrangers s’astreignent à porter Phabit persan, pour ne
» pas trop attirer sur soi les regards du peuple. »
Une nouvelle note qui a paru dans le J o um a l de P a r is ,
peu de jours après celle que nous venons de transcrire, parle
encore d’une manière plus satisfaisante de la Perse et de son
monarque.,Nous la donnons ici en son entier.
N o t i c e sur l’état actuel de la Perse.
«Fétah-Ali-Chah , en succédant à son oncle, le fameux
(1) Le titre de Mirza ne se met après le nom propre que pour les fils du Souverain
et les princes de son sang. Pour les grands et les savans qui sont honorés, de ce
titre y il se met avant leur nom , comme ici Mirza- Chaty.
(a) Chez les tribus curdes seulement.
(3) En général, il est plus sage d’adopter le costume du pays».
AVIS . DU LIBRAIRE. v
eunuque Méhémet-Chah, trouva son Empire encore agité
des secousses qui avaient suivi la mort de Talimas-Kouli-
Khan. La Bactriane et la Médie ne lui obéissaient qu’à
demi ; son frère Hussein-Khan se constituait en état de rébellion
, et le premier ministre de son prédécesseur paraissait
vouloir le trahir.
» Par une conduite à la fois sage et vigoureuse, et par
des mesures sévères , il sut appâiser les troubles , reconquit
le Khorassan, parvint à faire reconnaître partout son autorité
, et régna paisiblement sur toute la Perse ; il prit en
otage un certain nombre des gens les plus considérables et
qui avaient le plus d’influence sur les diverses provinces :
ces otages sont encore retenus dans la capitale, et astreints
à se présenter journellement devant le roi , dont ils forment
ainsi une partie de la cour. Le gouvernement les rend responsables
de la moindre atteinte qui pourrait être portée à
l ’ordre public dans leurs provinces respectives : aussi la
plus grande tranquillité règne-t-elle à présent en Perse 5 les
ordres du prince y sont ponctuellement exécutés ; le voyageur
peut la traverser avec séçurité 5 il n’a plus à rédouter
les bandes errantes d’Arabes , de Curdes, de Chahsewens
et d’autres peuplades qui désolaient jadis le pays, et qui sont
encore aujourd’hui l’effroi des campagnes de laNatolie turque.
La juste sévérité du Sophi actuel a inspiré à ces nomades
une crainte salutaire ; ils ont repris la vie pastorale ; et lorsque
l’hiver les oblige à venir chercher un asyle dans les villages
, ils y vivent paisiblement, et paient un tribut au trésor
■du prince. Il a su habilement tirer parti de l’activité et de
l’inquiétude naturelle à ces peuples , en les employant dans
ses expéditions militaires ; ils composent actuellement une
grande partie de son armée.