Après avoir ainsi réduit à l’obéissance tout le nord-ouest de la
Perse, Méhémet renvoya une partie de son armée, et se rendit à
Téhéran, où il passa l ’hiver.
Héraclius n’avait pas négligé, aux premières sommations qui lui
avaient été faites, d’en donner avis au général russe, nommé Gou-
dovicht, gouverneur du Caucase, et de lui recommander fortement
d’en avertir l’impératrice, afin qu’elle fît passer quelques troupes
en Géorgie, ou qu’elle les envoyât sur la frontière, avec ordre de
voler à son secours s’il était attaqué.
Le gouverneur, qui ne crut probablement pas que les menaces
de Méhérnet fussent si promptement suivies de leur e ffe t, avait
négligé d’en faire son.rapport, ou l ’avait fait de manière à ne pas
faire craindre que le prince de Géorgie fût attaqué ; ce qui fit que
celui-ci ne reçut aucun secours de la Russie, et qu’il fut obligé
d’abandonner sa capitale.
Mais dès que Catherine apprit ce qui venait de se passer, elle
ordonna sur-le-champ à un petit corps de troupes qui se trouvait
sur la frontière, sous les ordres du général Savelief, de marcher
sur Derbent et de s’en emparer. Ces ordres furent exécutés ; mais
la ville ne voulant pas se rendre aux sommations-qui lui furent
faites, et Savelief n’ayant pas assez de troupes pour l ’attaquer dans
les formes, il se contenta de l ’investir , en attendant de nouveaux
ordres et les renforts qu’il demandait. Les Russes passèrent l ’hiver
sous les murs de la v ille , sans qu’il fût rien entrepris de leur part,
et sans que les Persans , de leur côté , osassent tenter quelque
sortie.
. Pendant l’hive r, le comte Valerieù Soubof eut ordre de réunir
toutes les forces disponibles qui se trouvaient vers le Cauéasé:, et
de venir joindre à Derbent le corps de Savelief, dont il devait aussi
prendre le commandement. L ’armée passa la rivière Térek en avril
1796 , .et is’avança jusqu’à Derbent en longeant la Caspienne. Forte
alors de trente à trente-cinq mille hommes; elle s’empara facilement
dp quelques ouvrages avancés f, et menaça le khan d’un assaut général
s’il ne ljvrait la ville. Le khan ouvrit les portes et se rendit
prisonnier.
Les Russes occupèrent Derbent, y mirent garnison, et marchèrent
sur Bakou en suivant le rivage de la mer.
Dans ie même tems, une flotte sur laquelle étaient quatre mille
hommes de débarquement, vint menacer le Guilan, et établir son
quartier-général à l’île Sara, située à quelques Ueues des côtes, entre
Enseli et Bakou. Elle fit, dans le courant de l’é té, quelques tentatives
pour s’emparer d’Ense li, ville et port à quelques lieues de
Reicht, mais elle fut repoussée ; elle revint à Sara sans avoir entrepris
autre chose.
* Le comte Yalerien Soubof n’éprouva aucune résistance dans sa
marche. Toutes les villes, bourgs et villages qui Se trouvèrent sur
sa route , lui ouvrirent les portes. Bakou se rendit a la première
sommation qui lui fut faite par un corps de six mille hommes que
le général y avait envoyé. Les Russes occupèrent la v ille , et n’inquiétèrent
ni le gouverneur ni les habitans.
Vers la fin de ju in , les chaleurs qui se faisaient déjà vivement
sentir, déterminèrent le général à faire camper l’armee sur les montagnes
qui se trouvent à dix ou douze lieues des côtes ; il choisit à
cet effet une vallée fraîche, agréable, située près des sources de
YAtchdi, ruisseau qui se jette dans la Caspienne à douze lieues au
,nord-ouest de Bakou.
Soubof quitta son camp vers la fin d’août, et s’avança jusqu’au
vieux Chamaki, où il passa le reste de l’été. Mais dès que les chaleurs
'furent passées, c’est-à-dire ? à la fin d’octobre ? il vint se présenter
devant le nouveau Chamaki, situé hors des montagnes, à cinq
ou six lieues de l’autre. Le khan se sauva, et les Russes occupèrent
la ville.
Le comte Valerien Soubof détacha un. corps de troupes aux
ordres du lieutenant-général K orsakof, pour s emjjarer de Candjea
e t occuper la Géorgie, en remontant leK u r jusqu a Tiflis. L armee,
se dirigeant au sud, vint camper sur la rive gauche du fleuv e, à
douze ‘ lieues de son embouchure* : l’avant-garde passa le fleuve,
et se trouvaïdans leMogan, au même lieu où Nadir-Chah, en 1735,
avait été proclamé roi par tous les* députés de la nation.
Les troupes étaient campées, e t elles attendaient le retour de la