présente encore quelques fondernens de vieux murs, quelques restes
d'un quai et de deux jetées qui s’avançaient dans la mer. A celle
d’occident, il y a des carrés qui paraissent avoir été des chambres,
et près de là sont les fondernens d’un petit temple. La maçonnerie
qui se trouve dans la mer , et qui s’élève, en quelques endroits ,
à plus d’un pied au dessus de l ’e au , paraît avoir été construite avec
un ciment fait de pouzolane et de chaux.
- v II n’y a aujourd’hui qu’un seul édifice où réside un douanier
pour la perception des droits que paient les marchandises qui traversent
l ’isthme' on qui sont destinées pour Corinthe,
L ’isthme , dont on trouve une bonne carte dans un ouvrage de
M. Bellin, ingénieur de la marine(1 ), a environ six milles, mesuré
de Cenchriès au port Léché, et seulement quatre mille deux cents
pas géométriques, pris à la partie la plus étroite et la plus basse
qui se trouve en face de l’ancien port Schænus : on vo it, sur celle-
c i , quelques restes d’un mur de défense qui y fut élevé de part en
part, et on y remarque quelques, traces d’un canal de communication
que l’on avait plusieurs fois tenté d’y creuser afin de joindre
les deux mers. Ce canal, entrepris sous plusieurs empereurs, n’avait
jamais pu être achevé, parce qu’on n’avait jamais pu creuser assez
profondément dans la roche calcaire fort dure qui règne dans presque
tout ce trajet. De nos jours cet obstacle serait facilement surmonté
au moyen d’un canal à écluses.
La ville de Corinthe n’est plus aujourd’hui qu’une grande bourgade
occupée par deux mille Turcs et trois mille Grecs. Les maisons
, disséminées sur un assez grand espace au pied de la colline
en pyramide sur laquelle est bâti le château, n’ont rien de remarquable
que leurs jardins plantés d’orangers et de citroniers j et les
champs cultivés qui se trouvent parmi elles.
Cette ville est située hors de l'isthme. Nous la laissâmes à gauche,
en allant de Cenchriès à l’embarcadaire du golfe de Lépante, où se
trouvait autrefois le port Léché : elle est à un mille sud de celui-ci,
et-.à six milles ouest de Cenchriès.
( i } D e s c r i p t i a n géographique du golfe de Venise et de la Morée. Paris, 17 7 1 . Pl. 48.
Le terrain, près de ce dernier p o rt, s’élève un peu ; il baisse ensuite
, et forme une plaine unie qui s’étend fort loin à 1 occident.
Le 10, on nous amena de Corinthe tous les chevaux dont nous
avions besoin, et nous nous rendîmes au golfe de Lepante, ou
nous avions frété pour Patras un trabacolo commandé par un capitaine
dalmate.
La rade où mouillent les vaisseaux était défendue, du coté de
l ’est, par une redoute flanquée de quatre bastions, et entouree d un
fossé : elle paraît avoir été construite par les Venitiens lorsqu ils
étaient les maîtres de ces contrées. Les Turcs en ont enlevé les
canons, et l’ont abandonnée.
Le 11 au so ir , le vent d’ouest ayant cessé de souffler, et fait
place à un petit vent d’est, on déploya les voiles et on se mit en
mer. La lune nous éclairait, et la mer était à peine agitée : nous
nous avançâmes lentement jusqu’aux environs du cap Sicyone,
distant de trois lieues du port de Corinthe ; là nous fumes arrêtés
par le calme.
Le matin, en nous levant, nous fûmes surpris de nous trouver
entre ce cap et celui qui est formé par un prolongement des moïits
Géraniens, et qu’on désignait autrefois sous le nom d' Olmiae : il
nous parut s’avancer un peu plus en mer , qu’il n’est marqué sur
les cartes. Lè golfe, suivant nos mariniers, s’enfonce au-delà de ce
cap, à dix lieues dans les terres, et n’est qu’à une lieue et demie de
Mégare.
Le vent d’ouest reprenant dans la matinée, nous louvoyâmes
quelque tems , et nous mouillâmes à deux lieues ouest-sud-ouest
du cap Sicyone. Nous avions alors le mont Hélicon au nord, et le
mont Parnasse au nord-ouest. Le golfe nous paraissait entouré de
très-hautes montagnes.
Nous passâmes la journée au mouillage, et nous descendîmes à
terre. La côte est basse , et le terrain en plaine : une montagne peu
élevée la borne à un mille au sud. Il 11’y avait point de culture
autour de nous ; le pays était boisé et assez beau : nous y remarquâmes
le pin d’A lep , lexarouhier, l ’olivier sauvage, le térébinthe,
le lentisque, le chêne kermès, le genévrier de Phénicie.