moins sensibles que les autres, ne rentrèrent pas de trois mois dans
la ville.
* Ce tremblement de terre eut lieu le 2.6 avril 1796, à neuf heures
quelques minutes du matin. La mer était alors parfaitement calme :
il n’y- avait pas dans Pair le moindre v en t, la moindre agitation;
le 'c ie l était un peu embrumé , et le soleil se montrait pâle : on
eût dit que cet astre et tons les élémeris étaient attentifs, ou allaient
prendre part à la scène effroyable qui devait avoir lieu. Elle fut
précédée d’un bruit souterrain, assez fort pour empêcher d’entendre
celui de la chute des maisons , ou pour mieux dire ; ces
deux bruits eurent lieu presqu’au même instant ; ils se confondirent,
et ne donnèrent à personne le tems de se sauver. La chute
des maisons fut si prompte , que ceux-là mêmes qui habitaient
le rez’ de chaussée, et qui se trouvaient debout, ne "purent arriver
jusqu’au seuil de la porte. La douane du tabac, située vers
le port, édifice très-considérable et très-solidement bâti, s’écroula
tout entier et si subitement, que personne ne s’en sauva : l’a ga,
ses officiers et quatre cents’ ouvriers y perdirent la vie. .
La première secousse , qui fut la plus tèrriblè , et qui fut celle
qui renversa-les maisons , souleva le sol de plusieurs toises ; les
autres-lurent horizontales, et parurent se diriger de la terre à la
mer, ou de l’est à l’ouest ; elles durèrent près d’une minute, en
diminuant de force depuis la première jusqu’à la dernière. .
. 5 L a S y r ie , comme on s a it , a toujours-été exposée aux trem-
blèmens de terre/ La plupart des villes de l’antiquité,, telles que
Sidoh, Bérite, Césarée, Antioche, ont été renversées ou fortement
endommagées par cette cause ; et de nos jours il n’est guère
d-années ou l’on n’en ressente de plus ou moins forts dans quelques
parties de cette vaste contrée. Dans le mois de décembre
1795, à deux heures dix minutes de l’après-midi , il y en eut un
à Alep , assez fort pour endommager beaucoup de maisons : celle
que nous habitions , fût lésardée en plusieurs endroits. Il y eut
deux secousses ; la première fût moins forte que la seconde, et
celle-ci succéda rapidement à l’autre; la direction nous parut être
du nord au sud,
Nous
Nous étions dans ce moment dix,personnes à table chez le proconsul
: par un mouvement spontané nous fûmes sur p ied , ét
nous nous trouvâmes tous sur une terrasse qui était à côté de
la salle à manger , avant d’avoir pu réfléchir à ce que nous faisions.
Comme ces deux secousses n’eurent pas de suite, nous
rîmes de notre frayeur machinale, et nous vînmes continuer notre
dîner.
Tome I I I . O o o