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 sources,  est perpétuellement  enflammée} mais il n’y  a , dans  l'intérieur  
 des terres  et  dans  la mer,  ni volcans, ni  abîmes, ni rien qui  
 puisse  avoir donné lieu à l’existence  de  ces  goüfres. 
 La Mer-Noire}  il  est  v ra i,  se  décharge  dans  la Propontide,  et  
 celle-ci  dans  l’Archipel}  mais  si  l’on  fait  attention  que  cette mer  
 reçoit plus  d’eau  que  la  Caspieniie,  que  la portion  qui  passe  par  
 le Bosphore n’équivaut pas  à  celle d’un  grand fleuve}  si l’on réfléchit  
 qu’elle  a  à  peu  près  la même  étendue  que  la  Caspienne,  et  
 qu’elle  est  dans  un climat un peu  plus froid,  on ne  sera pas surpris  
 que  l ’évaporation  suffise  pour  maintenir  l ’équilibre  dans  cette  
 dernière. 
 Si  on  observe  d’ailleurs  la mer Caspienne,  on verra qu’elle  présente  
 beaucoup  d’irrégularité  ou  de  variation  dans  le  volume  de  
 ses  eaux.  Les vents  la  font  considérablement  élever  sur  le  rivage  
 méridional  ou  sur le  rivage  septentrional,  suivant  qu’ils  soufflent  
 du  nord ou du midi} mais  indépendamment de  cette  cause, qui  lui  
 est  commune  avec  toutes  les  autres mers,  les  t aux  s’élèvent,,  dans  
 certaines  circonstances,  de  plusieurs  pieds,  et  ceci  tient  aux  années  
 plus  humides,  à  celles  o ù ,  la  fonte  des neiges  s’étant  opéree  
 plus  rapidement,  les  fleuves  ont  versé  pendant quelque  tems  un  
 volume  d’eau  beaucoup  plus  considérable. Cette  différence  dans  
 l ’élévation des eaux de  cette mer s’observe  aussi dans les différentes  
 saisons de l ’année} elles sont constamment  plus hautes au printems  
 qu’en  automne,  en  hiver  qu’en  été.  Ce  fa i t ,  connu  de  tous  les  
 faabitans  des  côtes maritimes, démontre  clairement  que l ’évaporation  
 suffit pour la   tenir  en  équilibre. 
 C H A P I T R E   IX. 
 Parallèle  des  Turcs  et "des  Persans.  Moeurs  et  usages  
 -  de  ces peuples.  Ameublement y  parure ;  vêtement  des  
 hommes et des femmes. Armes. Chevaux. Barbe. Tabac  
 à fumer.  Café.  Opium.  P a in . R iz   et autres a limens. 
 U n   voyageur  qui  passe  de  l’Empire  othoman  en  Perse  s’apper-  
 çoit,  aux  premiers  pas  qu’il fait,  de  la grande  différence  qu’il  y  a  
 d’un  peuple  à  l’autre.  Tout  en  Turquie  porte  l’empreinte  de  la  
 cruauté  et de la barbarie}  tout en Perse annonce une nation douce  
 et  civilisée.'Les Turcs  sont vains,  dédaigneux,  inhospitaliers }  les  
 Persans  sont polis,  complimenteurs,  affectueux.  Les premiers,  en  
 se transportant des rives du Jaxarte et de l’Oxus  dans les délicieuses  
 provinces de l ’Asie mineure, en s’établissant  dans la Grèce policée,  
 oilt conservé  toute  la rudesse d’un peuple  pasteur  et  guerrier}  les  
 autres,  au  milieu  des  Arabes,  des Ouzbeqs,  des  Turcomans,  des  
 Curdes,  des Afghans,  qui les  ont tour-à-tour vaincus et opprimés,  
 n ’ont  pas perdu  le  goût  des  arts,  l ’amour des  lettres,  le  penchant  
 qu’ils  ont  toujours eu pour  le  trafic  et  le  commerce,  j 
 Régis  tous  deux  par  les  lois  du  Koran ,  gouvernés  tous  deux  
 par  un  despote,  sous  la  volonté  duquel  tout  doit  fléchir}  établis  
 sous  un même  ciel,  dans  un  même  climat, des  Uns  sont  féroces,  
 paresseux  et  ignorans}  les  autres  sont  humains,  actifs  et  industrieux. 
 Sans  doute  les Persans  n’ont  pas  atteint  ce  degré d’instruction,  
 cette délicatesse de goût,  cette finesse de tact auxquels le&Européens  
 sont parvenus, parce  que  l ’isolement  dans  lequel les a tenus la religion  
 ,  et  la contrainte  à  laquelle  les  a  assujettis  la  forme  du  gouvernement, 
   s’y  sont  constamment  opposés  :  mais  s i ,   comme  les  
 Turcs,  ils  s’étaient  trouvés à  portée  de  fréquenter  les  Européens,  
 ailes  ports  de  la  Perse,  si  la  capitale,  si les  grandes  villes  de  cet